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Le soleil | Sénégal | 25/06/2011 | Lire l'article original
Vous allez vers une assemblée générale ce week-end. Quel sens donnez-vous à cette rencontre ?
C’est dans le fonctionnement de l’Ordre des médecins de faire des ateliers pour les sections A (médecins du secteur public) et B (médecins du secteur privé). Cette assemblée générale sectorielle permettra de recueillir des informations et d’identifier des problèmes qui se trouvent dans les deux sections. L’assemblée se veut extraordinaire parce que permettant de mettre en place une feuille de route de l’Ordre des médecins pour les années à venir. Je rappelle que l’un des objectifs de cette assemblée est de faire comprendre aux médecins que le respect du code de déontologie renforce l’exercice de la médecine de chacun d’entre nous. Chaque médecin est renforcé lorsqu’il se met derrière le conseil national de l’Ordre des médecins.
L’assemblée se penchera également sur le toilettage des textes de la profession et sur la situation sociale des médecins. Pourquoi ?
Tout à fait parce que l’Ordre des médecins est instauré par la loi du mois de juillet 1966. Il dispose des textes et lois sur l’exercice de la médecine notamment sur son fonctionnement. A l’époque, il n’y avait pas autant de médecins. Aujourd’hui, nous avons dans les deux tableaux de l’ordre, environ 1.663 médecins officiellement inscrits. Face à cette augmentation du nombre de médecins et l’avancée de la technologie, il me paraît important de revoir ces textes et de les réadapter à l’évolution du monde contemporain. Notre souci est de voir s’il y a lieu de maintenir ces textes ou de les adapter à notre contexte actuel. Les autres aspects sont les critères qui permettent l’exercice du métier. Notamment les diplômes, la nationalité sénégalaise et l’inscription à l’un des tableaux de l’Ordre des médecins. Il existe cependant quelques exceptions clairement définies par la loi et qui concernent les médecins militaires (nationaux ou étrangers (assistance technique). Egalement des dérogations liées aux médecins étrangers. Avec la directive de l’Uemoa de 2005, toutes ces questions doivent être adaptées et revisitées. Il est important de plancher sur ces textes pour que tous les médecins les comprennent.
Néanmoins, il y a des médecins qui ne sont pas militaires et qui ne sont pas inscrits dans l’Ordre. Combien sont-ils, qu’est-ce qu’il faut faire pour les convaincre à s’inscrire ?
Je ne connais pas le nombre de médecins non inscrits. Mais le fait d’être sur l’un des tableaux de l’Ordre des médecins est une condition pour exercer la médecine. L’article 2 dit clairement que pour être inscrit dans l’Ordre, il faut avoir un diplôme, être de nationalité sénégalaise et s’inscrire sur l’un des tableaux pour pouvoir exercer votre art. C’est une condition. Nous allons profiter de cette assemblée générale d’information et de partage pour revisiter les textes et règlements et montrer combien il est important, pour un médecin, d’être inscrit à l’Ordre. De montrer aussi, combien il est important d’exercer la médecine en respectant les valeurs fondamentales de l’exercice de la profession et d’avoir un sentiment, non pas d’appartenance, mais surtout d’appartenir à une corporation.
Le Sénégal compte combien de médecins, est-ce que tous travaillent ?
Il est difficile de donner des chiffres exacts du nombre de médecins. Je pense que ce chiffre est en-deçà du nombre de médecins existant au Sénégal et qui est estimé à plus 2.000 médecins. Tous ne travaillent pas parce qu’il y a un problème de recrutement des jeunes médecins malgré tous les efforts qui ont été faits.
La médecine est une profession que l’on peut exercer aussi bien au niveau du secteur public que du privé. Je pense que c’est un passage extrêmement important pour un médecin de faire le service public avant de s’installer. C’est une question fondamentale. Nous sommes en train de voir, avec le ministère de la Santé, dans quelle mesure favoriser le recrutement des jeunes médecins dans le public. Le recrutement est un problème à régler. Il faut travailler à recruter les jeunes dans le public pour leur permettre, en dehors du diplôme, d’apprendre la médecine. Cela est fondamental. Car, dans la cartographie sanitaire, pratiquement 60% des médecins exercent encore dans la région de Dakar. Il est important de créer une politique de motivation pour que les jeunes médecins acceptent d’aller dans les régions où la demande, en matière de soins, est très forte.
Vous avez dénoncé l’installation au Sénégal, de cliniques par des médecins étrangers, sans l’avis de l’Ordre des médecins. Que faut-il faire pour que ces médecins respectent les normes ?
Je pense qu’il faut avoir d’abord une bonne collaboration entre le ministère de la Santé et l’Ordre des médecins. Il y a quelques jours, nous avons travaillé sur le dossier d’ouverture d’un cabinet par quelqu’un qui se dit médecin alors qu’il n’avait pas le diplôme. Pourtant, il exerçait depuis longtemps. Par ailleurs, nous sommes tenus de respecter la directive n° 6 de 2005 de l’Uemoa qui édite la libre circulation et l’installation d’un médecin dans son espace. Mais cela suppose que le médecin qui quitte un pays de l’Uemoa et vient au Sénégal ait une lettre de recommandation du président de l’Ordre du pays d’origine et qu’il soit inscrit dans l’Ordre du pays d’accueil. A partir de ce moment, les choses seraient claires. Et si nos médecins décident de s’installer ailleurs, ce sera le même procédé. De l’autre côté, il y a des pays qui, en dehors des directives de l’Uemoa, ont des accords de coopération ou signé des conventions d’installation avec le Sénégal. C’est le cas du Maroc. En tout état de cause, même si votre pays a un accord de coopération, le médecin doit se présenter au Conseil national de l’Ordre des médecins avec la lettre de recommandation de son ordre et la lettre de non inscription pour venir s’inscrire. Sur cette base, il peut faire la demande d’installation et personne ne pourra l’empêcher à s’installer dans son pays d’accueil.
