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L'Observateur | Burkina Faso | 12/07/2007 | Lire l'article original
Cependant, on met quatre ans pour former une accoucheuse auxiliaire dans certains
cas. Considérons un exemple concret pour mieux comprendre la situation.
Madame Watabéogo Poug-néré est inscrite sur titre (terme
qui désigne les stagiaires qui prennent en charge le coût de leur
formation) dans une école de santé à la section des accoucheuses
auxiliaires en octobre 2001. Après deux ans de formation, elle obtient
son diplôme d’accoucheuse auxiliaire.
Elle rentre gaiement chez elle, arrose son succès à sa façon.
Des mois passent, la joie de la réussite fait place à l’angoisse
du sans-emploi. La rumeur du lancement d’un test d’intégration
à la Fonction publique est aussi persistante que celle d’une intégration
massive de tous ceux qui sont sortis des écoles de santé.
Puis des années. L’attente est longue, pénible et incertaine.
Pendant ce temps, elle demande et obtient un stage dans un Centre Médical
avec Antenne chirurgicale (CMA). Deux ans après, en 2005, elle est admise
au concours direct des accoucheuses auxiliaires. Elle retourne à l’école
en octobre de cette année pour le même enseignement, le même
diplôme qu’elle a obtenu deux ans auparavant.
En juillet 2007, elle sort avec le diplôme d’accoucheuse auxiliaire
signé de la même administration, si ce n’est de la même
personne. Quatre ans d’école de formation pour une accoucheuse
auxiliaire, ça use les blouses.
Même si pour des raisons budgétaires, madame ne pouvait pas être
intégrée dès 2005, année de sa réussite au
concours direct, tout le monde gagnerait à ce qu’elle soit utilisée
autrement que de retourner à l’école. Etre affectée
par exemple, comme stagiaire dans un poste avec le pécule d’élève-
accoucheuse, profitera :
D’abord à l’Etat : il économise la formation de deux
an d’une accoucheuse parce que madame est déjà formée
à ses propres frais.
Ensuite à l’accoucheuse elle-même : elle sera épargnée
des angoisses de deux années d’école, de ce double travail.
Elle capitalisera, dans son poste, davantage d’expériences, nécessaires
pour réussir sa mission.
Enfin, aux populations : l’apport de cette dame sur le terrain sera
profitable à des milliers de femmes, d’enfants, donc de familles.
Et c’est ainsi pour toutes les sections : Accoucheuse, Agent Itinérant
de Santé, Infirmier Breveté et aussi pour les infirmiers d’Etat...
Des jeunes gens râlent dans les écoles de santé pour obtenir
un diplôme qu’ils ont déjà.
L’intégration massive des diplômés des écoles
de santé des années antérieures à 2000 avait suscité
l’espoir et fait miroiter une offre d’emplois pour les jeunes, qui
disposaient d’un peu de moyens pour prendre en charge leur formation.
Obtenir une place dans ces écoles était un véritable parcours
du combattant.
Des milliers de personnes ont été formées, mais point d’embauche.
Or, Dieu seul sait les misères endurées par certaines familles
pour payer les études soit d’un fils, d’une fille ou d’une
épouse.
Maintenant que le ministre de tutelle est élevé au rang de ministre
d’Etat (superministre) dans le nouveau gouvernement, on peut espérer
qu’il aura plus de pouvoir et de moyens financiers afin de trouver une
formule qui soulagera ces cas de figure.
On espère même que des signaux positifs seront émis à
l’endroit de tous les diplômés, pour prendre en compte leur
situation, car, ces personnes, quoi qu’on dise, ont rendu service à
l’Etat en supportant les frais de leur formation.
« C’est du prêt à employer ». Certains ont déjà perdu l’espoir d’exercer le métier qu’ils ont choisi et ils sont allés voir ailleurs. Du courage à toutes et à tous !
Zoungrana Tasséré
Tél : 76 60 23 49 tasszoungrana@yahoo.fr
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