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Revue de presse de Santé tropicale

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Pr Mor Ndiaye médecin du travail, chef de service de médecine générale EPS 1 polyclinique IHS Dakar : « la tuberculose multi-résistante est une véritable bombe socio-sanitaire »

Sud Quotidien | Sénégal | 11/04/2015 | Lire l'article original

La tuberculose tue. Des sénégalais en sont victimes alors que la maladie se soigne gratuitement auprès de nos structures de santé. Le Professeur Mor Ndiaye dans cette interview accordée à Sud Quotidien a pris le temps d’expliquer la problématique de cette maladie qui affecte des milliers de sénégalais qui ignorent hélas leur statut. Mais, le pire dans la lutte engagée contre elle, ce sont les perdus de vue, c'est-à-dire les malades qui arrêtent le traitement pour une raison ou une autre. Ce sont ceux-là qui développent la forme multi-résistante tant redoutée qui se multiplie sous nos cieux devenant une véritable bombe socio-sanitaire.

La tuberculose est-elle une maladie à déclaration obligatoire selon la loi sénégalaise ?

La maladie de la tuberculose est une maladie contagieuse dont la transmission est effectuée par voie aérienne dans la majorité des cas mais également par voie digestive. Etant une maladie contagieuse qui peut se transmettre au sein de la communauté, c’est donc une maladie à déclaration obligatoire. Lorsqu’il y a un cas de tuberculose, il faut la déclarer, la notifier pour qu’on puisse prendre des mesures idoines par rapport à l’entourage et à la communauté et éviter la dissémination de la maladie. De par la loi sénégalaise et en médecine du travail, le vaccin contre la tuberculose appelé vaccin Calmette et Guérin et dénommé BCG est obligatoire. Il faut préciser également que dans le milieu du travail les vaccins contre l’hépatite, la fièvre jaune, la fièvre typhoïde, la diphtérie, le tétanos... sont obligatoires.
Donc, par rapport à la loi, tout travailleur qui est probablement en contact avec une communauté doit être immunisé contre cela. Mais, le seul inconvénient est que le BCG protège seulement contre les formes graves de tuberculose (miliaire et méningite) chez les enfants.

Est-ce que ces vaccins sont pris réellement en compte dans le secteur de l’emploi ?

En matière de santé du travail, il y a beaucoup de choses qui restent à faire. D’abord la visite médicale d’embauche est très mal effectuée à quelques entreprises près. Normalement, une visite médicale d’embauche, ce n’est pas un certificat de visite et de contre visite qu’on distribue ça et là. Non ! Une véritable visite médicale d’embauche, il faut que le médecin du travail puisse évaluer l’ensemble des risques que le postulant peut encourir par rapport à sa santé et les contre-indications par rapport à ces risques. C’est cela la visite médicale d’embauche.

Les malades tuberculeux qu’on appelle les perdus de vue ne constituent-ils pas un danger public ?

Ah Oui. Pour qu’on puisse juger de l’efficacité d’un programme de lutte contre la tuberculose il faut certes le nombre de cas déclaré, mais surtout le nombre de perdus de vue. Plus le taux de perdus de vue est important, plus il y a des failles dans ce programme. Ces perdus de vue constituent des personnes très dangereuses parce ce sont elles qui vont développer les formes résistantes aux bacilles. Parce qu’il est plutôt préférable d’être contaminé par un tuberculeux qui émet des bacilles sensibles aux antituberculeux courants que d’être contaminé par un tuberculeux dont les bacilles sont résistantes aux antibiotiques. Dans ce dernier cas, il faut des traitements au moins de deux ans avec toutes leurs conséquences. Donc, les perdus de vue constituent vraiment les maillons faibles d’un programme alors qu’ils doivent constituer l’axe fort dans la lutte contre la tuberculose. C’est pour cela que l’on fait les traitements sous la supervision d’un parent, agent de santé ou agent communautaire. Parce que c’est la phase la plus délicate. Maintenant, non seulement on prend les adresses complètes, mais on prend les numéros de portable du malade et les numéros de deux accompagnants. En cas de déperdition du malade, on peut le rechercher très rapidement.

