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Le soleil | Sénégal | 14/02/2006 | Lire l'article original
“Courabeut”, “ndoxoum siti” : Ces maladies
de la peau les plus connues
Aller voir un dermatologue est le dernier recours pour les personnes qui, après
avoir consulté sans succès, des guérisseurs ne parviennent
pas à leur fin. Et souvent, le diagnostic est très différent
de ce pourquoi elles s’étaient présentées.
Au service Dermatologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, devant
le guichet où les malades doivent se présenter avant d’avoir
accès au médecin, il y a du monde. Un coup d’œil sur
les malades renseigne sur la variété des affections dermatologiques
qui les touche.
Une jeune femme tenant un enfant dans les bras, explique comment elle a failli
faire une fausse-couche à cause d’une décoction prescrite
par un guérisseur pour soigner une affection dermatologique. “La
première fois que je l’ai bu, j’étais enceinte. À
la fin du traitement, j’ai été prise de violents maux de
ventre. Une fois à l’hôpital, on m’a expliqué
que mon col s’était distendu”, soutient-elle. Mais comme
elle voulait coûte que coûte se débarrasser de sa maladie,
elle a recommencé après avoir accouché. “ Cette fois,
l’infection a gagné tout mon corps. C’est alors que je me
suis décidée à venir voir le dermatologue ”.
Et le diagnostic révèle une allergie au parfum. Elle ne doit plus,
non seulement toucher au parfum en tant que tel, mais aussi aux produits parfumés.
En plus des médicaments, on lui a prescrit une liste de produits (crème
pour le corps, shampoing, etc), sans parfum qu’elle doit désormais
utiliser pour éviter toute rechute.
4000 consultations par an
Au niveau de l’hôpital Aristide Le Dantec, le docteur Mame Thierno
Dieng révèle que le service Dermatologie enregistre chaque année
4000 consultations. Des affections que les gens appellent communément
“Coureubeut”. Mais, de l’avis du spécialiste, il n
y a pas de correspondance entre les deux. “Établir une correspondance
entre le traditionnel “coureubeut” et une affection dermatologique
est impossible”, soutient Dr Dieng. Poursuivant, il ajoute : “Au
Sénégal, toutes les affections dermatologiques se résument
à ces deux expressions : “coureubeut” et “ndoxoum siti”.
Alors que la référence française en matière de maladies
dermatologiques est un traité de deux tomes composé chacun de
plus de deux milles pages”.
Cette référence donne ainsi une idée du nombre incalculable
d’affections dermatologiques qui existent. Pour certains, “coureubeut”
et “ndoxou siti”, renvoient à la même maladie. Mais,
renseigne le spécialiste, “ndoxou siti” semble être
appliqué aux affections purulentes.
Il comprend toutefois que l’on puisse assimiler ces deux types d’affection
à la syphilis. Car hormis la syphilis vénérienne, il y
a ce que l’on appelle la syphilis endémique qui se manifeste par
une affection dermatologique. Très fréquente dans certaines zones,
cette maladie peut se transmettre de la mère au fœtus, mais n’est
pas forcément héréditaire. Ce type de syphilis peut s’attaquer
aux os et occasionner une malformation osseuse.
Affections les plus courantes
Parmi les affections les plus courantes au Sénégal, on note la
dermatophitie du cuir chevelu ou teigne. Elle est due à un champignon
et s’attaque le plus souvent aux enfants. Très fréquente
chez les talibés et les enfants de la rue, elle est favorisée
par le manque d’hygiène et la promiscuité. Il y a aussi
les plaies hivernales, très contagieuses, car toute partie du corps touchée
par le liquide est aussitôt contaminée.
Le pied d’athlète, une infection qui se loge entre les orteils
fait partie des plus difficiles à traiter. Surtout chez les sujets qui
font fréquemment leurs ablutions sans essuyer leurs pieds, ainsi que
celles qui ont l’habitude de porter des chaussures fermées à
longueur de journée.
De manière générale, les affections dermatologiques auxquelles
les docteurs font face se traitent facilement si elles sont prises en charge
à temps, affirme le dermatologue Ibrahima Ndiaye. Les difficultés
apparaissent lorsque le sujet, par ignorance, laisse traîner la maladie
jusqu’à ce qu’elle s’aggrave.
