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Sidwaya | Burkina Faso | 02/09/2006 | Lire l'article original
80% de la population fréquente les tradipraticiens pour des besoins en santé tandis que seulement 35% de cette même population a recours à la médecine moderne. Des patients vont jusqu’à associer pharmacopée et médecine moderne sans se soucier de l’impact de l’une sur l’autre. Ignorance ou mépris ? Est-on tenté de se demander. C’est face à une telle situation que la 4e Journée africaine de la médecine traditionnelle a eu pour thème : «Intensification de la collaboration entre les tradipraticiens et les acteurs de la médecine conventionnelle».
Un thème qui se justifie par le fait que la médecine traditionnelle ne peut se développer sans la contribution des médecins, selon le Professeur Jean-Baptiste Nikièma, un expert de l’OMS, agrégé en pharmocognosie. Un thème qui rappelle également la complexité de la médecine traditionnelle, compte tenu des effets souvent positifs mais parfois négatifs que peuvent avoir les plantes médicinales sur la santé des populations. Ces plantes peuvent guérir ou intoxiquer en fonction de la préparation, du dosage et de l’usage que l’on en fait, une fois associées au traitement moderne. Il arrive même qu’un traitement moderne en cours soit neutralisé ou rendu efficace.
Que faire alors lorsque l’on sait que la plupart de la population associe généralement les deux traitements ? Une solution s’impose : intégrer la pharmacopée dans le système sanitaire, en s’appuyant sur la contribution des médecins. Cela nécessite que les deux groupes d’acteurs travaillent main dans la main de sorte que le tradipraticien fasse recours au médecin face aux maladies devant lesquelles il est impuissant et vice-versa. Cette collaboration sera bientôt matérialisée par la construction d’un centre à Tenkodogo.
Tenir compte des compétences des tradipraticiens
Au-delà de la collaboration souvent rendue difficile par l’analphabétisme de certains tradipraticiens, les médecins reconnaissent la valeur de la pharmacopée. La preuve est que de nombreux produits traditionnels se vendant maintenant en pharmacie se révèlent très efficaces. Entre autres, dribala, say-say, les produits contre la drépanocytose, une maladie qui n’existe pas chez les Européens. Cette maladie héréditaire a, pendant longtemps, emporté beaucoup d’Africains. Et comme le pense le docteur Nikièma, on ne pouvait pas demander aux Européens de travailler à éradiquer un mal dont ils ne sont pas victimes. Ils ont aussi leur priorité.
C’était donc nécessaire que les Africains eux-mêmes trouvent le remède à leur mal, grâce aux plantes dont dispose le continent noir. Aussi le directeur général des pharmacopées, du laboratoire, du médicament et de la médecine traditionnelle, Dr Mahamoudou Compaoré, recommande-t-il de connaître les plantes et leurs noms. «Il y a des plantes qui portent bonheur en éloignant les mauvais esprits et c’est bien de les avoir dans sa maison. Il y en a qui soignent mais il y a des plantes nuisibles et dangereuses. A chacun de faire l’effort de les connaître», dit-il. Le représentant des tradipraticiens, M. Bakary Traoré, lui, a affirmé que : «Nos ancêtres ont toujours utilisé la pharmacopée pour se soigner. Merci d’honorer nos pratiques traditionnelles».
Il a, par ailleurs, souligné que les tradipraticiens sont disposés à une collaboration voire une fusion avec les médecins. En prélude à cette «fusion», une rencontre de concertation entre tradipraticiens et médecins a eu lieu le 30 août à Tenkodogo, où ils ont fait le point de la situation de la pharmacopée dans les différentes régions du Burkina. Ils se sont aussi penchés sur la déforestation, l’exploitation de la flore à des fins de soins curatifs. Auparavant, les 28 et 29 août, les tradipraticiens ont été formés aux techniques de récolte, de conservation et de séchage des plantes. Quoi de plus normal que le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS), M. Paré Joseph, président de la cérémonie, ait soutenu que : «Notre médecine traditionnelle, à l’image de celle d’Asie ou d’Amérique, est une ressource à préserver».
Aimée Florentine KABORE
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