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Le soleil | Sénégal | 31/01/2006 | Lire l'article original
Pouvez-vous nous faire l’état des lieux de la Néphrologie
au Sénégal ?
Il faut signaler que la néphrologie est une jeune spécialité
et la dialyse, méthode de traitement de suppléance des reins,
date du début des années 60 en France. Actuellement, le Sénégal
compte 3 néphrologues pour 10 millions d’habitants, tous appartenant
au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Dakar. Cependant, depuis l’année
dernière, un diplôme de spécialisation en néphrologie
(durée de formation : 4 ans) a été créé à
Dakar sous la direction du Pr Boucar Diouf, qui permettra certainement de réduire
le déficit local. En termes d’infrastructures, le seul service
de néphrologie hospitalo-universitaire, créé en 2005, n’a
pas encore de locaux propres. Il est logé dans le service de médecine
interne du Chu Aristide Le Dantec. Le Sénégal ne dispose que de
3 centres d’hémodialyse, les 2 dans le secteur hospitalier (Aristide
Le Dantec et Principal) et un autre dans le privé. Il faut aussi noter
un centre de dialyse péritonéale à l’hôpital
Le Dantec. Ce qui fait une cinquantaine de malades dialysés dans tout
le pays, comparativement à la Tunisie, pour approximativement le même
nombre d’habitants, qui compte plus de 6.000 dialysés et plus de
100 centres de dialyse.
Sur une population de 10 millions, on note qu’il n’existe
que trois médecins spécialistes et deux centres. Comment expliquez-vous
cela ? Que doit faire l’Etat face à la progression des maladies
rénales ?
L’important déficit en médecins néphrologues pourrait
être comblé en partie par l’ouverture du diplôme de
formation à Dakar. Mais l’Etat devrait aider les jeunes médecins
sénégalais à entreprendre des études de spécialité
(c’est quand même 4 ans d’études supplémentaires
après 7 ans d’études de Médecine) en leur octroyant
une bourse ou en les autorisant à faire des études de spécialité
après leur recrutement.
La dialyse (hémodialyse et dialyse péritonéale) est le
traitement de suppléance utilisé lorsque que les reins ne fonctionnent
plus (c’est le stade insuffisance rénale chronique terminale).
Ces 2 techniques sont pratiquées au Sénégal (le seul pays
en Afrique subsaharienne pour la dialyse péritonéale) alors que
la greffe rénale n’est pas encore réalisée dans la
sous-région. Ceci surtout du fait de problèmes d’infrastructures
car les compétences existent au Sénégal pour sa mise en
œuvre. Ainsi, il est important que l’Etat mette en œuvre un
véritable programme d’implantation de centres de dialyse dans tout
le pays couplé à un programme de greffe rénale.
Quel est le coût d’un traitement par dialyse d’un
patient ?
Une séance de dialyse coûte entre 50.000 FCfa dans le public à
150.000 FCfa dans le privé, ce qui fait 150.000 FCfa par semaine (je
dis bien par semaine) à 450. 000 FCfa par semaine dans le privé.
La dialyse péritonéale coûte 650.000 FCfa par mois. Du fait
de ce coût exorbitant, les mutuelles de Santé et les maisons d’assurances
rechignent à prendre en charge ce traitement alors que les personnes
prises en charge peuvent vivre plus de 30 ans avec leur maladie et avoir une
activité professionnelle normale. Il est à déplorer que
ces coûts soient hors de protée de la majorité des Sénégalais.
Y a-t-il une relation entre le diabète qui fait des ravages
et la dialyse ?
Absolument, le diabète et l’Hypertension artérielle, 2 affections
fréquentes au Sénégal, constituent les 2 premières
causes d’Insuffisance rénale chronique (Irc) dans notre pays. L’incidence
de l’Irc est estimée entre 200 et 300 cas/million d’habitants
par an.
Chaque année, nous prenons en charge à l’Hôpital Aristide
Le Dantec, plus de 100 patients souffrant d’Irc au stade terminal nécessitant
la dialyse. Nous n’avons pas la possibilité de prendre 5 malades
de plus par an alors que la mortalité est de 100 % en l’absence
de dialyse. Car, ce centre de référence ne compte que 6 postes
de dialyse depuis son ouverture en 1989.
Depuis quelques années, il est question de la création
d’une société (section) sénégalaise de néphrologie.
Où en êtes-vous avec ce projet ? Avez-vous l’appui de partenaires
étrangers, notamment des médecins de France ?
La Société sénégalaise de néphrologie sera
mise en place au courant du mois de février 2006. Nous prévoyons
d’organiser les 2es Journées ouest-africaines de néphrologie
en collaboration avec l’Association africaine de néphrologie et
la Société internationale de néphrologie, après
le succès des premières journées qui s’étaient
tenues à Dakar en novembre 2001.
Propos recueillis à Paris par Abdoulaye Thiam
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