Certaines affections, toutefois, peuvent ressurgir quelques années après
le traitement sans raison apparente, tient-il à préciser.
Le stress, cause majeure
Le docteur Ibrahima Ndiaye révèle également que beaucoup
de maladies de la peau sont liées au stress. Aussi est-il nécessaire,
en plus du traitement médical, d’éliminer les sources de
stress.
Dans un article intitulé “ Les aspects psychosociaux des maladies
communes à la peau ”, paru sur le net, il est noté qu’il
est essentiel de prendre en compte les aspects psychosociaux de ces maladies
pour qu’elles puissent être prise en charge de manière efficace.
Le stress, peut-on lire, a un effet aggravant sur les maladies de la peau, qui
se traduit par une irruption soudaine du trouble. Et d’un autre côté,
ces affections ont un impact sur la qualité de la vie qui devient un
autre facteur de stress psychosocial.
Pour le docteur Bassirou Hann, les dermatologues sont souvent confrontés,
à quelques cas de maladies de la peau imaginaires, même si ces
dernières ne sont pas aussi fréquentes que dans les pays occidentaux.
Le patient a la sensation de ressentir des chatouilles sur son corps comme s’il
était parcouru d’insectes, alors qu’il n’en est rien.
Suivant la gravité de son état, il arrive qu’on lui recommande
d’aller voir un psychiatre.
Certaines plaies, signe de déséquilibre chez le diabétique
Les affections dermatologiques cachent parfois d’autres maladies plus
graves. Pour cette raison, il est conseillé de consulter un dermatologue
à la moindre affection aussi bénigne puisse-t-elle paraître.
C’est le cas, ainsi que le confirme Dr Ibrahima Ndiaye, de certaines plaies
qui sont signe de déséquilibre chez une personne diabétique.
En ce qui concerne les plantes utilisées pour traiter les affections
dermatologiques et délivrées par les guérisseurs traditionnels,
Dr Mame Thierno Dieng reconnaît qu’elles contiennent incontestablement
un produit actif bénéfique. Mais, il s’en méfie car
les doses à prendre ne sont pas toujours respectées. En outre,
les conditions de stockage “sont désastreuses”, déplore-t-il.
Il ajoute que le diagnostic est à la base de tout traitement. Avant de
prescrire des médicaments, il convient de bien observer le malade, afin
d’avoir une idée claire de ce dont il souffre. Ce que font rarement,
pour ne pas dire jamais, les guérisseurs. Le Docteur Mame Thierno Dieng
ne trouve pas que la cherté des médicaments et des traitements
médicaux puisse expliquer que les gens préfèrent aller
chez les guérisseurs traditionnels plutôt que chez un médecin.
Pour lui, c’est un problème d’accès. “ Les gens
vont voir le guérisseur du coin parce qu’il est beaucoup plus accessible.
Il appartient à l’Etat de rendre la santé accessible et
performante. Il en a les moyens c’est un problème d’organisation
”, pense-t-il.
Docteur Ibrahima Ndiaye, dermatologue
« Les corticoïdes présents dans nombres de produits éclaircissants
favorisent l’apparition d’affections dermatologiques »
Les affections dermatologiques les plus fréquentes au Sénégal,
bien que causées par des champignons ou des bactéries apparaissent
fréquemment chez les femmes du fait des corticoïdes présents
dans les produits éclaircissants qu’elles utilisent.
Le dermatologue, c’est le docteur de la peau. Il s’occupe de tous
les désagréments observés au niveau de la peau, mais aussi
des ongles, des lèvres, des parties génitales et anales. Ces maladies
sont le plus souvent causées par des champignons ou des parasites. Mais
le manque d’hygiène, la promiscuité, ainsi que le xessal
(dépigmentation) sont des facteurs qui favorisent ce type d’affection.
Les femmes qui se dépigmentent constatent, en effet, après plusieurs
mois ou années de pratique que leur peau change d’aspect petit
à petit. Des boutons et autres plaques apparaissent et empêchent
d’obtenir le résultat escompté : un teint clair, lisse et
dénué de tâches.
Dermatologue, le docteur Ibrahima Ndiaye explique que cela est dû à
la présence de corticoïdes que l’on trouve dans les produits
utilisés par ces femmes. Selon une enquête réalisée
en 2000 au Sénégal, 67 % de la population sénégalaise,
les deux sexes (hommes et femmes) confondus s’adonnent à la dépigmentation.
