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Revue de presse de Santé tropicale

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Pr. Cyrille Feray (Hépatologue) : "Il faut vacciner les nouveau-nés dès la naissance et non la 6e semaine"

Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 30/01/2015 | Lire l'article original

L’expert français s’est exprimé sur l’évolution de la prise en charge de l’hépatite B et C, à l’occasion de la campagne interne initiée par la Compagnie ivoirienne d’électricité. Vous êtes en Côte d’Ivoire, à l’invitation de la Cie, pour apporter votre expertise et soutenir sa campagne de lutte interne contre les hépatites B et C. Qu’est-ce qui vous motive à vous joindre à ce combat ?

Je suis un expert des hépatites B et C. En ma qualité de médecin, de transplanteur et de sachant sur le cancer du foie et la cirrhose, j’en connais les conséquences. Mon engagement est d’éviter que les patients arrivent à ces stades de la maladie, qu’on peut certes soigner, mais dont les traitements sont héroïques, coûteux, incertains et douloureux. Il est plus simple d’empêcher les causes de la cirrhose et du cancer, à savoir la contamination par le virus de l’hépatite B et C. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de donner des soins en faisant mon travail habituel, mais de contribuer à sa prévention. C’est pour cela que la campagne initiée par la Cie recueille tous mes suffrages. Car elle vise, dans un premier temps à dépister, mais aussi à soigner et à prendre en charge les sujets positifs. L’initiative est éthique. D’où mon entière adhésion à sa mise en œuvre.

L’aspect préventif est, à mon avis, le plus important. Prévenir, c’est avant tout dépister, trouver des sujets positifs et envisager des options thérapeutiques pour les patients infectés.

Quels risques courent les porteurs des virus B et C de l’hépatite ?

L’hépatite B est un virus très fréquent qui affecte souvent les femmes et les hommes contaminés à leur naissance. Eux-mêmes vont la transmettre à leur descendance. Non pas génétiquement, mais de mère à enfant ou par proximité. Les défenses immunitaires de l’enfant sont faibles. Si bien qu’il développe le virus de l’hépatite B à un niveau chronique. Quand on contracte le virus à l’âge adulte, on guérit dans 95% des cas. Quand on est enfant, avant la puberté, on devient porteur chronique dans plus de 90% des cas.

En résumé, l’hépatite B est un virus qui contamine l’enfant à la naissance et qui, des décennies plus tard, conduit au cancer du foie. Cette pathologie est la plus fréquente et la première cause de mortalité par cancer des adultes en Afrique. Le drame est que le sujet est contaminé par sa famille. A priori, il va bien, puis un jour, se sent fatigué, présente un cancer. Si on ne peut l’opérer, six mois plus tard, il meurt.

Qu’en est-il de l’hépatite C ?

En ce qui concerne l’hépatite C, les patients sont contaminés à tout âge de leur vie. Elle est moins contagieuse que la forme B et n’a pas de vaccin. Elle est souvent transmise par la transfusion, la drogue, la salive…. Parfois, par le biais d’un dentiste pas très propre, une transfusion sanguine mal contrôlée dans le passé…

L’hépatite C n’a pas de symptômes dans la plupart des cas. Quand on l’a à un stade avancé et qu’on fait une jaunisse, on en guérit. Ce qui est embêtant, dans bien de cas, on ne ressent jamais de signes. C’est difficile à comprendre. Et pourtant, on porte une bombe à retardement dans le foie. Heureusement que cette bombe n’explose pas tout le temps sinon l’Afrique serait dépeuplée. Quand elle survient, on a très mal, surtout lorsqu’on est Africain. Parce que le coût de la transplantation est généralement au dessus des moyens des populations du continent.

Les Africains sont-ils plus prédisposés à la maladie que les Occidentaux ?

Rien ne dit qu’il y a des facteurs raciaux en jeu pour contracter le virus de l’hépatite. La réalité est que l’Afrique est un continent où ces virus pullulent. Ce n’est pas du tout une question de prédisposition génétique des Africains, mais plutôt une affaire de forte prévalence du virus chez les populations locales. D’autant plus qu’il se transmet par le sang, la sueur, la salive, le sperme, etc. Le virus est facile à contracter, surtout celui de l’hépatite B qui est particulièrement contagieux. Il faut plutôt lorgner du côté des conditions de vie sociétales des Africains pour trouver réponse à la profusion de la maladie.

Les maladies ne sont pas réparties de manière égale sur terre. Les Asiatiques ont, eux-aussi, une forte prévalence des hépatites B et C.

C’est la première fois, ici en Côte d’Ivoire, qu’une entreprise privée comme la Cie lance une campagne d’envergure contre les hépatites. Que pensez-vous de cette initiative ?

La Cie a l’habitude de lancer des campagnes internes contre des maladies du genre. Je ne suis donc pas surpris de l’initiative concernant les hépatites. C’est la première fois qu’un tel projet interne est couplé à une initiative nationale. Pour ma part, je vois que la Cie se préoccupe de la santé de ses agents et s’en occupe. C’est éthique et c’est très efficace. L’entreprise tient à avoir des employés en bonne santé pour qu’elle-même se porte bien. C’est à la fois généreux et intelligent. C’est pour cela que ça m’intéresse. Surtout qu’on a actuellement des traitements qui vont se démocratiser de plus en plus à l’instar de ceux du Sida. Demain, les traitements de l’hépatite seront accessibles à tous, y compris à ceux qui ont moins de revenu. C’est le moment, plus que jamais, de s’arrimer à la donne naissante. Il est donc temps de dépister, de soigner et de prévenir la transmission dans les collectivités, les entreprises, etc. C’est le prototype de prévention sanitaire intelligente et urgente qu’on peut avoir.

