“ C’est une séance d’enseignement post-universitaire que la Société sénégalaise d’Orl a décidé d’organiser dans le cadre de l’animation médico-scientifique de Dakar. Nous l’avons intitulée carrefour, un cadre de rencontres et d’échanges entre des personnes qui ont des préoccupations communes. En général, ces carrefours sont organisés tous les 2 mois et la séance d’avant-hier est la 12e du genre organisée depuis 2 ans ”, a expliqué le Pr. El Hadji Malick Diop, président de la structure et par ailleurs chef du service d’Orl de l’Hôpital Aristide Le Dantec.
Le Pr. Diop a fait remarquer qu’ils s’évertuent à retenir des thèmes qui intéressent les spécialistes, c’est-à-dire des thèmes transdisciplinaires.
Le thème d’avant-hier n’a donc pas dérogé à la règle. Il portait sur la pathologie thyroïdienne. Ainsi, l’assistance a eu droit à un riche exposé du Pr. Patrice Tran Ba Huy, chef du service Orl de l’Hôpital Lariboisière de Paris au sujet de la place de la chirurgie dans la pathologie thyroïdienne. Devant un public tout ouie, il a parlé des aspects relatifs à l’examen clinique, au bilan biologique, aux précautions à prendre dans la dissection et l’identification des anomalies, à la nouveauté chirurgicale, à la durée de l’hospitalisation, etc.

Qualité de la cicatrice

Dans son exposé, le Pr. Patrice Tran Bu Huy a mis un accent particulier sur une nouveauté sur le plan de l’approche chirurgicale des nodules thyroïdiens, c’est-à-dire des goitres : il s’agit de la chirurgie endoscopique. Cette chirurgie est réalisée à travers une incision cutanée de 2 cm, ce qui est remarquable sur le plan de la qualité de la cicatrice, aux yeux des spécialistes.
“ Mais, je dois cependant dire que cette chirurgie-là s’adresse à des goitres de petits volumes inférieurs à 3 cm de diamètres ”, a nuancé le Pr. El Hadji Malick Diop. À l’en croire, ces goitres de petits volumes sont assez rares dans leurs pratiques. “ Nous avons plutôt affaire à des goitres volumineux entraînant parfois, comme ce fut le cas de la 2e communication, (présentée par le Dr Bamba Cissokho du service de l’Orl de l’Hôpital Principal et portant sur le goitre plongeant) des troubles fonctionnels importants : modification de la voix, difficultés respiratoires, toux, difficultés à avaler, etc ”. Pour ces cas-là, a-t-il souligné, on fait une incision cervicale d’une longueur adaptée à la grosseur de la masse de façon à l’extraire sans difficulté. Mais, pour lui, il ne faut cependant pas occulter les difficultés techniques de l’ablation de ces masses. “ Cette ablation obéit à des règles techniques précises, basées sur la rigueur, la douceur, la patience et sur la connaissance de l’anatomie de la région cervicale ”.

Suspicion de cancer

De l’avis du Pr. El Hadji Malick Diop, il faut insister sur la grande fréquence de la pathologie thyroïdienne. “ Le Dr Cissokho nous a dit que dans son service, à l’Hôpital Principal, pour une période de 10 ans, 728 cas ont été enregistrés. Pour notre part, à l’Hôpital Aristide Le Dantec, nous enregistrons une moyenne de 4 goitres par semaine ”. Quid des causes ? À cette question, le Pr. Diop répond qu’il est difficile de retenir une cause. “ Il y a certainement une part liée à la carence en iode, une part d’hérédité, mais dans la plupart des cas, on ne retrouve pas de cause précise en dehors d’un dérèglement hormonal ”.
Et si on lui demande à quel stade intervient l’opération, le Pr. Diop explique que l’intervention est recommandée chaque fois qu’il y a une suspicion de cancer, une déformation esthétique patente du cou, voire des troubles hormonaux majeurs.
Malheureusement, s’est-il désolé, il n’y a pas de traitement préventif en dehors de l’utilisation du sel iodé, et malgré la consommation du sel iodé, la pathologie thyroïdienne reste courante. Après l’ablation du goitre, la durée de l’hospitalisation tourne autour de 3 à 4 jours, s’il n’y a pas de complication.
D’après le Pr. Diop, toutes les thyroïdectomies (ablation de la totalité de la glande) peuvent être réalisées au Sénégal. Rares sont les situations où un complément thérapeutique peut être effectué en dehors du Sénégal. Les interventions se font à Dakar et dans les régions dotées de structures chirurgicales pourvu qu’il y ait, selon lui, une équipe d’anesthésistes.

Joseph Birame Sène

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