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Le potentiel | Congo-Kinshasa | 13/04/2011 | Lire l'article original
A Matadi, chef-lieu de la province, l’hôpital général de référence de Kinkanda, le plus important de la ville avec ses 250 lits, n’a qu’un seul spécialiste, un chirurgien. «C’est insignifiant, car il faut normalement au moins 4 médecins spécialistes par hôpital : un chirurgien, un interniste, un pédiatre et un gynécologue obstétricien», explique le médecin inspecteur provincial, Dr Oscar Mavila.
Plus grave : le Bas-Congo n’a ni pédiatre, ni interniste (cardiologue, neurologue, diabétologue etc.). Dans certains hôpitaux privés, ces spécialistes viennent deux fois le mois de Kinshasa, pour consulter et traiter les malades.
Leur arrivée est annoncée à la radio et à la télévision. Mais ils ne restent pas longtemps : une semaine au maximum. Dans les établissements publics, un cardiologue vient aussi souvent, mais uniquement pour le personnel du gouvernorat de province. «C’est bien mais pour nous qui devons consulter un pédiatre en cas d’urgence pour nos enfants, c’est vraiment pénible», se plaint Jordine Asumani, une habitante de Matadi.
Rares et onéreux
En RD Congo, ces spécialistes sont formés aux Cliniques universitaires de Kinshasa, de Lubumbashi (province du Katanga) ou de Kisangani (Province Orientale). Après leur diplôme de doctorat, les candidats doivent d’abord être inscrits au tableau de l’Ordre des médecins, avant de postuler pour une spécialisation. La formation dure au minimum 4 ans. Mais «les coûts, 450 Usd l’an, sont cher et la formation parfois humiliante, car les maîtres nous traitent comme des étudiants», témoigne un médecin en cours de formation aux Cliniques universitaires de Kinshasa.
Formés en petit nombre au pays, ils sont très recherchés. Leur service devient alors onéreux pour les hôpitaux, qui ne sont pas toujours prêts ou en mesure d’y mettre les moyens en jeu. Le spécialiste coûterait, en effet, 1,5 fois plus que son collègue généraliste. Une différence de traitement, qui s’explique par une formation plus longue, mais qui serait souvent à l’origine de conflits entre les deux corps du métier, rendant leur cohabitation assez difficile.
A Matadi, une brouille les a opposés il y a quelques années à Kinkanda, suite à une réclamation des médecins spécialistes qui exigeaient la prise en compte de leur indice dans le calcul de leurs honoraires. «Les généralistes pensaient que nous allions prendre leurs postes de commandement», raconte l’un des quatre spécialistes qui y travaillaient à l’époque.
Certains hôpitaux ne peuvent, en outre, pas faire appel à des spécialistes parce qu’ils n’ont simplement pas d’équipements appropriés qui leur permettent de faire correctement leur travail. Pas de cardiologue, en effet, sans appareils d’échographie cardiaque, d’électrocardiographie ou de salle de réanimation… «C’est regrettable, car la population a vraiment besoin de nous !», s’exclame Dr Vangu Payadu, chirurgien à l’Oeuvre médicale pour la promotion de la santé à Boma (120 km de Matadi).
Les campagnes désemparées
La situation est encore beaucoup plus dramatique pour les formations médicales de campagne. Il est déjà difficile d’y rencontrer un médecin, vu les conditions précaires de travail qui y prévalent. Généralement et souvent exceptionnellement, c’est un généraliste qu’on peut y rencontrer.
Au centre de santé de Songololo, à 70 km de Matadi, le personnel médical est ainsi embarrassé quant il doit demander aux villageois qu’un malade soit transféré dans un hôpital où il y a un spécialiste. Pour eux, «le faire signifie que le maladie est grave et que la patient va mourir. Souvent c’est la panique, parfois ils ne partent pas faute de moyen.»
A la fois recherchés et critiqués notamment pour les frais élevés qu’ils exigent (5 000 Fc pour la consultation contre 3 000 aux généralistes dans le public, 10 000 Fc et 5 000 chez les privés), ces médecins se défendent comme ils peuvent. «J’ai étudié, il ne faut pas que je brade mon métier», dit à chaque fois l’un d’eux, quand ils s’expliquent dans les médias à Matadi.
A Boma, Dr Vangu qui a accepté d’aller œuvrer dans son milieu d’origine, contrebalance : «Moi, je fais une médecine de masse, car les gens sont pauvres.».
SYFIA/LP
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