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Revue de presse de Santé tropicale

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Malnutrition infantile : Ce mal qui sévit rigoureusement à Ouaga

Le pays | Burkina Faso | 17/01/2019 | Lire l'article original

La malnutrition vue sous l'angle de la dénutrition ou de la sous-nutrition ne sévit pas seulement que dans les campagnes et dans les provinces. Le mal a aussi investi la ville. Pour avoir un aperçu de la situation, nous nous sommes rendus au Centre de Récupération et d'Education Nutritionnelle (CREN) de l'hôpital Saint Camille de Ouagadougou (HOSCO), le 6 décembre 2018.

Afin de respecter la volonté de la responsable du service pédiatrique de l'hôpital, les photos ont été prises de sorte à ne pas révéler le visage des patients ni celui de leurs parents.

Il est 8h lorsque nous franchissons, avec bien d'autres personnes, le portail de l'hôpital Saint Camille de Ouagadougou (HOSCO). Notre destination, le Centre de récupération et d'éducation nutritionnelle (CREN).

Nous mettons environ une dizaine de minutes pour parcourir à pied la distance qui sépare l'entrée principale et le CREN. Le CREN de l'HOSCO fait partie de l'un des rares centres existant à Ouagadougou et oeuvrant dans la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition.

Du lundi au vendredi, le CREN reçoit un groupe d'enfants en situation de sous-nutrition. Donc, pas un jour ouvrable ne passe sans que le centre ne grouille d'enfants. C'est au moins une quinzaine d'enfants qui y sont reçus par jour.

Et le jeudi 6 décembre 2018, le CREN est censé recevoir un groupe d'enfants malnutris en phase de récupération. Mais à notre arrivée sur les lieux, aux environs de 9h, les mamans et leurs bébés n'étaient pas encore arrivés.

« Les mamans devaient être là depuis 6h mais comme il fait frais, c'est certainement pour cela qu'elles sont en retard », nous renseigne une monitrice du CREN. Effectivement, aux environs de 9h, les mères et les petits patients, chaudement habillés, commencent à arriver une à une avec leur ballot pour la journée.

Avant que les petits patients ne viennent sous le hall pour la prise en charge, ils doivent passer par l'étape de la pesée hebdomadaire. Une étape redoutée par les mamans des enfants en état de malnutrition.

Au CREN de l'HOSCO, c'est le tout pour le tout pour plus de kilos. « Quand on me dit que mon enfant a ajouté des kilogrammes, je suis contente mais si c'est le contraire, c'est un peu décourageant », nous confie Korotimi Tapsoba, commerçante de légumes.

Elle est la mère de la petite Amanda Bitibali, âgée de 12 mois avec 6,660 kilogrammes et admise au CREN à l'âge de 8 mois pour 6 kilogrammes.

Depuis ce temps, l'emploi du temps de dame Tapsoba est le même tous les jeudis. « A 5h du matin, je suis au marché de la Cité An II.

A 8h, je laisse mes marchandises avec ma mère et je viens au CREN de Saint Camille pour m'occuper de mon enfant ». Au moment des échanges avec la maman, Amanda a du mal à rester sur place.

Le CREN semble être un endroit familier pour elle. Alors, elle est à l'aise et prend du plaisir à marcher et à aller là où ses petits pas hésitants la conduisent. Une attitude qui plaît à la maman parce que l'enfant arrive à jouer. Ce qui n'a rien à voir avec son comportement du premier jour au CREN.

La maman d'Amanda se souvient encore des circonstances qui l'ont conduite au CREN de Saint Camille. A l'entendre, cette période a été douloureuse pour sa famille. En effet, l'enfant faisait la diarrhée et elle ne mangeait pas.

« On m'a demandé de faire des examens de selles et de sang. C'est après qu'on m'a dit que mon enfant est faible et qu'elle souffre de malnutrition », relate Korotimi Tapsoba qui poursuit : « en tant que maman, j'étais découragée mais les conseils qu'on m'a prodigués pendant la consultation, m'ont redonné du courage ».

Eric Konaté, agent de bureau et père du petit Auguste César, a aussi été éprouvé par l'état de santé de son enfant qui a été admis au CREN à 15 mois avec un poids de 5 kilogrammes, après une phase de maladie.

« Quand le médecin nous a dit que notre fils souffrait de malnutrition, sur-le-champ, nous étions choqués », déclare Eric Konaté qui pensait que la situation de malnutrition n'arrivait qu'aux enfants des autres.

Il était le seul homme parmi le groupe de femmes à avoir amené son enfant au CREN de l'hôpital Saint Camille. On imaginerait qu'il a mis son enfant au dos.

Non. Il l'a mis dans un porte-bébé qu'il a placé devant lui pour le transporter. Un homme qui transporte son bébé à l'hôpital en consultation et de surcroît seul au milieu de nombreuses femmes, une curiosité qui mérite d'être relevée sous nos cieux.

