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Revue de presse de Santé tropicale

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“1000 nouveaux cas de lèpre ont été dépistés en 2005”

Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 31/01/2006 | Lire l'article original

Dr Ernest Zotoua, directeur coordonnateur du programme national d’élimination de la lèpre

M. le Coordonnateur national, on parle de 1000 nouveaux cas jamais dépistés. Toutefois, on constate que la maladie a quelque peu reculé. Quelle est la politique nationale pour parvenir à l'élimination ?

Comme vous l'avez constaté, nous sommes sur la bonne voie pour l’élimination de la lèpre. Dans les années 1960, nous avions 120.000 cas. En 1988, nous avions près de 26.000, mais surtout avec une prévalence qui était évaluée à 22 malades pour 10.000 habitants. C'est l'indicateur principal. Avec la volonté affichée par les autorités politiques, surtout au plus haut niveau, de même qu'avec la participation des acteurs, surtout des partenaires, cet effort conjugué a abouti à l'atteinte d'un objectif, à savoir atteindre moins de 1 cas pour 10.000 habitants en 2001. Ainsi, au bout de treize ans, nous avons atteint le seuil de l'élimination de la lèpre, tel que recommandé par l'Organisation mondiale de la santé. Il faut dire que nous devons ces efforts, certes à la politique nationale, mais aussi aux partenaires tels les associations, française et ivoirienne, Raoul Follereau, l’Oms.
Malheureusement, à partir de 2002, la crise est intervenue.

Du fait de la crise, certaines zones sont aujourd'hui inaccessibles. En plus, d'autres sont reculées. Comment comptez-vous parvenir à couvrir ces zones ?
La situation est difficile, mais notre rôle est d'aller sur le terrain pour superviser les agents de santé qui y travaillent, dans le cadre de cette maladie. Afin qu'ils puissent faire la sensibilisation localement. Au niveau central, il n'est pas facile que nous organisions des campagnes de sensibilisation de masse. Ce que nous faisons dans ce cas, c'est d'insister auprès des chefs de districts pour qu'ils aident à mener cette activité de sensibilisation. Nous étions bien partis comme je vous le disais tantôt en 2001, avec l'élimination de la maladie au plan national. La deuxième étape consistait maintenant à nous tourner vers l'intérieur du pays, quand nous nous sommes aperçus que 11 districts sanitaires n'avaient pas éliminé la maladie. Il s'agit de 6 en zone du sud et 5 au nord et à l'ouest. Finalement, la guerre est venue provoquer une désorganisation de tout le système de santé.

Finalement vous n'avez pas pu travailler ?
En 2002, les activités ont été ralenties. Mais à partir de 2003-2004 et 2005, il y a eu quand même une reprise de nos activités dans ces zones, même si elle est encore timide. En ce qui concerne les zones reculées, nous avons découvert en 2005, plus de 1000 cas jamais traités.

Comment s'est fait cette découverte ?
Soit par le dépistage passif, c'est-à-dire par le fait de malades qui se rendent eux-mêmes au centre de santé, soit en stratégie avancée, quand nous allons vers eux.
Dans notre sensibilisation, nous disons que la lèpre est une maladie facile à éliminer, voire à éradiquer parce qu'elle est facile à diagnostiquer. On n'a pas besoin d'aller en laboratoire pour faire des analyses avant de reconnaître la maladie, dans 80% des cas. En plus, le traitement existe et il est gratuit. Contrairement à une maladie comme le paludisme, dont le traitement existe certes, mais il est payant. Ce qui nous reste à faire, c'est d'insister sur la sensibilisation et le dépistage actif pour réduire le nombre de cas.

On sait que certains agents de santé rechignent parfois à s'intéresser aux maladies comme la lèpre. Est-ce que vous disposez de personnel qualifié et suffisant ?
Il est vrai qu'il y a une insuffisance de spécialistes dans la matière, mais pour arriver à éliminer la lèpre, on n'a pas besoin que tout le personnel soit spécialiste. Il faut un minimum de formation continue et c'est le rôle du programme national. C'est ce à quoi nous nous attelons, pour impliquer tout le personnel.

Combien de malades existe-t-il en Côte d'Ivoire ?
Au 31 décembre 2005, on a dénombré 1316 cas. Mais, il ne faut pas perdre de vue que nous n'avons pas la situation de 16 districts sanitaires.

On remarque aussi que certaines régions sont plus affectées que d'autres. Qu'est-ce qui explique ce déséquilibre ?
Il n'y a pas de raisons particulières. Ce que je peux dire, c'est que certains facteurs tels la promiscuité et le manque d'hygiène, de même que la pauvreté favorisent la contamination.

Quelle est la proportion d'enfants touchés ?
Les enfants ne sont pas particulièrement touchés. Quand on regarde la proportion, elle est sensiblement la même. A savoir, autour de 5%. Pour les femmes, le chiffre est de 38%. Il est vrai cependant que dans certaines localités on rencontre des enfants atteints de la lèpre.
Cette situation est due au fait que dans ces localités, on trouve la forme la plus grave, c'est-à-dire la forme multi bacillaire. C’est la forme qui contamine le plus. Et comme souvent la contamination se fait par la proximité et d'autres facteurs que je vous ai expliqués tantôt, on peut comprendre que les enfants qui généralement approchent les adultes soient touchés.

Interview réalisée par Marcelline Gneproust

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