La
XIIIe CISMA de Nairobi se penchera sur l’accès aux soins et aux
médicaments - Le soleil - Sénégal - 13/12/01
Ouagadougou a passé, hier, le relais à Nairobi,
la capitale du Kenya, qui abritera, en 2003, la XIIIe Conférence
internationale sur le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles
(CISMA). Le thème retenu est : “accès aux soins et aux traitements
: les défis auxquels nous devons faire face”.
On
peut dire que la prochaine CISMA s’inscrira dans la dynamique enclenchée
à Ouagadougou. En effet, les travaux de la XIIe CISMA ont montré
la détermination des Africains à combattre les maladies, mais aussi
à offrir des soins et des médicaments aux millions d’Africains malades
du SIDA ou vivant avec le virus. Le thème de la XIIIe CISMA est,
sous ce rapport, un signal fort lancé à tous ceux qui peuvent aider
à concrétiser cette légitime revendication. Dans son allocution
de clôture des travaux de la XIIe CISMA, le Premier ministre burkinabè,
M. Paramanga Ernest Yonli, a souhaité que “les différentes résolutions
et recommandations (…) soient traduites en plans d’action et que
leur mise en œuvre soit assurée rapidement pour prendre en compte
les aspirations exprimées ici même par les communautés à l’ouverture
de la conférence”.
En
tirant le bilan de la conférence, le Pr. Robert Soudré, président
de la XIIe CISMA, a mis en exergue quelques points forts des discussions
dans les séances plénières, des communications orales, etc. Il a
été noté “une stabilisation de l’épidémie” mais, selon lui, “cela
ne doit pas être une source de déconcentration”. Les gouvernements
sont désormais plus engagés dans la lutte contre la maladie qui
se mène maintenant à travers une approche pluridisciplinaire. Le
dépistage volontaire n’est pas encore accepté par la grande majorité
des populations. La complexité du processus de changements des comportements
a été également relevée. On note, a déclaré le Pr. Soudré, une “lassitude
des utilisateurs des prévervatifs, même au sein des couples séropositifs”.
Que
retenir maintenant de ces échanges qui se sont déroulés à la CISMA
de Ouagadou, depuis dimanche dernier, entre experts, représentants
des communautés, scientifiques, responsables de programmes, personnes
vivant avec le VIH ou affectées par la maladie, etc. ?
Sur
ce chapitre, le Pr. Soudré a souligné “l’implication quasi indispensable
des associations communautaires”, “les approches novatrices qui
vont renforcer la lutte”, “le traitement par les antirétroviraux
qui a beaucoup évolué”, etc. Il a aussi affirmé que la “prévention
par les vaccins reste une préoccupation”. Plusieurs “pistes de recherche
existent, mais elles sont encore émaillées de difficultés”. Pour
le président du comité d’organisation, il ne fait aucun doute que
“l’espoir est permis”. Il base son optimisme sur “le renforcement
de la sensibilisation du public qui doit aller de pair avec la “responsabilisation
de la jeunesse”. Le Pr. Soudré constate également, pour s’en féliciter,
que la mobilisation des ressources se renforce. A ce sujet, il a
cité l’exemple de la Banque mondiale qui a fait de la lutte contre
le SIDA une priorité.
Parmi
les attentes de ceux qui sont les acteurs de la CISMA et de la lutte
contre le SIDA sur le terrain, on peut, entre autres, retenir celles
des communautés auxquelles cette XIIe CISMA était justement destinée.
Ces communautés, a déclaré le Pr. Soudré, veulent que l’on rende
disponibles et accessibles les médicaments. Elles demandent aussi
la prise en charge des personnes vivant avec le VIH et la formulation
de politiques claires, etc.
Une
des recommandations de la CISMA de Ouagadougou demande, enfin, de
trouver des vaccins “dans les plus brefs délais”, l’accentuation
de la lutte contre le SIDA et l’augmentation des ressources allouées
à cette lutte. Au nom de la société africaine des femmes face au
SIDA (SWAA), le Pr. Charlotte Faty Ndiaye, sa présidente internationale,
a réaffirmé la volonté des communautés à engager et à gagner la
lutte contre le SIDA. “Nous sommes déterminées, a-t-elle dit, à
offrir à nos enfants un monde sans “cette maladie”.
Le Pr. Soyinka, vice-président de la Société africaine anti-SIDA
a, lui, déclaré qu’à chaque CISMA, les leçons apprises permettent
d’accentuer la lutte. Il a annoncé qu’une réflexion est engagée
pour redéfinir le rôle des différents partenaires dans l’organisation
de la conférence internationale sur le SIDA et les maladies sexuellement
transmissibles en Afrique.
Le
représentant du secrétaire général de l’ONU, M. Stephen Lewis, a
captivé l’attention de la salle en faisant un vibrant plaidoyer
pour que le Nord, riche et développé, alloue davantage de ressources
à l’Afrique, pauvre et malade, qui a besoin de cinq milliards de
dollars US par an pour lutter contre le virus du SIDA et ses conséquences.
En
prenant la parole, la Directrice du Conseil national de la lutte
contre le SIDA au Kenya a dit sa fierté de voir son pays prendre
le relais de Ouagadougou. Au Kenya, la maladie, qui tue quelque
700 (sept cents) personnes par jour, est considérée, par une loi,
comme “une catastrophe nationale”. Une autre loi, a-t-elle dit,
a été modifiée pour faciliter l’importation des ARV à moindre coût.
La
XIIe CISMA a pris fin. Nairobi sera le prochain rendez-vous, mais
avant la conférence de Nairobi, il faudra aller, en juin 2002, à
Barcelone, en Espagne, où se tiendra la prochaine conférence mondiale
sur le SIDA. DE NOTRE ENVOYE SPECIAL EL BACHIR SOW
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=9890&index__edition=9465
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