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La nouvelle expression | Cameroun | 29/05/2007 | Lire l'article original
A côté, un infirmier à qui il a été demandé
d’observer la même démarche s’étonne de cette
nouvelle habitude. “ Qui a gâté le marché du Coartem
?”, demande-t-il au pharmacien, l’air réellement étonné.
”C’est une décision du ministre qui commande qu’il
faut vendre une seule dose par malade”, rétorque son vis-à-vis.
”De toutes les façons, lance l’infirmier avant de s’éloigner,
je viendrai en acheter cette nuit et autant que je veux”.
A une dame qui n’était pas en consultation, il a été
exigé la même chose : une ordonnance signée par un médecin
pour pouvoir se procurer à la pharmacie de ce service une dose de Coartem.
A la suite de cette dernière, se trouve un monsieur qui attendait lui
aussi de s’approvisionner. A l’écoute des avertissements
du pharmacien, il décide de rebrousser chemin, en secouant sa tête
courbée. La dame ne comprend pas que Urbain Olanguena Awono ait pu pendre
une telle décision. “ Puisque c’est un produit qui se périme
vite, on ne doit pas le conserver longtemps à la maison ”.
D’un cas l’autre
Le 15 mai, Flavienne T, malade, se rend dans un centre de santé privé,
près de chez elle, à Mballa II, à Yaoundé. Sur son
carnet, l’infirmière décrit les symptômes suivants
: “ Céphalée, hyperthermie, nausée, vertige, la névralgie
abdominale évolue depuis hier ”. Selon les informations contenues
dans le carnet, une perfusion lui a été prescrite avec ses accessoires.
Mais, comme indiqué dans le document, elle “ a sollicité
les comprimés ”. Aussi lui a-t-il été recommandé
du Coartem associé à de l’Efferalgan, comprimé effervescent,
de l’Amoxicilline 500 mg pour un coût total de 5 000 F Cfa, dont
2 000 F pour le kit de Coartem. De retour à la maison, sa maman, qui
connaît le coût officiel du Coartem, a décidé de se
rendre à cette clinique. Selon l’infirmière de garde cette
nuit-là, “ ils ne peuvent pas vendre cet antipaludéen au
même prix que les hôpitaux publics, parce que ceux-là reçoivent
des subventions et des dons divers”.
Solange P pour sa part a failli acheter une boîte de ce produit en officine
au prix de 3 000 F Cfa la boîte. Heureusement, elle était avec
une amie qui connaît le prix décidé par le Minsanté,
qui est de 600 F Cfa la dose. Elle a du attendre le lendemain, 17 mai, afin
d’aller se procurer ce médicament au centre de santé catholique
de la Briqueterie, où sa fille été consultée la
veille. Etant donné qu’après s’être acquittée
des frais d’examens, notamment la goutte épaisse pour un montant
de 600 F, et une perfusion composée de la quinine, des vitamines B complexe
2ml, du Metamizol 2.5g et les ingrédients pour un total de 4 020 F Cfa
en plus de la consultation qui est de 300 F. Mal en point depuis trois jours,
celle-ci présentait les mêmes symptômes que Flavienne T.
La décision et son application
La réduction des coûts n’est appliquée qu’aux malades qui présentent des accès palustres simples, qu’on peut gérer en ambulatoire, selon un médecin, c’est-à-dire que le malade reçoit une ordonnance, il achète des médicaments qu’il va boire à la maison. On peut trouver de nombreuses combinaisons qui sont préconisées par le ministère de la Santé, donc des bithérapies à des prix très abordables, telle la combinaison artémether-Lumefantrine, connu sous le nom de Coartem. Les autres formes de paludisme, les accès palustres graves par exemple, nécessitent une hospitalisation et donc un traitement parental, c’est-à-dire par des injections, des perfusions. Mais, le prix n’est pas aussi abordable, parce qu’il n’y a pas que l’antipaludéen qu’il faut acheter ; il y a les accessoires de la perfusion qu’il faut pouvoir se procurer. Au Ccauy, le traitement du paludisme parentéral coûte 3 000 F Cfa par jour, juste pour l’antipaludéen. Associé aux ingrédients pour la perfusion, il faut compter entre 5.000 et 10 000 F Cfa par jour. L’hospitalisation peut durer 24 heures, 48 heures et parfois plus. Mais, avant d’être soumis au traitement, il y a des examens de laboratoire à faire pour déterminer l’ampleur de l’infection. Ces prix varient encore s’il s’agit d’une femme enceinte ou d’un malade immunodéprimé, présentant une ou des infections opportunistes. En plus des frais de consultation qui s’élèvent à 1 600 F Cfa, dont 600 F Cfa pour la consultation proprement dite et 1 000 F Cfa destinée au recouvrement. La même procédure est prescrite au Centre universitaire et hospitalier (Chu). Sauf qu’ici, le prix de la consultation est estimée à 2 000 F Cfa, contre 3 000 F Cfa à l’hôpital général de Yaoundé (Hgy) et 2 000 F Cfa à l’Hôpital Gynéco obstétrique et Pédiatrique (Hgop).
A chaque hôpital ses coûts
La variété des coûts constatée dans les formations hospitalières rend difficile l’application de la gratuité voulue par le gouvernement. Le ministère de la Santé publique a annoncé, le 05 février, la décision fixant dans le secteur public les prix des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisine utilisées par voie orale (voir encadré). Ainsi, les prix de ces combinaisons, six au total, sont compris entre 140 F Cfa et 600 F Cfa. Comme recommandé par le Minsanté, ces prix sont affichés dans ces formations pour consultation des malades. La décision ne concerne que les hôpitaux publics et les privés à but non lucratif (hôpitaux confessionnels). Quant au privé, une convention a été signée récemment entre le Cename et les syndicats.
A la direction de la pharmacie et du médicament (Dpm), le document n’est pas encore remonté à leur niveau. Une des secrétaires du service se lamente d’ailleurs “ qu’il ne leur soit pas encore retourné après la signature, alors qu’il y a été préparé et rédigé ”. Puis, elle conseille d’aller rencontre les responsables des syndicats des pharmaciens ou à la centrale d’approvisionnement où l’on peut trouver une copie. Mais là-bas aussi, la secrétaire du directeur général fait savoir, d’un ton ferme, qu’à leur niveau aussi le document n’est pas revenu. En l’absence de la présidente du Syndicat des pharmaciens du Cameroun (Spc), ses collaboratrices indiquent son adjoint, lui aussi promoteur d’une officine de pharmacie. Il est en réunion avec le ministre depuis le début de cette mâtinée du 28 mai. Au moment où nous mettions sous presse, celui des responsables du Spc habilité à nous entretenir sur les termes de la convention avec le Minsanté était encore en réunion avec le ministre.
Réduction des coûts ou gratuité, il faut bien choisir son option. Mais, là encore, il y a des écueils qui éloigneront toujours beaucoup de malades des formations hospitalières. Lesquels iront trouver leur compte sur le trottoir.
Irène Sidonie Ndjabun
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