Peut-on espérer que cette action fasse tache d’huile dans le pays, et qu’à travers elle les Ivoiriens aient bientôt accès à des traitements à moindre coût et à la transplantation sur place ?

Cette initiative peut avoir des répercussions en Côte d’Ivoire et au-delà. A ma connaissance, cette action n’est pas loin d’être unique sur tout le continent africain, à l’exception de l’Afrique du Sud. Elle est originale en Afrique de l’ouest. Cette initiative, pour être pleinement efficace, aura besoin que les médicaments contre les hépatites B et C, soient enregistrés et que leurs prix soient négociés auprès des grandes firmes. Cela va au-delà de l’initiative de la Cie pour intégrer la politique nationale de santé et d’autorisation des traitements sur le territoire national.

Certains médicaments contre l’hépatite B sont déjà autorisés, d’autres, tout aussi efficaces, ne le sont que contre le VIH/Sida. Et pourtant, il est hors de question de tricher dans la prescription. Il faut que des médicaments comme le Ténofovir, comme pour le Sida, soient quasiment gratuits pour l’hépatite B.

Et pour le traitement de l’hépatite C….

S’agissant de l’hépatite C, de nouveaux médicaments miraculeux existent. On a déjà l’Interféron qui est efficace mais qui est extrêmement cher. Mais il y a de nouvelles molécules, totalement efficaces qui peuvent guérir. Je vous rappelle que les médicaments de l’hépatite B sont à prendre tout le temps. Quand on arrête, la maladie revient au galop.

Quant à l’hépatite C, il faut 12 à 24 semaines de traitement. A la fin de traitement, on guérit. Les soins, pour le moment, sont très chers.

Avez-vous un mot à l’endroit des dirigeants nationaux pour soutenir l’initiative de la Cie ?

Pour l’instant, je me considère seulement comme le conseiller de la Cie. Mais, il m’apparaît, après les discussions que j’ai eues avec des collègues ivoiriens, que trois grandes actions peuvent être menées sur place pour ouvrir la porte aux traitements. En la matière, le gouvernement ivoirien a de grandes responsabilités.

Premièrement, il faut que les enfants des femmes infectées de l’hépatite B soient vaccinés à la naissance et non à la sixième semaine. Quand on attend la sixième semaine, beaucoup de femmes ne reviennent pas faire vacciner leur enfant et leur transmettent le virus. Cela est visiblement insensé, parce que la prise en charge de l’enfant dès sa naissance est gratuite. C’est une grande chance en Côte d’Ivoire. Pourquoi donc attendre six semaines ?

Il faut, par ailleurs, profiter de ces dispositions pour dépister les mères et, pour celles qui sont positives, vacciner immédiatement leurs enfants. La sixième semaine est une recommandation inutile faite aux femmes et aux nouveau-nés. Elle n’est pas adaptée aux réalités de la maladie. Il faut également, quand la mère est très contagieuse, lui donner, quelques semaines avant son accouchement, des antiviraux. Ces médicaments, qui sont actifs et prescrits contre le Sida, doivent être, tout autant, gratuits pour l’hépatite B. Ces actes-là dépassent les engagements de la Cie. Ils sont du ressort des autorités médicales nationales.

Il faut donc négocier avec les fabricants…

Effectivement ! Il faut négocier, avec les grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux, l’adaptation des prix des nouveaux antiviraux au Pib ivoirien. Cela a été fait pour le Sida il y a bien longtemps et on peut le faire pour les hépatites, surtout l’hépatite C. A titre d’exemple, le laboratoire Viread a établi une liste de 90 Etats dans lesquels les prix des nouveaux médicaments de l’hépatite C vont être adaptés aux revenus du pays. Un traitement qui coûte 80 000 euros en France et qui guérit pourrait coûter 800 euros (525 000 Fcfa) dans un pays tiers. C’est une somme importante, mais elle est accessible.

Je propose, enfin, et c’est personnel, qu’on ajoute à la dénomination du ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida, le terme « hépatites ». En France, nous avons l’expérience de l’Agence nationale de recherche sur le Sida (Anrs). La moitié du budget de cette structure est consacrée aux hépatites et non au Sida. Il faut coupler la lutte contre ces deux pathologies qui sont des tueurs silencieux. Le Sida est un tueur silencieux rapide. L’hépatite est un tueur silencieux lent. Les deux sont des tueurs d’Africains. La lutte contre le Sida est une réussite en Côte d’Ivoire. Il n’y a aucune raison que cette réussite ne s’étende pas à la lutte contre les hépatites qui tuent plus que le Sida.

Comptez-vous inscrire votre collaboration avec la Cie dans la durée ?

Absolument ! On ne règle pas tout sur un coup de baguette magique. Je suis un expert du virus de l’hépatite, mais je ne suis pas un expert de l’Afrique. A travers cette thématique, je veux aussi apprendre de mes collègues ivoiriens. Et je le fais d’ailleurs durant ce séjour. Il y a des choses que je connaissais mais ne comprenais pas. Aujourd’hui, je les ai comprises. Je suis un homme des hépatites. Plusieurs membres de ma famille sont morts de ce virus. Je me suis impliqué depuis toujours dans le combat contre cette maladie. Entre autres, dans la recherche fondamentale et clinique, le traitement et la prise en charge des patients.

Ce qu’a entrepris la Cie est efficace et pragmatique. C’est pourquoi je suis à ses côtés. Cette structure a un avantage. Ses employés ont des revenus. Elle est également reconnue pour ses bienfaits sociaux. Soyons pratiques comme elle. Agissons là où il faut le faire et suivons son exemple. Que toutes les autres entreprises ivoiriennes s’en inspirent.

Entretien réalisé par GERMAIN GABO

Écrit par Cheickna Dabou

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