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Revue de presse de Santé tropicale

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Pr. Thérèse N`Dri Yoman (Pca de l`Ong Aconda Vs) : “Les tradipraticiens refusent de mettre leurs produits à la disposition des scientifiques”

Le nouveau réveil | Côte d'Ivoire | 16/09/2006 | Lire l'article original

Aconda Vs est une Ong de lutte contre le Vih sida qui est sur le terrain depuis plusieurs années. Sa présidente du conseil d'administration, Pr. Thérèse N'Dri-Yoman fait dans cette interview le bilan de la lutte contre la pandémie, parle des relations des scientifiques avec les tradipraticiens dont certains prétendent guérir le mal. Le taux de prévalence est certes passé de 11% à 7,1%. Cependant, prévient-elle "Le nombre de nouvelles contaminations reste élevé".

Vous êtes la présidente de l'Ong Aconda VS spécialisée dans la lutte contre le Vih/Sida. Quelle est aujourd'hui la situation du sida sur le terrain en Côte d'Ivoire ?
Merci beaucoup de me donner la parole pour parler de la situation du Vih/Sida en Côte d'Ivoire en tant que technicienne sur le terrain. Le leitmotiv de l'Ong Aconda VS dont je suis la présidente du conseil d'administration (PCA), c'est la lutte contre le Vih/Sida, une affaire de tous. Pour mettre en application cette lutte, nous avons notre devise qui est "la réflexion au service de la nation". Aujourd'hui, le Vih/Sida reste une pandémie. C'est-à-dire au niveau mondial, l'incidence reste toujours élevée et singulièrement en Côte d'Ivoire. L'Onu/Sida a donné le chiffre de prévalence qui est de 7,1%. Donc on a une légère baisse du taux de prévalence qui était autour de 11% en Côte d'Ivoire. Néanmoins, ces chiffres sont alarmants. Nous avons environ 570.000 personnes qui vivent avec le Vih/Sida. Dont 530.000 adultes, des personnes ayant 16 ans et plus. Et puis 40.000 enfants. C'est d'autant plus préoccupant que la majorité des adultes est constituée de femmes. Vous avez plus de la moitié qui concerne les femmes. Et en langage médical, on dit que le sexe ratio, c'est-à-dire le rapport entre l'homme et la femme est passé de 4,8 femmes pour un homme. C'est donc préoccupant.

Quelle est la situation des autres pays de la sous-région comparativement à celle de la Côte d'Ivoire ?
La Côte d'Ivoire reste le pays où la prévalence est la plus élevée dans la sous-région. C'est un pays carrefour qui a un essor économique. Il y a des migrations de populations qui font que la prévalence est très élevée. Il y a aussi des problèmes comportementaux. Le Vih/Sida a été déclaré depuis 1985. Mais, vous savez que le changement comportemental attendu n'est pas ce qu'on observe. Ce qui fait qu'il y a encore des comportements à risque. Notamment les rapports précoces, les partenaires multiples.

Vous avez dit que le taux de prévalence est de 7,1% actuellement, ce qui est toujours alarmant. Quelles sont les nouvelles mesures de lutte et de prévention contre le Vih pour faire baisser le taux ?
Aujourd'hui, l'accent doit être mis sur la prévention. On constate que le nombre de nouvelles contaminations reste élevé. Cela veut dire qu'il faut mettre l'accent sur la prévention chez les populations jeunes, les adolescents en milieu scolaire. Il faut favoriser l'usage des préservatifs. On avait essayé de promouvoir l'abstinence. Mais c'est trop subjectif. Par contre, promouvoir l'utilisation des préservatifs, c'est quelque chose sur lequel on peut mieux agir. Tous les programmes de prévention se font dans le sens de l'utilisation des préservatifs. Si chez les hommes, c'est très développé, ce n'est pas le cas chez les femmes. On a essayé de promouvoir le préservatif féminin. Mais la présentation de ce préservatif et son utilisation sont un peu difficiles. Ce qui a fait qu'il n'a pas été suffisamment vulgarisé. Aujourd'hui, la tendance est de vouloir faire des recherches pour améliorer la présentation du préservatif féminin. Et augmenter son utilisation chez les femmes. On souhaite également aller plus loin avec les femmes. Qu'elles aient une certaine autonomie pour pouvoir agir sur la démarche sexuelle. Parce que pour le moment, elles sont passives. Dans les foyers, ce sont les hommes qui décident. On souhaiterait donc donner suffisamment de connaissances aux femmes pour qu'elles puissent intervenir sur l'option des rapports qu'elles souhaiteraient avoir avec leur mari.

Est-ce qu'il y a espoir que la médecine moderne puisse trouver un remède contre le Vih/Sida ?
Par rapport à la prévention, la médecine montre encore des limites. Mais il y a quand même quelques espoirs. L'accent est mis aujourd'hui sur la recherche concernant les microbicides, des produits capables de tuer le virus dans les secrétions sexuelles. C'est donc la femme qui va utiliser ces microbicides. Si elle a des rapports contaminants, on peut arriver à bout du virus. La recherche est aujourd'hui approfondie sur les produits qui peuvent être suffisamment efficaces sur le virus.

