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L'Express | Maurice | 26/03/2007 | Lire l'article original
Le “chairman” du Centre de cardiologie de Pamplemousses, Siv Potayya persiste et signe. Après avoir dit haut et fort que médecins et infirmiers du Centre cardiaque de Pamplemousses n’ont pas le droit de pratiquer dans le privé, il entend réunir le “board” du Trust Fund jeudi pour préciser que le Trust Fund For Medical Care Act ne donne aucun droit de détenir un double emploi.
Il s’est élevé contre cette pratique une première fois vendredi dernier dans une déclaration au journal Le Défi Plus. Selon certains renseignements, il aurait aussi passé des appels téléphoniques à certains médecins pour leur interdire de pratiquer des opérations cardiaques dans des cliniques privées.
“Les cardiologues et chirurgiens cardiologues du centre n’ont pas le droit à la pratique privée. Ils ont à choisir entre le privé et le centre cardiaque”, a-t-il déclaré à la presse vendredi. Or cette déclaration et des appels qu’il aurait passés, le personnel préfère en rire, dans la mesure où une “task force” avait justement été mise sur pied, alors que Ashock Jugnauth était ministre de la Santé, pour se pencher sur la possibilité que le personnel du centre cardiaque ait une pratique privée.
Il avait alors été décidé que ceux qui veulent pratiquer aussi dans le privé pouvaient le faire mais ne recevraient pas l’allocation qui serait accordée à ceux qui optaient pour le “non private practice”.
“Plus de deux ans après l’application de cette mesure Siv Potayya “découvre” que les médecins du centre ne peuvent faire de la pratique privée. Il ne connaît pas son dossier”, lance un médecin. Il est aussi reproché à ce chairman de s’être adressé directement aux médecins et infirmiers pour leur intimer l’ordre de ne plus pratiquer dans le privé, alors qu’il n’a nullement le droit de le faire. La procédure veut qu’il en réfère à l’executive chairman et à son conseil d’administration.
On indique aussi qu’un protocole d’accord permet aussi à des infirmiers et des chirurgiens du centre cardiaque de travailler dans les cliniques privées et d’assurer la formation des infirmiers du privé, en dehors de leurs horaires de travail. Cette décision avait été prise pour permettre au secteur privé de former des infirmiers pour éviter qu’il ne débauche ceux du Centre de cardiologie.
Cette politique permet aussi à ces infirmiers d’arrondir leurs fins de mois, ce qui les découragerait par là même de quitter le pays. En fait, le travail des infirmiers et infirmières des centres cardiaques requiert une longue formation. Le centre de cardiologie perdu 95 infirmiers spécialisés depuis son ouverture. Mais aujourd’hui, c’est une autre menace qui le guette : il risque de perdre ses meilleurs chirurgiens cardiaques. “Si ces cardiologues et ces chirurgies partent, le gouvernement n’aura d’autre choix que de fermer ce centre, car on ne pourra pas les remplacer. Ni par d’autres spécialistes du pays ni des spécialistes étrangers”, affirme catégoriquement le Dr Sungkur, ex-chief medical officer du ministère de la Santé. (Voir interview plus loin).
Questions au Dr Sungkur l’ex-CMO
Vous avez été “Chief Medical Officer” au ministère de la Santé. En personne neutre, quel est votre regard sur la situation qui prévaut actuellement au centre de cardiologie de Pamplemousses. ?
J’ai comme l’impression que le centre de cardiologue de Pamplemousses est sur le point de fermer ses portes. Ce sera malheureux pour ces centaines de milliers de cardiaques que compte le pays et qui n’ont pas les moyens de payer ni un cardiologue privé, ni une clinique ou encore une opération à l’étranger.
J’affirme que le gouvernement ne peut se payer le luxe de perdre les cardiologues interventionnels et les chirurgiens cardiaques de ce centre. Des gens comme Sunil Guness, Satar Bhoyroo, Mustapha Sorefan, et Deshmunk Reebaye de même que le Dr Jugessur sont des professionnels hautement qualifiés. Si on continue à les enquiquiner par mesquinerie, ils s’en iront et le gouvernement ne pourra pas les remplacer. Ce sera la fermeture pure et simple du centre de cardiologie.
On ne pourra pas trouver des cardiologues et des chirurgiens cardiaques de l’étranger, de l’Inde, par exemple, qui ne coûtent pas cher ?
Il est vrai que personne n’est irremplaçable. Mais j’ai été cherché des cardiologues et des chirurgiens cardiaques en Inde avec l’ex-ministre de la Santé, Ashock Jugnauth. Les cardiologues indiens demandent un salaire de Rs 100 000 par mois et payable en dollars américains. Pour les chirurgiens cardiaques, c’est Rs 150 000 à Rs 200 000 toujours en dollars américains. En fait, c’est ce qu’ils touchent en Inde alors que les cardiologues et chirurgiens sont rétribués à Rs 50 000 mensuellement.
Ce que les Indiens considèrent comme un salaire de misère…. La dernière fois que j’ai sollicité l’aide du professeur Saxena pour trouver des cardiologues et des chirurgiens cardiologues et qu’il a pris connaissance du nombre d’heures de travail et des salaires, il m’a immédiatement fait comprendre qu’il serait impossible de trouver des professionnels indiens sous ces conditions.
Si on inverse les données, on arrive à la conclusion que nos cardiologues et chirurgiens cardiologues ont des salaires très élevés à l’étranger ?
Il n’y a pas de doute et c’est pourquoi il faut tout faire pour les garder dans nos hôpitaux pour ceux qui n’ont pas les moyens de se faire opérer dans des cliniques privées ou à l’étranger. C’est dans cette optique que l’ex-ministre de la Santé, Kishore Deerpalsingh, avait mis fin à une loi promulguée par son prédécesseur, Prem Nababsingh, pour permettre aux spécialistes de faire de la pratique privée afin d’arrondir leurs fins de mois. Un spécialiste touche à Maurice entre Rs 30 000 à Rs 40 000 alors qu’ils ont investi des millions de roupies à étudier entre sept à dix ans. Il est vrai que les médecins du centre de cardiologie sont mieux rémunérés mais contrairement aux médecins des hôpitaux qui travaillent de 9 à 16 heures, ils doivent assurer des horaires de 8 à 18 heures.
Pensez-vous que ce centre assume bien son rôle ?
Oui mais il est grand temps de changer tout cela et de penser à davantage développer ce centre car le nombre de malades cardiovasculaires ne cessent de croître dans le pays. D’autre part, ce centre peut rapporter beaucoup d’argent au gouvernement en opérant des cardiaques de la région, c’est-à-dire des Seychelles, des Comores, de Madagascar, de l’Afrique et principalement les enfants dont les opérations sont payées par des organisations humanitaires.
Raj JUGERNAUTH
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