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L'Express | Maurice | 04/02/2006 | Lire l'article original
Les autorités sanitaires de Maurice sont sur le pied de guerre pour
empêcher que les cas isolés ne donnent lieu à des foyers
de la maladie. La pulvérisation de produits insecticides dans les localités
où habitent ceux qui ont été contaminés est systématique.
C’est en effet en éliminant le vecteur de la maladie, le moustique
Aedes Albopictus, qu’on arrive à prévenir la propagation
du Chikungunya.
Dès la semaine dernière, la doctoresse Ameeta Pathack, responsable
du contrôle des maladies transmissibles, évoquait les principales
caractéristiques de ce moustique et prodiguait des conseils pour s’en
protéger.
Un rayon d’action d’environ 50 mètres
«C’est après avoir piqué une personne infectée
qu’un moustique du type Aedes Albopictus, moustique tacheté de
blanc,devient porteur du virus du Chikungunya. Il va transmettre ce virus à
toutes les autres personnes qu’il va ensuite piquer», explique Ameeta
Pathack. Ainsi, pour éliminer la maladie, il faut combattre la prolifération
du moustique notamment à travers la destruction de ses gîtes larvaires
potentiels. On retrouve les larves de l’Aedes Albopictus dans les eaux
stagnantes, notamment dans celles accumulées sur les toits des maisons
après les pluies ou dans les flaques d’eau accumulées dans
les cours, dans les pneus, et même dans les soucoupes de pots de fleurs,
les vases ou les seaux. Ce moustique affectionne les petites surfaces d’eau
et on ne le retrouve rarement dans les grandes piscines, les rivières
ou les lacs. La période d’incubation des larves est de quatre à
sept jours.
Cependant, ce moustique n’a un rayon d’action que d’environ
50 mètres seulement et bien nettoyer son environnement proche constitue
déjà une bonne protection.
Depuis l’éclatement de l’épidémie à
la Réunion, on s’est rendu compte que l’utilisation des insecticides
ou répulsifs sur les vêtements ou la peau s’avère
être une protection efficace. Pour les nouveau-nés et nourrissons
de moins de trois mois, ces produits sont proscrits.
Les autorités réunionnaises, devant l’ampleur de l’épidémie,
conseillent de traiter à l’aide d’insecticides les rideaux
de portes, voilages, fenêtres et séparations intérieures,
et d’utiliser des moustiquaires, en complément de plaquettes ou
tortillons fumigènes.
Branle-bas de combat
15 cas avérés à Maurice depuis janvier jusqu’à
hier. 15 cas avérés de Chikungunya ont été répertoriés
par le ministère de la Santé. L’attachée de presse
de ce ministère précise que ce sont des cas isolés, éparpillés
à travers l’île et qu’il n’y a pas d’épidémie
de la maladie dans l’île. La plupart des personnes contaminées
sont des Mauriciens qui ont effectué des séjours à la Réunion
et les localités où ils habitent ont été traitées.
En sus de l’épandage des produits insecticides, les équipes
du ministère de la Santé se sont attelées à la tâche
d’éliminer toute flaque d’eau stagnante dans ces endroits.
Ces équipes ont été renforcées par une cinquantaine
d’hommes venant de divers ministères. Par ailleurs, le ministère
a loué des équipements supplémentaires d’épandage
d’une compagnie privée pour parer à toute éventualité
en attendant l’arrivée d’équipements commandés
récemment. Un comité interministériel comprenant les ministres
Rashid Beebeejaun, Anil Bachoo, Xavier Duval et Satish Faugoo a par ailleurs
pris la décision de modifier la législation sanitaire pour rendre
obligatoire aux médecins privés la notification au ministère
de tout cas suspect de Chikungunya. De fait, l’équipe d’épandage
n’attend pas les résultats des analyses et entre en action dès
qu’un cas de Chikungunya est suspecté.
Les symptômes de la maladie
Le Chikungunya se manifeste par une fièvre élevée, des
douleurs articulaires intenses touchant principalement les extrémités
des membres (poignets, chevilles, phalanges), œdèmes, maux de tête
et éruptions cutanées notamment.
Le Chikungunya peut évoluer rapidement dans les deux sens, vers le meilleur
ou le pire.
Certains malades ont une bonne réponse à la prise d’anti-inflammatoires
non stéroïdiens. Mais ils peuvent aussi évoluer vers une
phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistantes et
incapacitantes qui peuvent durer jusqu’à un an.
Toutefois, aucun décès directement lié au virus n’a
été signalé. Ceux qui en sont morts, avaient d’autres
pathologies qui se sont associées au Chikungunya.
Le vaccin mystère
Pas de remède. Le Chikungunya est considéré comme une maladie
des pays pauvres. Ainsi, aucun laboratoire n’a été intéressé
à investir dans la recherche d’un remède ou vaccin contre
cette maladie.
Cependant, une rumeur tenace court en ce moment à la Réunion où
l’on estime qu’un vaccin existe bel et bien contre le Chikungunya.
Le président du conseil régional, Paul Vergès, a écrit
la semaine dernière au Premier ministre français, Dominique de
Villepin, pour signaler qu’il aurait appris de sources scientifiques l’existence
d’«un vaccin expérimenté par l’armée
américaine mais qui ne serait pas commercialisé». Dans une
publication signée par des chercheurs de la faculté de médecine
de l’université du Maryland (États-Unis) et publiée
en 2000 dans l’«American Journal of Tropical Medicine and Hygiene»,
est décrite une étude clinique portant sur 73 personnes non contaminées
sur lesquelles a été testé un vaccin contre le chikungunya.
Des résultats prometteurs auraient été obtenus : peu d’effets
secondaires et une réaction positive sur la quasi-totalité des
patients. Derrière la rumeur se trouve aussi une publication sur Internet
des tests du vaccin. Robert Edelman, professeur de médecine à
l’université du Maryland et auteur de la publication estime que
c’est un bon vaccin mais qu’il faudrait encore des études
cliniques avec un nombre plus important de patients, avec des essais en situation
d’épidémie sur une longue période avant que le vaccin
ne puisse être mis sur le marché dans encore environ deux ans.
Raj JUGERNAUTH
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