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Le front | Côte d'Ivoire | 07/09/2006 | Lire l'article original
En effet, les méfaits des produits toxiques sur l’organisme sont nombreux, comme l’a souligné le Pr Pedro Borges, directeur de l’institut clinique AMI, situé aux II Plateaux, les Vallons. Selon les premières analyses de laboratoire, les liquides toxiques déchargés du ‘’Probo Koala’’ contiennent des agents organochlorés, de la soude caustique, du mercaptan et de l’hydrogène sulfuré. Selon le Pr Borges, l’hydrogène sulfuré qui fait partie de la famille des hydres, est un produit très volatile, qui se répand très rapidement. Cette diffusion est accélérée par la chaleur et les vents. Si la pluie se déverse sur ce produit, explique le Pr Borges, cela crée l’apparition d’autres gaz toxiques.
Effets sur les poumons
Les gaz produits par l’hydrogène sulfuré se fixent sur les bronches et créent des lésions. Ces lésions vont entraîner des infections. Par ailleurs, la descente des produits toxiques dans les alvéoles va entraîner leur destruction. Ce qui va, souligne le Pr Borges, conduire à des troubles dans les échanges gazeux. Notamment entre l’air oxygène qu’on inspire et l’anhydride carbonique, contenu dans les capillaires du poumon. Ce phénomène, dit-il, va empêcher l’oxygénation de l’hémoglobine, indispensable au fonctionnement de l’organisme.
Ensuite, le produit sulfureux va se lier à l’hémoglobine, pour donner naissance au surfohémoglobine, qui perturbe la respiration des tissus. A ce stade, dit le spécialiste, l’intoxication va conduire à la mort du patient, par asphyxie des tissus qui ne peuvent plus recevoir l’oxygène et qui ne peuvent plus se libérer de l’anhydride carbonique produit par le métabolisme cellulaire. A cela, il faut ajouter une autre réaction : la méthémoglobine, qui résulte de l’accumulation de la carboxyhémoglobine. Ceci, parce que l’anhydride carbonique ne peut plus se libérer à travers les alvéoles. L’autre problème, est que, une fois que l’hémoglobine fixe l’hydrogène sulfureux, il lui est difficile de s’en libérer, dit le Pr Borges.
D’autres effets
L’hydrogène sulfureux touche plusieurs organes de l’organisme à plus ou moins long terme. Ces effets atteignent les reins, et peuvent à la longue entraîner une insuffisance rénale. Ils peuvent aussi arrêter le fonctionnement des systèmes qui, dans l’organisme, utilisent les enzymes comme le foie. Ils peuvent aussi entraîner le saignement des muqueuses comme le nez, par la destruction des parois des vaisseaux.
La soude caustique
Selon les explications du Pr Borges, la soude caustique, qui sert dans la fabrication du savon, et à déboucher les éviers et les toilettes, est un produit très corrosif. Quand il entre en contact avec la peau et des muqueuses, il provoque des brûlures. Elle entraîne au niveau de l’environnement, la dégradation des sols. Et modifie les constances physicochimiques de l’eau par le changement de l’acidité, et de la concentration du podium et du calcium. La soude caustique agit également sur les plantes, par la destruction des racines, ce qui aura pour conséquence l’atrophie desdites plantes.
Le mercaptan
C’est également un produit très toxique, dérivé du souffre. Sa toxicité dépend de son niveau de concentration. Il est caractérisé par son odeur fétide.
Les solutions
Pour le Pr Borges, on peut procéder, avec l’appui des institutions qui disposent de la technologie, par le recyclage des produits toxiques déversés à Abidjan. On peut, dit M.Borges, traiter ces produits afin d’accélérer leur dégradation et réduire ainsi leurs effets. Quand ce sont des produits solides, dit-il, on peut les récupérer et les stocker dans des conditions de sécurité en attendant leur recyclage. A long terme, l’infiltration des produits toxiques peut entraîner un déséquilibre de l’environnement et la biodiversité. Au chapitre des effets immédiats, les hommes et les animaux en souffrent actuellement.
Réaction du ministre de la Santé
Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Allah Kouadio Rémi, a visité, avant-hier, le centre hospitalier de Treichville et celui de Cocody pour constater les dégâts causés par les déchets toxiques. Ce sont au total 1500 personnes qui se sont déjà présentées dans les centres de santé. Selon le ministre, le président du comité interministériel, installé à cet effet et présidé par le ministre d’Etat Paul Antoine Bouhoun Bouabré , a rencontré les représentants de la communauté internationale pour leur demander de l’aide. L’assistance technique des pays industrialisés pourrait aider à centraliser les produits. En plus des centres de santé publics, les établissements sanitaires privés ont été mis à contribution, pour la prise en charge des personnes atteintes, qui est, a dit le ministre de la santé, gratuite.
Par ailleurs, des dispositions ont été prises pour la surveillance épidémiologique par l’Institut national d’hygiène publique (INHP). Aux directeurs des districts sanitaires, il a été demandé de créer des unités spéciales de prise en charge, rapide et gratuite des personnes présentant des signes.
Les symptômes présentés sont : les malaises, les céphalées, les migraines, la toux, l’irritation nasolaryngo pharyngée, les vertiges, les convulsions, les douleurs thoraciques. Au niveau du laboratoire national de la santé publique, les analyses des prélèvements de sang faits sur les intoxiqués en vue d’un dosage sont en cours. Pour ailleurs, des prélèvements sur les sites de déversement ont été envoyés à l’université de Paris XI pour analyse toxicologique, selon le service de communication du ministère de la Santé.
Il est recommandé à la population d’éviter de fréquenter les sites de déversement, d’empêcher les enfants de jouer à proximité, et d’éviter tout contact avec les produits dangereux. Une chose est certaine, il faut plus que des discours pour rassurer la population.
Calvin Wandji
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