Cependant, bien que bon nombre d’entre elles reconnaissent que les affections
dermatologiques dont elles souffrent résultent d’une utilisation
prolongée des produits éclaircissants, seuls 10 % des adeptes
de la dépigmentation sont allés voir un dermatologue, selon les
statistiques disponibles au niveau des hôpitaux. Parmi les affections
dont souffrent ces personnes figure la dermatophitie de la peau glabre. Elle
se présente sous forme de plaques. Communément appelée
“ eur ”, cette affection est due à un champignon. Toutefois
l’humidité et la chaleur, en plus de la dépigmentation,
constituent des facteurs favorisant le développement de la maladie. Il
en est de même du pityriasis versicolore ou “ xam ”. Elle
se manifeste par de petites tâches de pigmentation différente de
la peau et apparaît sur le visage, le dos, le décolleté.
En plus de ces infections dues à des champignons, il existe une autre
infection parasitaire qui fait souffrir les femmes qui s’adonnent à
la dépigmentation. Il s’agit de la gale. Cette affection apparaÎt
sous forme de boutons généralement sur les mains, le cou ou les
fesses et occasionne des démangeaisons. Elle est très contagieuse
et peut affecter une famille entière.
Pour un traitement efficace, le Docteur Ndiaye recommande à ses clientes
d’arrêter la dépigmentation ou tout au moins d’utiliser
un produit ne contenant pas de corticoïdes. Ce qui ne fait que déplacer
le mal. Car s’ils ne contiennent pas de corticoïdes ils contiennent
un autre produit, l’hydroquinone qui présente également
des dangers pour l’organisme.
Mody Ndiaye, alias docteur “courabeut”
“L’infection ne se manifeste pas nécessairement par une affection
dermatologique ”
Tous les Rufisquois connaissent ou ont entendu parler de Mody Ndiaye. Infirmier
major, il consacre son temps libre à prodiguer des soins aux populations
de sa localité. “ J’accepte tous les malades à l’exception
des tuberculeux ”, confie-t-il. Il explique que la tuberculose est une
maladie très complexe, donc il préfère envoyer les malades
vers un centre hospitalier.
“ Les ordonnances qu’il vous prescrit sont très chères,
mais si vous les appliquez à la lettre, vous avez de fortes chances de
vous en sortir ”, nous assure une dame accompagnée de sa petite
fille qui a une vilaine plaie sur la tête toute recouverte de croûte.
“ C’est du “coureubeut”, déclare sa mère.
“Ça en a bien l’air”, répond brièvement
l’infirmier Mody Ndiaye.
L’homme n’est pas d’un abord facile. Ses réponses sont
courtes, assez sèches. On arrive difficilement à obtenir des explications
de lui. Pourtant, une fois le terrain balisé, on se rend compte que l’on
a affaire à une personne sympathique, consciente et fière du service
qu’elle rend, tout en étant modeste.
Originaire du quartier lébou de Diokoul Ndiourène, il a successivement
habité à Médine puis à Aïnoumady. Formé
comme agent sanitaire en 1958, il est aujourd’hui infirmier major. Il
n’ira pas jusqu’à dire que le “courabeut” n’a
plus de secret pour lui, mais avoue que grâce à son expérience,
il est rare qu’un cas de cette maladie lui pose problème. Il fait
également beaucoup de recherche sur ce sujet, ce qui lui a permis de
constater que l’infection revêt plusieurs formes et ne se manifeste
pas nécessairement par une affection dermatologique.
Chez certaines personnes, elle peut attaquer les os et fait alors penser au
rhumatisme. Cette terrible affection empêche nombre de femmes d’avoir
des enfants ou de mener une grossesse à terme. “ Il arrive même,
affirme-t-il, que le fœtus soit totalement calciné dans le ventre
de sa mère ”.
Les plantes médicinales souvent utilisées pour traiter les affections
dermatologiques, selon lui, font “ ressortir la maladie ”, mais
ne la soigne pas tout à fait.
Pour l’infirmier Mody Ndiaye, tout le monde a le “ courabeut ”.
Seulement, elle se manifeste de manière différente d’une
personne à une autre.
Par Salimata Gassama Dia (stagiaire)
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