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La problématique de l'accès aux antirétroviraux... - Sidwaya - Burkina Faso - 12/12/01
La salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) a abrité une conférence sur l'accès aux soins et aux traitements du VIH/Sida en Afrique. Organisée par l'OMS, cette conférence était coprédidée par Antoine Kaboré, directeur des transmissions maladies OMS-Afrique Peter Piot, directeur exécutif de l'ONUSIDA et Awa Marie Coll Seck, ministre de la Santé du Sénégal. C'était lundi 10 décembre dernier.

"Où situer les priorités dans la lutte contre le Sida et les IST ?" C'est la question fondamentale que s'est posée Peter Piot directeur exécutif de l'ONUSIDA en introduisant les exposés de la conférence. Pour ce dernier, les priorités doivent s'annoncer par l'augmentation de l'appui aux pays pauvres subissant de plein fouet la pandémie du Sida par un renforcement des efforts dans le domaine de la lutte contre ce mal. Il serait, en outre, important pour chaque pays de définir les normes de prise en charge et de développer des efforts comme au Botswana qui, à partir de ses ressources propres, se mobilise afin de combattre le Sida.

Une régulation du marché pharmaceutique (où l'âpreté du gain a conduit à une sauvagerie commerciale) serait très bénéfique pour les pays africains. A partir de l'exemple de quatre (4) pays Africains (Ouganda, Sénégal, Mali, Gabon), les assistants à la conférence ont été édifiés sur l'approche des Africains quant à l'accès aux antirétroviraux (ARV). La situation dans ces pays est identique dans leur approche fondamentale en matière de politique d'approvisionnement et de soins aux patients vivant avec le VIH. En Ouganda, les défis contre le Sida demeurent pour l'essentiel des approvisionnements réguliers en ARV aux malades déjà ciblés et des efforts à développer pour décentraliser les soins insuffisants à des malades dont le nombre ne cesse de grandir.

Au Sénégal, le docteur Ibrahim N'Doye reconnaîtra que le taux de séroprévalence s'est stabilisé à 1,4 %, donnant ainsi une population de 80 000 personnes vivant avec le VIH. Après négociations, la prise en charge des malades est passée de 12 000 dollars US à 1 000 dollars et 3 500 personnes sont sous traitement ARV avec un taux de décès de 8,5 %. Avec l'engagement de nouveaux partenaires dans le cadre du programme multisectoriel de lutte contre le Sida, un budget d'un milliard de FCFA a été alloué à cet effet pour l'an 2002. L'expérience gabonaise est assez récente même si Libreville connaît un taux de séroprévalence de 7,2 %.

Cependant, des propositions d'arrêtés pour la mise sur pied de comités sont en chantier et un fonds d'un milliard de FCFA permet de "voir venir". Ce fonds prend en charge gratuitement les étudiants, chômeurs, indigents et retraités. Moins de 3 % de séroprévalence, telle est la situation vécue au Mali de nos jours. Avec 130 000 personnes vivant avec le VIH, ce pays offre des soins en ARV à 90 000 FCFA pour une contribution des patients à hauteur de 50 %. Les défis pour ce pays sont la formation (de type vertical) pour les agents de santé et l'implication des personnes vivant avec le VIH dans la lutte contre le fléau. Marie Mendene du Cameroun est une personne vivant avec le VIH. De son témoignage, il est ressorti que l'accès aux traitements des malades est un droit au même titre que les droits de l'homme.

Le constat de Marie Mendene est amer : "L'argent alloué pour la lutte contre le Sida est mal géré et s'engloutit dans des programmes difficilement quantifiables". "Quelle est la finalité des conférences", se demanda-t-elle tout en ajoutant "qu'une réduction des fonds alloués à ces conférences permettra de s'occuper des cas concrets des malades du Sida". Au Cameroun, Mme Marie travaille dans une société d'électricité où les malades du Sida sont pris en charge gratuitement. Elle déplore cependant la réticence de certains malades qui refusent le traitement pour des raisons de croyances jugées rétrogrades. Le tableau demeure sombre en Afrique en matière d'accès aux antirétroviraux (ARV) même s'il faut noter certaines éclaircies çà et là. La conjugaison des efforts doit se renforcer, se pérenniser et tendre exclusivement vers une prise en charge sans calcul des malades du Sida. Fernando GUETABAMBA

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