Accès aux sites pays BENIN BURKINA FASO CAMEROUN CENTRAFRIQUE CONGO COTE D'IVOIRE GABON
GUINEE MADAGASCAR MALI R.D. CONGO SENEGAL TOGO
Le pays | Burkina Faso | 08/01/2006 | Lire l'article original
"Votre Santé" : Que faut-il entendre par anatomie pathologique ?
Pr Robert Soudré : L'anatomie est l'étude des organes humains que ce soit le foie, la rate, le cerveau, les yeux, etc. Et pathologique signifie malade. L'anatomie pathologique est donc l'étude des organes malades. En médecine, quand vous avez par exemple mal au ventre, vous allez voir un médecin que l'on appelle clinicien. Ce dernier vous interroge, vous palpe, vous ausculte et dit que vous avez par exemple un gros foie. Mais un gros foie peut être dû à une banale inflammation, à des parasites ou à un cancer. L'anatomie pathologique a pour fonction dans ce cas d'examiner un fragment de ce foie que le médecin va prélever et dire de tout ce que nous avons cité lequel est la cause de la grosseur. En d'autres termes, l'anatomie pathologique examine les organes et fait le diagnostic exact des maladies. C'est un travail de laboratoire.
Il existe des spécialistes des organes du corps comme le coeur, les poumons, etc. A vous entendre, vous êtes spécialiste de tous les organes du point de vue des pathologies dont ils peuvent être l'objet ?
La médecine est vaste et l'anatomie pathologique l'est aussi. J'ai évoqué tantôt un organe comme le foie mais il y a également par exemple le système nerveux. En tant qu'anatomo-pathologiste, je suis chargé d'examiner tous les organes. Mais il ne fait aucun doute que dans les pays où les équipes sont beaucoup plus étoffées qu'ici, chaque anatomo-pathologiste se spécialise par rapport à un organe donné. Ici je suis obligé de faire de l'anatomie pathologique généraliste.
Quel est le parcours à suivre pour devenir anatomo-pathologiste ?
Il faut d'abord être médecin. Après les études de médecine générale, vous faites une spécialité de 4 ans pour devenir anatomo-pathologiste. C'est une spécialité médicale pure.
En dehors de l'anatomie pathologique, que faites-vous d'autre comme spécialité médicale ?
Dans la présentation, je disais que je suis médecin biologiste des hôpitaux. Je suis titulaire d'un diplôme de l'Institut Pasteur de Paris qui me donne des compétences dans les autres domaines de la biologie comme par exemple la microbiologie. En outre, je suis titulaire d'un diplôme européen d'épidémiologie. De ce fait, je fais de l'épidémiologie mais ce n'est vraiment pas mon dada. J'enseigne également la méthodologie de la recherche appliquée en médecine à l'Université de Ouaga. Cela suppose que j'apprends aux étudiants comment aborder la recherche en médecine.
Est-ce exact que vous êtes aussi gynécologue ?
Je ne suis pas gynécologue mais de par mes fonctions d'anatomo-pathologiste, je suis amené à faire des frottis cervico-vaginaux à la recherche de cancers du col de l'utérus. Je travaille beaucoup avec les gynécologues sans en être un.
On vous fait recours pour les autopsies. Est-ce une de vos spécialités également ?
Dans la présentation, j'ai oublié de vous dire que je suis expert auprès de la Cour d'appel de Ouaga. En tant qu'anatomo-pathologiste, je suis souvent sollicité pour faire des autopsies en cas de mort suspecte. C'est effectivement une de mes fonctions.
Etes-vous le seul anatomo-pathologiste du Burkina ? Avez-vous des relations avec d'autres de votre spécialité au cas où il en existerait ?
C'est un domaine où on ne peut pas travailler seul étant entendu que je ne peux pas pratiquer au Burkina toutes les techniques qui mènent au diagnostic des maladies. Je suis obligé de travailler en collaboration avec d'abord des collègues d'Afrique comme ceux de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Sénégal mais aussi avec des collègues d'Europe travaillant surtout dans les facultés de médecine, les hôpitaux partenaires de notre hôpital national. A la question de savoir si je suis le seul anatomo-pathologiste du Burkina, je dis que je ne suis pas le seul. J'ai juste été le premier anatomo-pathologiste de notre pays mais j'ai déjà eu à former 3 personnes qui exercent au Burkina.