Où en est-on avec cette recherche ?
On est passé de la phase 2 à la phase 3. C'est ce qui est en train d'être pratiqué dans certains pays, notamment en Afrique du Sud. Au Cameroun, les recherches sont en cours. Les premiers résultats vont être publiés en 2007 et 2008. Nous sommes en expérimentation. Il y a un leader d'opinion qui a fait de cette recherche sur les microbicides son point d'action. C'est Bill Gate et sa femme Melinda Gate. Il y a aussi la vaccination pour laquelle on fait encore des recherches. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut mettre beaucoup de moyens pour trouver un vaccin.

Il y a des tradipraticiens africains qui soutiennent guérir le Sida. Vous en tant que médecin, qu'est ce que vous en pensez ?
En tant que médecin, je dis que toutes les bonnes volontés sont les bienvenues en matière de Vih/Sida, de recherche et de traitement. Les tradipraticiens disent qu'ils ont des produits qui peuvent guérir la maladie. On ne peut pas discuter sur cette affirmation. Mais nous sommes dans un domaine universel où il faut des preuves. Si le produit est efficace, il y a des manières de le démontrer. Si cela est démontré, nous Africains, nous allons utiliser ces médicaments. Malheureusement, l'obstacle qu'on rencontre avec les tradipraticiens, c'est qu'ils ne veulent pas mettre à la disposition des scientifiques leurs produits pour que nous observions les critères scientifiques qui permettent de démontrer qu'un produit est efficace. Pour le Vih/Sida, on a deux variantes, le taux de CD4, le nombre de cellules qui permettent de lutter contre les maladies qui entraînent le décès chez le sidéen et puis la disparition du virus que nous appelons la charge virale. Donc si un médicament est efficace, on fait le dosage de ces deux éléments au départ. On a un certain chiffre et on donne le traitement sur la période indiquée. Et on fait un contrôle. Si le médicament est efficace, soit la charge virale diminue jusqu'à devenir indétectable, c'est-à-dire qu'on ne peut plus le retrouver dans le sang. Soit les CD4 montent. Si le médicament montre ces deux effets, on peut dire que la médecine traditionnelle est efficace et on peut l'administrer aux malades. Mais tant qu'on n'a pas de preuve, on ne peut pas scientifiquement administrer le produit à des patients. Le scientifique doit connaître la nature du produit, ses effets secondaires.

Est-ce que vous avez déjà eu des cas de malade du Sida qui ont été traités par des tradipraticiens et qui après le test ont été déclarés négatifs ?
Je n'ai pas l'expérience de malades que nous avons suivis et qui sont allés voir des tradipraticiens et qui sont revenus nous dire qu'ils ont été guéris. C'est l'inverse que nous avons observé. Nous avons observé que des patients ont arrêté les traitements parce qu'ils les trouvaient trop lourds, qu'ils avaient des effets secondaires, ils sont allés chez les tradipraticiens. Et puis ils nous reviennent dans des situations plus graves dont l'issue est parfois fatale. Peut-être qu'il y a d'autres praticiens qui ont connaissance de patients guéris par tradithérapie. Mais moi, je n'ai pas encore vu de cas pareil.

Vous étiez tout récemment à un congrès mondial à Toronto sur le sida. Qu'est-ce qu'on peut retenir, quelles ont été les résolutions ?
Le congrès mondial du sida qui s'est tenu à Toronto du 13 au 18 août 2006 avait pour thème : "Passons aux actes". On a assez discuté, traîné, fait de promesses : "Passons aux actes". C'était pour tenir les engagements. Il fallait qu'on tienne nos engagements aux plans scientifique et financier, de la prévention, du traitement. Le traitement du Vih nécessite beaucoup d'argent. Beaucoup de promesses ont été faites mais les résultats escomptés sont loin des espérances. Il a été décidé de passer aux actes, de donner le maximum de traitement, le meilleur traitement au maximum de malades. C'est le point fort de la conférence. En outre, la conférence a insisté sur le leadership. La conférence souhaite qu'il y ait de nouveaux leaders dans la lutte contre le Vih-Sida, des personnes crédibles qui participent vraiment à la campagne. En proposant de nouveaux leaders, la mobilisation des ressources va s'accélérer. Les personnes clé qui étaient à la conférence, c'étaient Bill Gate, Melinda Gate, Bill Clinton. Ils étaient là et ils ont participé à la conférence pour galvaniser les personnes présentes. On a aussi mis l'accent sur la prévention. La prévention chez les jeunes et la prévention en passant par les femmes. Ils ont souhaité qu'il y ait un leadership féminin dans la lutte, pour que les femmes fassent entendre leur voix. Ce sont ces deux éléments, le leadership des jeunes et le leadership féminin avec une participation effective de ces deux groupes qui vont permettre de booster toutes nos actions de lutte contre le Vih-Sida.

