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Cameroon tribune | Cameroun | 23/02/2006 | Lire l'article original
Mme le ministre, quelle a été la réaction de votre
département ministériel à l’annonce au Nigeria, pays
voisin du Cameroun, de la présence de la grippe aviaire ?
Dès les premiers signes d’alerte signalant des foyers de la grippe
aviaire dans les Etats de Kaduna et Kano au Nigeria, nous avons mis en place
rapidement une cellule de crise au ministère. Une réunion de concertation
avec l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD)
et l’Institut de recherche médicale et des plantes médicinales
(IRPM) a eu lieu. Ces instituts ont des spécialistes en épizooties,
c’est-à-dire en pandémies liées aux animaux.
A l’issue de cette réunion, nous avons dépêché dans les zones du Nord-Cameroun le Dr Tanya, un spécialiste de la grippe aviaire avec deux Camerounais et deux Britanniques, le Pr Morgan Kenton de l’université de Liverpool et le Pr Mark Bronsvoort de l’université d’Edinburgh en Ecosse. Ils ont eu pour mission d’identifier les indicateurs de la présence de la grippe aviaire H5N1 dans cette zone classée vulnérable, de mettre sur pied un système de surveillance du virus de la grippe aviaire dans les plaines de l’Extrême-nord, du lac Maga, du lac Mbakaou, le long de la frontière avec le Nigeria, et d’évaluer les risques d’exposition d’oiseaux sauvages et d’animaux domestiques au virus de la grippe aviaire. Les résultats sont attendus.
Au fait, quel rôle joue ou va jouer le ministère de la
Recherche scientifique et de l’Innovation dans la prévention de
la grippe aviaire au Cameroun ?
Comme vous le savez, le Premier ministre, chef du gouvernement, chief Inoni
Ephraïm, a créé le 17 février 2006, un comité
interministériel ad hoc de prévention et de lutte contre la grippe
aviaire (lire CT du mardi 21/02/2006, P 19). Le MINRESI en fait partie. C’est
à nous d’identifier la souche.
Parce que le virus H5N1 a des capacités de nuisance, de mutation et d’adaptation
extraordinaires, quand la grippe aviaire a frappé à proximité
de notre pays, nous n’avons pas pris cela à la légère.
Car c’est à nous, le ministère de la Recherche scientifique
et de l’Innovation la qualité, l’expertise d’isoler
le virus H5N1. C’est nous qui devons circonscrire les foyers, c’est-à-dire
signaler à quel endroit on peut le trouver au Cameroun. Dans les prochains
jours, nous allons faire une cartographie des zones à risques au Cameroun.
Si nos chercheurs ne trouvent pas le virus, nous allons quand même mettre
les populations en garde.
Dans un second temps, si nous avons les moyens, il faudra faire des vaccins.
Non seulement il faut le faire à grande échelle, mais il faut
penser aussi au long terme. Si la maladie se déclare au Cameroun, il
faudra acheter une licence pour fabriquer le tamiflu, le seul médicament
qui peut agir efficacement contre la grippe aviaire.
Le MINRESI a-t-il les moyens de son action ?
Le gouvernement est en train de prendre toutes les dispositions pour que nous
ayons les moyens de notre politique. Le Comité qui a été
créé donnera les moyens à la recherche. Si nous identifions
le H5N1, il faudra se mettre en ordre de bataille.
Où va se faire l’analyse des éléments collectés
par vos chercheurs dépêchés sur le terrain au Nord-Cameroun
?
Nous avons des laboratoires sur tout le territoire, que ce soit à Nkolbisson
(près de Yaoundé), à Wakwa (dans l’Adamaoua) qui
sont bien équipés pour tout ce qui est épizootie…
Nous avons l’expertise scientifique. Celle des chercheurs de l’IRAD
est telle que nous n’avons rien à envier aux équipes qui
viennent de l’extérieur. Ces équipes viennent seulement
pour nous appuyer, surtout sur le plan financier. Ce n’est pas sur le
plan technique.