Mais pour Eric Konaté, il n'y a rien d'extraordinaire en cela. « Au début, je venais avec ma femme. Elle était presqu'à terme. Comme elle a accouché, c'est ce qui explique que je viens seul avec l'autre jumeau pour le rendez-vous hebdomadaire », explique-t-il.

Pour celui qui fréquente le CREN avec son enfant depuis un mois, il trouve que l'état de santé de l'enfant évolue positivement et qu'il prend du poids. En effet, le 6 décembre dernier, après la pesée hebdomadaire, le petit Auguste César Konaté âgé de 16 mois, pesait 7, 500 kilogrammes.

Et le fait de fréquenter le CREN aide beaucoup le bébé de 16 mois à s'en sortir. Son père ne cache pas sa satisfaction. « Avec le chocolat, (le plumpy nut) qu'on nous donne gratuitement et les conseils nutritionnels que nous recevons, au CREN, Auguste César commence à récupérer », affirme-t-il d'un air rassuré.

Il n'est pas seul à avoir ce sentiment. En effet, Assana Ouédraogo aussi se dit soulagée depuis le 21 juin 2018, date à laquelle elle a commencé à fréquenter le CREN avec son enfant malade âgé de 13 mois qui ne mangeait pas.

A la date du 6 décembre, l'enfant de Assana est passé de 7,810 kilogrammes à 9,170 kilogrammes. « En tout cas, ça va beaucoup mieux actuellement grâce aux conseils nutritionnels que je reçois au centre », nous confie-t-elle tout en lançant un message aux mères.

« Souvent, nous les mères, quand nous sommes occupées à travailler, nous ne voulons pas donner à manger aux enfants parce que nous ne voulons pas interrompre ce que nous sommes en train de faire. Ce n'est pas bon. Nous devons cesser de nous comporter ainsi et donner à manger à nos enfants ».

« Je donnais à mon bébé la bouillie de petit mil que les femmes vendent »

Le CREN de l'hôpital Saint Camille semble redonner vie à ces patients particuliers. Et c'est aussi au CREN qu'on voit l'espoir renaître sur le visage de ces mères souvent bouleversées et ne sachant plus à quel saint se vouer.

C'est le cas de Bibata Sawadogo que nous avons rencontrée aux environs de 10h aux urgences pédiatriques. Assise sur le lit, le regard hagard, Bibata tient dans ses bras, sa fille Mouniratou de 8 mois reliée à une machine qui l'aide à respirer.

Elle venait de finir de lui donner le bibéron. Selon le diagnostic du médecin, Mouniratou souffre d'une malnutrition aiguë sévère.

Lorsque nous pénétrons dans la salle d'hospitalisation, nos yeux de profane ont du mal à supporter ce que nous voyons. Nous sommes envahi par une certaine inquiétude au sujet du bébé Mouniratou. C'est comme si sa maman le pressent.

Et elle nous dit : « aujourd'hui ça va beaucoup mieux ». Sinon, « le mardi (ndlr 4 décembre), c'était grave ». Nous voulons en savoir plus, mais Bibata Sawadogo, encore sous le choc émotionnel, affirme ne pas savoir ce qu'elle a fait ce jour, ni comment elle est arrivée à l'hôpital Saint Camille.

Tout ce qu'elle sait, c'est que « son bébé était faible, vomissait et avait des difficultés pour respirer ». Et c'est ce qui a conduit l'enfant en consultation. « Pourquoi avez-vous attendu que le mal atteigne un niveau grave avant d'amener le bébé à l'hôpital ? »

Comme simple réponse, Bibata déclare : « on ne pouvait pas venir à l'hôpital les mains vides ». Déconcerté, nous poursuivons la conversation : « mais depuis l'hospitalisation de l'enfant, combien avez-vous dépensé jusque-là? »

Et la maman de la petite patiente de nous faire savoir que pour le moment, ils n'ont pas beaucoup dépensé : « On nous donne gratuitement le lait, le sel de réhydratation et certains médicaments ». Une réponse qui nous laisse songeur mais nous cherchons à connaître ce qui a bien pu mettre Mouniratou dans cet état.

C'est ainsi que Bibata Sawadogo se laisse aller tout en donnant aux compte-gouttes du sel de réhydratation à son bébé qui respire difficilement. « Je suis venue de Gaoua pour voir mes parents à Ouagadougou.

Je suis tombée malade et je n'avais plus de lait. Alors, je donnais à mon bébé la bouillie de petit mil que les femmes vendent ».

Avec tout cela, dame Bibata dit n'avoir jamais pensé que son enfant pouvait être hospitalisé pour malnutrition. Après l'échange avec la maman de cet enfant en situation de malnutrition sévère, c'est le cœur serré que nous quittons les urgences pédiatriques.

