«Aimons, écoutons et aidons, d’abord, nos patients.
L’humanisme médical est un humanisme tourné vers l’homme
global avec son corps et ses problèmes existentiels, en dehors de toute
considération politique, de religion, de race, de classe. Quelle que soit
sa situation, sa réputation, ses mœurs ou les sentiments qui peuvent
être éprouvés à son endroit. Et une médecine
humaine est une médecine qui se préoccupe du malade avant de se
préoccuper de la maladie.» Même s’il est vrai que «la
science et la technique doivent aider à la promotion de l’humanisme»,
d’un autre côté, elle «doit humaniser les progrès,
leurs avancées de tous les jours». Telle devrait être, aujourd’hui,
la médecine à l’aune d’un développement technologique
à visage humain, selon le Doyen André Gouazé qui se prononçait,
hier, lors de la cérémonie d’ouverture des seizièmes
Journées médicales de Dakar dont il assure la présidence.
Cependant, quel canal mieux que la Francophonie pouvait véhiculer ces idéaux
d’une médecine tournée vers l’humanisme ? Selon le Doyen
Gouazé, sans aucun doute, c’est la Francophonie. Ainsi dira-t-il
que «la Francophonie, au-delà de la langue, est une culture et même
plus encore, une conception de la culture fondée sur sa diversité
et ses richesses, une culture comprise au sens large et tout ce qui touche à
l’homme global avec son corps et ses problèmes existentiels. Donc,
à la médecine et à la santé».
C’est pourquoi, soutient M. Gouazé : «La francophonie, c’est
l’affirmation d’un droit à la différence, et tout particulièrement
du droit de ne pas sacrifier à un mode unique de pensée et d’expression.
Elle est, enfin, l’affirmation d’une solidarité agissante par
la coopération.»
Mais, pour le Doyen André Gouazé, le plus important pour la médecine,
est d’arriver à faire prendre davantage conscience aux médecins,
qui sont en réalité des véritables «acteurs sociaux»,
que la médecine doit être enrobée de vertus humaines. Ainsi,
déclare-t-il que «l’humanisme médical est un humanisme
tourné vers l’homme global avec son corps et ses problèmes,
en dehors de toute considération politique, de religion, de race, de classe,
quelles que soient sa situation, sa réputation, ses mœurs ou les sentiments
qui peuvent êtres éprouvés à son endroit.»
Cet humanisme, en à croire le Doyen Gouazé, «devra tourner,
d’abord, vers les patients, tourner vers l’autre, les autres, tous
les autres, qui nous entourent et font notre communauté». Il devra
aussi emprunter les chemins des discours «positifs» et «constructifs».
Ainsi, il exhorte ses collègues à ne pas verser dans la dénonciation
de leurs confrères, de se taire à défaut d’en dire
du bien. La même attitude de respect doit être observée à
l’endroit des «anciens médecins». Pour le Doyen Gouazé,
le respect est fondamental à l’endroit de «ceux qui sont sortis»,
c’est-à-dire les anciens et citant Conficius, il dira : «ll
faut savoir aller au-devant de ceux qui entrent, mais il faut savoir accompagner
ceux qui sortent.» Dans son propos, le Doyen prône une médecine
avec des médecins souriants, d’un sourire franc et sincère,
«d’un sourire du Boudha».
Pour conclure, il lance un appel à tous les médecins à être
plus «simples» et de garder toujours leur «enthousiasme, la
passion, l’humilité, le doute de tous les instants».
Pour une médecine performante et moderne, André Gouazé prône
la «compétence scientifique et technique», mais au service
de l’humain. Car, selon lui, le défunt Président Houphouët
Boigny disait que «l’homme malade n’est pas un homme libre».
Allant plus loin, il dira que «la santé est une liberté de
base, la première des libertés, celle qui offre à l’homme
l’accès aux autres libertés, celles de conduire et gérer
lui-même sa propre destinée. Etre en bonne santé, c’est
vivre libre. La santé c’est la liberté».
Les seizièmes Journées médicales de Dakar se poursuivront
jusqu’à jeudi prochain et regroupent les sommités de la médecine
francophone, au Sénégal. Ces dernières vont débattre
de plusieurs thématiques, notamment, la problématique de la morbidité
en Afrique. Le ministre de l’Education, Moustapha Sourang, en a présidé
la cérémonie d’ouverture, en présence des autorités
universitaires de Dakar.
Par Yathé Nara NDOYE
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