Sur le plan technique, nos chercheurs sont classés deuxième en
Afrique, derrière l’Afrique du Sud…
Si je vous ai bien compris, tous les éléments collectés
par vos chercheurs dépêchés sur le terrain seront entièrement
analysés dans vos laboratoires au Cameroun…
Tout sera fait ici au Cameroun. Nous mettrons les résultats à
la disposition du Premier ministre, chef du gouvernement.
Que fera-t-on des résultats attendus de l’équipe
dépêchée au Nord-Cameroun ?
Dans le Comité interministériel, il y a un volet communicationnel
qui sera géré par le ministre de la Communication. Il y a un volet
santé, agriculture, environnement et forêt, etc. Je coordonne seulement
le volet recherche…
Aurons-nous la capacité de faire face à la grippe aviaire
au cas où elle est décelée au Cameroun ?
On a la capacité d’y faire face. Le Premier ministre lui-même
est président d’un comité de pilotage pour faire face à
toute forme de pandémie de grippe aviaire au Cameroun. Le gouvernement
est prêt et déterminé à faire face à la grippe.
Le MINRESI est prêt côté recherche scientifique. Nous sommes
là pour identifier la souche, c’est-à-dire chercher à
savoir si le virus a déjà muté au point de pouvoir se transmettre
à l’homme ou pas. Nous allons aussi étudier le courant migratoire
des oiseaux, la réaction des populations. Nous avons un Centre national
d’éducation qui pourra étudier les réactions des
populations pour que les gens n’entrent pas dans une panique inutile.
Au fait, quels sont les moyens en hommes que le Cameroun peut mobiliser
pour faire face à une telle pandémie ? Combien de laboratoires
pourrait-on mettre à contribution ?
En termes de personnels, nous avons 1214 personnels (chercheurs techniciens,
etc.) dont 115 dans les services centraux… Au niveau de l’IRAD,
nous avons un groupe de chercheurs spécialisés issus de l’ex-Institut
de recherche zootechnique (IRZ). Ce sont eux qui se sont battus contre la peste
porcine, il y a quelques années.
Nous avons un centre à Wakwa. En termes de personnels, nous n’avons
pas de problèmes. Nous avons au moins 811 chercheurs à l’IRAD
pour circonscrire la grippe aviaire. Ce n’est pas un problème pour
les chercheurs de l’IRAD et de l’IRPM. Nous avons un grand laboratoire
attenant au ministère, un autre à Nkolbisson, un troisième
à Wakwa. Même le Lanavet (laboratoire national vétérinaire)
travaille en étroite collaboration avec les chercheurs de l’IRAD.
Le problème qu’on a concerne les moyens financiers…
Des moyens financiers pour payer les chercheurs ?
Pas seulement pour payer les chercheurs, mais aussi pour acheter les réactifs
et envoyer les chercheurs en mission…
Quelles précautions faudrait-il prendre au niveau des populations
avec ou sans grippe aviaire ?
Avec la grippe aviaire nous avons affaire aux virus qui mutent très rapidement.
En dix jours, ils peuvent muter et devenir une autre souche qui peut causer
des ravages chez l’homme. Dans les années 1918-1919, il y a eu
une très grosse épidémie de grippe qui a tué à
peu près 30 à 40 millions de personnes, sinon 50 millions (dans
les pays du Nord). Parce que si ce virus arrive à muter jusqu’à
créer la souche adaptée à l’espèce humaine,
qui permet donc la transmission de l’homme à l’homme, nous
assisterons à une très grave pandémie humaine.
Le virus H5N1 a donc une capacité de nuisance, de mutation et d’adaptation
extraordinaires. Il faut donc stopper toute propagation dans les populations
de la volaille. Si on a déjà un poulailler atteint, il faut le
détruire pour barrer la voie à la contamination des autres poulaillers
des environs. Tous ceux qui ont des poulaillers, doivent tout faire pour les
couvrir. Si possible, il faut administrer des vaccins efficaces aux personnes
exposées aux risques, protéger ceux qui abattent les poulets sur
nos marchés, administrer des antiviraux à titre prophylactique
à tous ceux qui sont exposés. En un mot, il faut stopper toute
propagation, toute transmission de volaille à volaille, et restreindre
les possibilités d’exposition de l’homme au virus.
Propos recueillis par Jean NGANDJEU
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