Autrement dit les perdus de vue constituent les vecteurs de la forme résistante ?

Oui quelqu’un qui a commencé son traitement de façon inconsidérée peut devenir, après arrêt, un cas de résistance. L’OMS a sérié les tuberculeux en trois catégories. La catégorie 1 c’est tous les cas nouveaux. La catégorie 2, c’est les cas qui sont à reprises évolutives. Ce sont les gens qui suivent normalement leur traitement mais qui au bout d’un certain temps deviennent positifs. Il y a également les cas de rush qui sont des gens qui étaient traités et guéris et qui développent à nouveau la tuberculose. Il y a également des cas classés dans la catégorie 4. Ce sont les perdus de vue qui eux forcément font des traitements au jour le jour parce qu’ils peuvent quitter un centre de santé en essayant de trouver un autre centre de santé pour recommencer avant de disparaitre. On dit que le malade est multi résistant lorsqu’il résiste à deux antibiotiques majeurs à savoir la rifampicine et l’isoniazide qui tuent les bacilles tuberculeux.

Avec les avancées de la science et de la médecine y a-t-il une évolution en matière de traitement ?

Il y a une évolution du traitement. Je me souviens quand j’étais jeune médecin à l’hôpital de Fann au service de pneumonie dirigé par le Pr Pape Abdoulaye Kane (paix en son âme), on commençait les traitements par des injections pendant presque un mois et c’était très douloureux. Il y avait énormément de médicament qu’on donnait au malade qui prenait chaque matin un véritable repas thérapeutique. De véritables repas jusqu’à 13 comprimés. Mais maintenant avec le traitement moderne, les laboratoires ont réussi à faire des associations. On a un médicament qui contient quatre molécules dans un seul comprimé. Donc en tout et pour tout, le malade prend trois comprimés. Car l’un des problèmes avant était d’observance thérapeutique, car, il n’est pas évident de se réveiller chaque matin et de prendre 12 à 13 médicaments par jour.

Qu’en est-il de la durée du traitement ?

La durée, c’est deux phases et dure 6 mois. C’est une option que le Sénégal a prise. Normalement, quand on est en phase intensive on prend les quatre antituberculeux majeurs pendant deux mois. Il s’agit de Rifampicine, INH, éthambutol et pyrazinamide. Les quatre majeurs. A la fin du deuxième mois, on effectue un contrôle. Si l’on constate que les crachats du malade sont devenus négatifs, on passe à la phase d’entretien qui dure quatre mois. Et là on va utiliser la rifampicine et INH. C’est ce qu’on appelle RH. Donc, nous en phase intensive on utilise RHZE. R comme Rifampicine ; H comme Isoniazide, E comme éthambutol et Z comme pyrazinamide. Et en phase intensive on est obligé d’utiliser RHZE. Quatre antituberculeux pendant deux mois. Lorsqu’au deuxième mois on fait un contrôle qui est négatif, on passe à la phase d’entretien. L’OMS préconise qu’au cours de la phase intensive qui est la phase la plus sensible, il faut faire un traitement direct. Parce que c’est la période la plus sensible et une fois la personne négative, il y a de forte chance qu’elle puisse adhérer au traitement. Il y a alors une reprise d’appétit et de poids. Après cela, on fait trois autres mois de traitement et au 5ème mois un autre contrôle. Et au 6ème mois, même si le malade ne tousse plus, on est obligé de faire encore un examen de crachat pour établir sa guérison. Mais lorsqu’en fin de traitement, le patient ne fait pas le dernier examen – on met seulement sur son carnet « traitement terminé ».
C'est-à-dire tu as suivi ton traitement pendant 6 mois mais on n’a pu établir la guérison complète.

Et le traitement de trois mois ?