Quelle stratégie de lutte a été mise en place par les participants de l'Afrique, continent le plus affecté ?
L'Afrique reste le continent le plus touché puisque sur 40 millions de personnes touchées par le Vih, 24,5 millions sont en Afrique avec une mortalité importante. Il faut aussi dire que l'Europe de l'est aujourd'hui commence à être touchée. Ce qu'on a retenu pour l'Afrique, c'est qu'il faut mettre l'accent sur le traitement pour tous. La stratégie qui a été développée, c'est que tous les Africains qui ont besoin d'un traitement puissent l'obtenir parce qu'il a été démontré que l'observance est très bonne. Près de 77% de taux d'observance. Il n'y a donc plus de raison pour dire que l'Africain n'aime pas prendre les médicaments à longue échéance et qu'il n'est pas indiqué de lui proposer de traitement antirétroviral. Tout le monde a dit qu'il faut aussi supprimer cette notion d'afro-pessimisme. L'Afrique doit être mise au même rang que les autres continents concernant le Vih-Sida. Tout ce que j'ai dit : le renforcement de la lutte, le passage à échelles pour le traitement, l'Afrique est mise au premier plan. Cela veut dire qu'à partir de 2006, tous les efforts doivent être faits pour qu'en 2008, au congrès mondial de 2008, on puisse dire que tous les Africains qui ont besoin d'un traitement et qui sont éligibles ont reçu les antirétroviraux. Donc la mobilisation des ressources va bénéficier principalement au continent africain. Pour qu'il n'y ait plus cette discrimination liée à la race.

En Côte d'Ivoire, est-ce que l'accès aux médicaments est facile pour les malades ? Combien coûte le traitement ?
D'abord au niveau mondial, ils ont souhaité la gratuité. Si le traitement est subventionné, il faut qu'on le donne aux malades. Il ne faudrait plus qu'il y ait de facteurs liés aux finances, aux ressources financières qui empêchent un malade d'avoir des médicaments. En Côte d'Ivoire, nous avons pris une option. A l'époque le traitement coûtait au moins 100.000frs par mois selon les molécules. Avec la subvention, le gouvernement à l'époque avait demandé à chaque personne touchée qui est éligible au traitement de payer 5000 Frs par trimestre. Vu les difficultés même de recouvrer ce montant, on est passé à 3000 Frs. Aujourd'hui c'est 3000 Frs par trimestre. Il n'y a pas que les antirétroviraux qui forment le traitement du Vih. Les antirétroviraux c'est pour le virus, pour remonter l'immunité. Mais il y a toutes les affections opportunistes comme les infections pulmonaires, que le patient peut avoir. On a dit qu'une ordonnance avec un minimum de trois traitements que les antifongites, les antibactériens, les antidiarrhéiques doivent coûter 500 Frs. On a essayé de minimiser le coût des médicaments. On a fait ça pour ne pas que les gens vendent les médicaments. Pour que le patient qui vient parce qu'il a besoin de médicaments, on lui prescrive une ordonnance. On ne souhaite pas qu'il aille revendre ses médicaments. Il faut qu'il contribue un peu pour comprendre qu'il y a un effort qui est fait de la part du monde entier mais que lui aussi doit faire un effort pour bien comprendre l'utilité de ce geste. Vous savez que quand on a tout gratuitement, on a tendance à banaliser. Quand il contribue un peu, on pense que ça améliore l'observant. Sinon l'idéal aurait été que ce soit gratuit

Quelle action forte faut-il engager en Côte d'Ivoire pour avoir de bons résultats au niveau de la prévention et de la lutte contre le mal ?
Au niveau de la Côte d'Ivoire, si nous voulons avoir effectivement des résultats probants, il faut qu'on évite la stigmatisation. C'est cette stigmatisation qui est trop forte qui fait que les gens ont peur d'aller se déclarer. C'est un effort de toute la population. Quand vous avez un conjoint, un parent qui est malade, quand vous détectez des signes, il faut l'encourager à aller consulter. Il faut aussi faire la promotion de comportement positif chez les jeunes. Il faut leur faire comprendre que l'usage du préservatif pour eux, c'est la survie. Il ne faut pas dire aux jeunes que la maladie n'existe pas ou qu'ils sont suffisamment forts pour y résister. Ce n'est pas vrai. Je crois que l'effort doit se faire à tous les niveaux. Au niveau des professionnels de la santé, de la population, des gouvernants. Aujourd'hui nous avons des fonds qui viennent de l'extérieur. Les Etats aussi font des efforts mais ce n'est pas suffisant. Il faut que les gouvernants aident vraiment leur peuple. Il faut qu'ils mettent des ressources à la portée des personnes de bonne volonté qui luttent contre le Vih-Sida parce qu'il faut toujours attendre l'argent venir de l'extérieur avec toutes les conditions, les difficultés qui tendent à nous décourager. Au demeurant, je souhaiterais qu'il y ait des leaders africains. Nous avons vu des leaders américains. Peut-être qu'il y a des leaders européens mais on n'a pas de leaders africains. Il faut que ce leadership soit aussi porté par des personnalités africaines.

Interview réalisée par André Silver Konan et Paul Koffi

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