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E. De Backer : « En RDC, 95% des cas de fistule sont d’origine obstétricale »

Le potentiel | Congo-Kinshasa | 11/10/2013 | Lire l'article original

A l’instar de l’hôpital Panzi à Bukavu, dans le Sud-Kivu où le Dr Denis Mukwege soigne les femmes fistuleuses, la ville de Kinshasa s’attelle également à combattre cette pathologie. Et c’est dans l’enceinte de l’hôpital St Joseph, situé dans la commune de Limete que l’ONG « Médecins sans vacances » a construit un petit bâtiment dénommé « Fistula Clinic » pour s’occuper de cette catégorie de malades.

Venu en RDC avec cette ONG après avoir pris sa retraite en 2000, Dr E. De Backer, maître de conférences émérite à l’Université de Louvain et chef de service d’urologie émérite à l’Institut Ste Elisabeth à Bruxelles, s’est intéressé aux femmes souffrant de fistules obstétricales. C’est-à-dire, celles qui perdent les urines ou même les selles.

Avec les responsables de l’hôpital St Joseph, il s’est mis à les traiter efficacement car, soutient-il, la fistule, pathologie très fréquente en Afrique sub-saharienne, est difficile à guérir. Alors que, dans beaucoup de cas, renchérit E. De Backer, il parvient à redonner à cette catégorie de femmes une vie normale.

L’urologue belge a fait savoir que la fistule a une origine double. Il y a les mauvaises conditions d’accouchement, celles provoquant des déchirures des organes génitaux de la femme et de la vessie. Et aussi, après des césariennes faites dans des conditions extrêmement difficiles.

En plus, dans l’Est de la République démocratique du Congo, ce sont les violences, particulièrement sexuelles, qui sont à l’origine des fistules, suite aux faits des guerres. Pour ce faire, relève Dr De Backer, en prenant le nombre total de fistuleuses, 95% des cas les plus fréquents sont d’origine obstétricale due aux mauvaises conditions d’accouchement.

D’autant plus que, dans certains cas, l’accouchement peut durer jusqu’à une semaine.

S’agissant du traitement, il est gratuit, a révélé l’urologue belge. « Toute femme porteuse d’une fistule urinaire ou fécale peut s’adresser à Fistula Clinic et sera gratuitement prise en charge », a-t-il précisé. Une asbl créée en Belgique vient financièrement en appui pour la prise en charge gratuite des femmes porteuses de fistule. Cette information ne peut qu’intéresser les patientes qui ne se faisaient pas soigner faute de moyens financiers.

Collaboration

A l’hôpital St Joseph, Dr E. De Backer se réjouit de collaborer avec des gens valables, notamment Dr Nembunzu avec qui il travaille depuis 10 ans. C’est elle d’ailleurs la vraie responsable du département Fistula Clinic, a-t-il dit. Elevée aux fonctions de médecin-directeur, Nembuzu a été remplacée par sa consœur Ange Mukuliboyi qui s’assume bien sa tâche.

L’urologue belge se dit alors satisfait, d’autant plus ce sont ces médecins congolais qui interviennent dans la plupart des cas pour avoir appris et maîtrisé les techniques. Près de 150 malades sont opérés par an. Et l’ONG belge « Médecins sans vacances n’est présente en RDC que trois ou quatre fois par an lorsqu’il s’agit des cas plus difficiles.

Une fistuleuse peut-elle encore concevoir ? Pas toujours, répond le Dr De Backer qui précise que, dans certains cas, la matrice, ayant subi des dommages, elle ne pourra plus concevoir. C’est donc difficile pour le médecin de répondre par l’affirmative ou la négative. Dans tous les cas, a poursuivi De Backer, l’accouchement ayant été très difficile, il recommande de ne plus tenter un autre par des voies naturelles, mais par césarienne en le faisant dans de bonnes conditions.

Written by Véron-Clément Kongo

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