Avez-vous un cadre unitaire à l'image par exemple des chirurgiens-dentistes, des pharmaciens ?
Je suis médecin et je fais d'office partie de l'Ordre des médecins qui est unique. On ne peut donc pas créer un ordre des anatomo-pathologistes, ça n'existe nulle part. Maintenant sur le plan associatif, nous faisons partie de la branche burkinabè de l'Académie internationale des pathologies.
Depuis 1984, le Sida est d'actualité au niveau mondial. Vous arrive-t-il de détecter des cas de Sida lors des diagnostics des pathologies qui vous sont soumises ?
Si je n'ai pas fait cas du Sida jusque-là, c'est parce que vous avez circonscrit l'entretien sur mon titre. Sinon c'est moi et le feu Professeur Hilaire Tiendrébéogo qui avons mis en évidence le virus du Sida au Burkina en 1986. Depuis cette date, je suis engagé dans la lutte contre le Sida et je suis également son évolution. Ce n'est pas quelque chose que j'ignore. Par rapport à votre question, je vois des cas de Sida dans le cadre de mon exercice médical.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l'exercice de votre fonction ?
Il y en a beaucoup. Pendant longtemps, les collègues médecins ont eu l'habitude de travailler sans se référer à un anatomo-pathologiste. Heureusement, c'est de moins en moins le cas. L'anatomie pathologique est une discipline qui ne se contente pas de l'à-peu-près. J'ai besoin d'un microscope performant; ce n'est pas toujours le cas. J'ai besoin de beaucoup de substances pour révéler certaines maladies. Ces substances coûtent cher et le budget ne permet pas d'en disposer ou si c'est le cas, ce n'est pas en quantités suffisantes d'où des ruptures. Je disais tantôt que les médecins nous envoient maintenant des prélèvements pour lesquels si l'on fait le point on se rend compte que la quantité est tout de même importante. Au regard du nombre d'anatomo-pathologistes, quatre pour douze millions d'habitants, cela donne un ratio d'un anatomo-pathologiste pour 3 millions de personnes.
Vous dispensez des cours à l'Université, travaillez à l'hôpital Yalgado Ouédraogo, avez votre propre clinique. Comment conciliez-vous ces différentes activités ?
Il n'y a pas que cela que je fais comme activités. Je voyage beaucoup car je vous ai dit que je suis expert de l'OMS pour les laboratoires des pays en développement. Cela m'amène à m'absenter du pays au moins quatre fois dans l'année. Il faut bien arriver à coordonner le tout avec les activités au niveau national. Actuellement il y a deux assistantes avec moi à l'hôpital Yalgado ; ce qui me permet d'absorber le trop plein de travail. Pour ce qui concerne mon activité privée, je vous ai dit que c'est vraiment un appendice. C'est à mes temps perdus que je l'exerce. Il n'est pas rare de voir à 22 h ou à 23 h toujours de la lumière dans mon bureau où je suis en train de travailler. Je vous dis que mon travail est une interprétation de lames (NDLR : il nous montre une). Je n'ai pas besoin du malade pour faire le diagnostic de sa maladie. Je passe donc mon temps à observer les lames et le lendemain je dis au médecin que son malade souffre de telle pathologie.
En tant que premier invité de notre rubrique pour 2006, quels sont vos voeux de nouvel an ?
Concernant notre pays qui vient de sortir d'une élection présidentielle, je souhaite que la réélection du président Blaise Compaoré soit profitable à tous les Burkinabè, que les erreurs commises lors des précédents septennats soient corrigées au cours du présent quinquennat. Nous avons beaucoup de jeunes au Burkina dont l'avenir est plus ou moins compromis. Et un pays n'a pas d'avenir si sa jeunesse n'en a pas. Je souhaite que tous les acteurs de notre pays oeuvrent à trouver un avenir à la jeunesse. A chacun de nous, je formule des voeux habituels de santé, de prospérité, de bonheur et surtout de paix dans les foyers.
Restez informés : recevez, chaque mercredi, la revue de presse de Santé tropicale. Inscriptions
Ce contenu gratuit vous est destiné :
Adresse
Téléphone
Contactez-nous
Actualités
Articles médicaux