L’Ordre dénonce aussi la publicité mensongère dans les médias et demande à l’Etat de prendre ses responsabilités. Pourquoi ?
La publicité est interdite pour les médecins. Elle devrait être interdite pour tous ceux qui exercent dans le secteur de la médecine. La première est que c’est une faute grave de donner au public des procédés dont l’efficacité ou l’innocuité n’a pas été suffisamment prouvé. La deuxième chose est que nous avons une population qui a un niveau d’information, de culture et de connaissance très faible pour pouvoir faire du discernement. Sur ce plan, la responsabilité de chacun est interpellée aussi bien celle de l’Etat, de l’Ordre des médecins, que des responsables des médias qui constituent le support de cette information.
Est-ce que l’Ordre des médecins est pour l’avortement médicalisé quand une femme est victime d’un viol ou d’inceste ?
Vous savez que l’article 35 du code de déontologie est clair ainsi que tous les articles du code pénal parce que favorable à sauvegarder la vie d’une mère violée. Sur ce, il y a des critères précis entre le médecin traitant et les autres médecins qui doivent se mettre d’accord pour assister la victime. Les choses ont beaucoup évolué. J’ai personnellement reçu, lors des événements de Guinée, des femmes qui ont été victimes de violences et d’abus sexuels. Cela doit pousser à une réflexion parce qu’au Sénégal, jusqu’à présent, nous n’avons pas un arsenal juridique qui permet à un médecin confronté à ces situations, de prendre une décision. Nous sommes entourés de pays où les taux de viols sont élevés à cause des conflits. La question de l’avortement doit être discutée sérieusement entre les forces vives de cette nation.
Les certificats médicaux délivrés par les médecins sont souvent sources de polémique et d’emprisonnement. Les populations pensent à des complicités entre le médecin et le demandeur. Qu’en dites-vous ?
Le certificat médical de constatation de blessure est le cas le plus fréquent du fait que beaucoup présentent des cas d’agression. Ce certificat de constatation de blessure est établi par un médecin sur la demande de la victime. Maintenant, le docteur d’Etat en médecine doit prendre conscience de ses responsabilités lorsqu’il délivre ce papier. L’article 24 est très clair. Il stipule que le fait d’établir un certificat médical de complaisance à une personne est une faute grave. Dans ce cadre, le certificat médical n’est pas acceptable. Mais en tant que docteur d’Etat en médecine, le médecin doit pouvoir délivrer cela en toute conscience par rapport à ses responsabilités. L’autre aspect concerne des certificats médicaux ou d’expertise médicale qui sont donnés par des compagnies d’assurance dans le cadre de procédures de transactions dans les accidents de circulation ou demandés par le tribunal lorsque, dans les évaluations, l’on demande réparation. Toutes ces questions interpellent la responsabilité du médecin parce qu’il n’est pas acceptable de livrer un certificat de complaisance. Le médecin doit savoir que lorsqu’il fait un certificat médical de 21 jours, la loi va demander la garde à vue de la personne présumée coupable des faits.
Pour le secret médical, à quel moment le médecin est obligé de révéler la maladie d’un citoyen, en particulier une autorité étatique ?
Pour le secret médical, il y a deux articles dans le code de déontologie qui règlent la question. Il s’agit de l’article 7 qui dit que le médecin est tenu au secret médical. Il peut en être délié dans les cas prévus par la loi qui prévoit deux à trois types de dérogations. Il y a les dérogations obligatoires lorsqu’il s’agit des maladies contagieuses, des épidémies, etc. Les déclarations dans le cadre de l’établissement de l’acte de naissance, de certificats médicaux pour constater des blessures car les lésions sont indiquées. Il existe d’autres dérogations dites facultatives pour ce qui concerne les viols et les avortements criminels. Le médecin est aussi obligé de révéler le secret lorsqu’il y a des risques de transmission. Mais le code de déontologie interdit à un médecin de révéler l’état de santé d’un citoyen. Aucun médecin n’a le droit de se prononcer sur la santé d’un patient examiné de manière publique.
Même pour un chef d’Etat malade ?
Oui, parce que le conseil national de l’Ordre des médecins ne définit pas les règles de jeux. Mais l’Ordre peut être interpellé sur la santé des candidats à la présidence si leur point de vue est demandé.
L’actualité du système sanitaire est dominée par des grèves. Quelles solution, selon vous, pour mettre fin à ces mouvements d’humeur ?
Je pense qu’il y a des questions qui sont posées. Le conseil national de l’Ordre des médecins n’est pas directement impliqué dans ces discussions et négociations entre gouvernement et syndicalistes. Nous sommes prêts à porter notre concours si nous sommes invités. Pour le moment, il y a deux principes que nous pouvons dégager. Il faut, à mon avis, que les discussions soient basées sur l’acceptation de ce qui est raisonnable et possible.
Est-ce que le système de santé du Sénégal marche bien par rapport aux autres de la sous-région ?
Le Sénégal n’a pas un mauvais système de santé. Je le dis très honnêtement. Ces dernières années, il y a eu des efforts sur les maladies majeures telles que le paludisme, le diabète et sur le Sida. Mais la dernière revue annuelle montre qu’il y a des efforts à faire.
Propos recueillis par Eugène KALY
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