Non, cela est expérimental. Le traitement le plus court dure 6 mois. Maintenant les groupes pharmaceutiques sont en train de faire des associations de six médicaments pour raccourcir le délai. Au Sénégal, il faut dire qu’on a un bon programme. On a la chance d’avoir des autorités qui sont très alertes et qui ont rendu le traitement de la tuberculose gratuit. C’est pour cela qu’en matière de tuberculose, on reçoit beaucoup de malades de la sous-région.

Qu’est ce qu’il y a lieu de faire contre ces perdus de vue ?

Il faut une vaste politique de recherche. Il faut une politique de sensibilisation des parents, des communautés et des agents communautaires qui vont se charger de rechercher les perdus de vue.

Est-ce que la loi ne prévoit pas une sanction ou une pénalité ?

La loi ne prévoit pas cela. Mais des pays comme le Bénin hospitalisent tous les malades pendant deux mois pour être sûr qu’ils ont été stérilisés. Dans certains pays occidentaux les gens avaient réussi presque à contrôler la tuberculose. Mais c’est une maladie sociale et un excellent indicateur de pauvreté.

Par rapport à la tuberculose multi résistante, ne faudrait-il pas faire intervenir de nouveaux aspects juridiques ?

Ah oui, c’est comme le Sida, quand les gens se sont rendu compte qu’il y avait des gens qui transmettaient le sida intentionnellement, le législateur a dit qu’il faut stopper ce genre de personne. Maintenant, il va falloir réfléchir sur les cas de multi résistance qui se multiplie sous nos cieux devenant une véritable bombe socio sanitaire. Parce qu’avant de sanctionner, il faudrait que l’Etat puisse prendre ses responsabilités et protéger tous les citoyens.

Quel est le problème de la détection ?

Malgré la sensibilisation, le premier recours de nos patients, c’est la médecine traditionnelle. Qu’on le dise ou qu’on ne le dise pas, il y a des zones où quand tu tousses ou craches du sang, les gens pensent à des croyances mystiques ou culturelles soutenant qu’il y a des gens qui veulent manger ton foie. Ce qui fait que, souvent, on a des malades qui viennent se faire consulter un peu tard. Alors qu’il a été très bien dit à travers des messages que lorsqu’une personne tousse pendant quinze jours avec échec du traitement antibiotiques, elle doit aller voir s’il n’est pas tuberculeux. Cela, le programme national de lutte contre la tuberculose le dit ouvertement à qui veut l’entendre. Par exemple, ceux qui fument, quand ils toussent et crachent, ils trainent avec la maladie et soutiennent qu’ils sont chroniques du tabac alors qu’ils peuvent être malades. Une haute autorité de ce pays a eu son fils qui a contracté la tuberculose. Le monsieur a appelé le service d’hygiène qui a nettoyé sa maison et il a ensuite mis dehors ses bonnes, et son gardien alors que c’est sa propre mère qui vivait dans la maison qui était tuberculeuse et avait contaminé son petit-fils. En Europe on met les vielles personnes dans des centres alors que pour nous, une personne âgée est la gardienne de notre civilisation. Imaginez qu’elle est tuberculeuse – et tous les petits enfants se regroupent autour d’elle cloitrée dans une chambre ?

Qu’est ce qu’il y a lieu de faire pour améliorer la gestion du traitement ?

Renforcer la communication. Toutefois, il faut reconnaitre que des efforts sont en train d’être faits pour une bonne sensibilisation des citoyens (panneaux publicitaires, spots radios et télévision). La presse devrait être le point central. Faire comprendre que le traitement est gratuit et dure six mois avec une phase où tu es obligé de boire ton traitement devant des personnes. Parce que c’est la phase la plus sensible et au terme de 6 mois de traitement, tu peux guérir de la tuberculose. Dire également que lorsque tu as une toux qui dure plus de 15 jours avec une fièvre tous les soirs il faudra se consulter auprès d’une structure de santé pour faire un examen de crachat.

Cheikh Tidiane MBENGUE

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