Le cri du cœur de Sœur Madeleine Compaoré du CREN de Saint Camille

« Quand les enfants viennent en consultation, on prend le poids, la taille, le périmètre graduel pour savoir si l'enfant est malnutri ou non. Il y a la malnutrition aiguë sévère (MAS) et la malnutrition aiguë modérée (MAM).

Selon les cas, il y a des mesures de lait que l'on doit donner à l'enfant chaque jour. Au CREN, nous recevons les MAM, chaque semaine et les MAS tous les jours ou au moins 3 fois par semaine, sauf le samedi et le dimanche, parce que nous devons les suivre de près. Les enfants ont droit, le matin et le soir, au yaourt.

Les mamans, quant à elles, c'est une seule fois. Les enfants et leurs mères restent toute la journée à l'hôpital et repartent vers 15h. C'est l'hôpital qui les prend en charge en leur offrant des vivres, l'argent des condiments parce qu'il faut que les mamans mangent bien. Si elles ne mangent pas bien, il y aura une insuffisance de lait maternel.

Et c'est cette insuffisance de lait qui entraîne aussi la malnutrition. Au CREN, on essaie de récupérer l'enfant à travers le lait, le matin à 8h et avant le départ le soir, la bouillie à 10h, à midi la soupe et la bouillie. La bouillie qu'on donne aux enfants, s'appelle « misola ». Elle est fabriquée à Saint Camille, uniquement pour les enfants malnutris.

En plus de cela, en fonction du poids de l'enfant, on donne le « plumpy nut » que le district sanitaire nous procure. Et chaque jour ou chaque semaine, on pèse l'enfant pour voir s'il a augmenté de poids ou non.

Quand les femmes arrivent au CREN, elles doivent balayer et nettoyer au savon la cuisine et la salle de repos, puisque les enfants vont y jouer et il y a des choses qui vont tomber et qu'ils vont ramasser et mettre dans la bouche. Comme ce sont des enfants malnutris, ils sont plus exposés aux infections. C'est pourquoi nous éduquons les femmes à la propreté.

Après cela, les femmes se divisent en deux groupes. Un groupe va faire le marché et l'autre groupe fait la cuisine. Chaque jour a son menu. Pendant le repas, nous contrôlons comment les femmes donnent à manger aux enfants. Si la maman suit bien nos conseils, en une semaine, l'enfant commence à récupérer.

Mais tout dépend de la motivation de la maman. Il y a des femmes qui se donnent vraiment, parce qu'elles veulent que leur enfant récupère. C'est ainsi qu'à la maison, elles essaient de mettre en pratique les instructions qu'elles ont reçues au CREN. Et quand il y a la collaboration du mari, cela aide beaucoup l'enfant.

Notons qu'à la maison, l'enfant doit avoir sa marmite à part. Une marmite dans laquelle on prépare uniquement pour l'enfant, parce qu'il ne peut pas manger ce que toute la famille mange en ce sens qu'il n'y trouvera pas les nutriments dont son organisme a besoin. En plus, l'enfant doit manger à des heures précises.

Mais si la femme ne se donne pas assez et que l'homme ne veut pas collaborer, l'enfant peut faire deux mois au CREN sans récupérer. Et certaines femmes, quand leurs enfants récupèrent, ils rechutent par négligence et elles reviennent encore au CREN. Si l'enfant est malnutri sévère, il doit venir tous les jours.

Mais beaucoup d'hommes refusent. Ils ne donnent pas l'argent de l'essence à la femme ni l'argent du taxi. Et certaines fois, la situation de ces enfants empire.

C'est à ce moment qu'ils accourent à l'hôpital mais il n'y a plus rien à faire. A ce moment, l'enfant souffre d'une malnutrition sévère et est déshydraté, anémié et il faut l'hospitaliser. Il y a des enfants qui s'en sortent comme il y en a qui meurent.

Le CREN de Saint Camille existe depuis plus de cinquante ans. Et des parents viennent des provinces pour faire prendre leurs enfants en charge au CREN de Saint Camille. Au début, on recevait beaucoup d'aides des ONG et des Italiens.

Mais actuellement, c'est dur pour nous. On ne sait pas si on pourra tenir longtemps parce que l'Italie ne nous aide plus car, ils (les Italiens) sont en crise, les ONG aussi se sont retirées. L'ONG Terre des hommes qui nous dotait en lait, arrêtera cette dotation en 2019. Nous ne savons plus ce que nous allons faire.

Et c'est un grand souci pour nous. Si on n'a pas d'aide dans les mois à venir, on sera obligé de fermer un jour le CREN.

Ce qui n'est pas bien parce que les enfants que nous sauvons au CREN, font partie de ceux qui vont développer le Burkina Faso de demain. Nous acceptons les aides de toutes sortes. Même les condiments. Notre objectif, c'est de voir les enfants grandir en bonne santé. »

Par Françoise Dembele

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