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Revue de presse de Santé tropicale

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Lutte contre la maladie : La valorisation de la médecine traditionnelle, une nécessité

Sidwaya | Burkina Faso | 07/11/2007 | Lire l'article original

La médecine conventionnelle ou moderne, à elle seule, n'arrive pas à couvrir les besoins sanitaires de toutes les populations africaines. L'OMS estime que 80% environ de celles-ci ont recours à la médecine traditionnelle. Au Burkina Faso, eu égard à son importance et à sa qualité, les spécialistes de la Direction générale de la pharmacie, du médicament et des laboratoires (DGPML) prônent la valorisation du savoir médical traditionnel, intensifient les rencontres en vue d'une collaboration entre les deux médecines pour contribuer à la résolution des problèmes de santé publique. "Le savoir médical traditionnel est notre patrimoine. C'est à nous de le conserver et de le faire promouvoir. Car ce patrimoine peut nous permettre de nous exprimer. Si nous mettons en avant notre culture, notre médecine traditionnelle, nous aurons notre mot à dire sur le plan de la globalisation, de la mondialisation".

Ces propos sont du chef de service Enquête et statistique de la Direction de la promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles du Burkina (DPMT), Dr Evans Zoungrana. Consciente de cela, cette direction œuvre à faire connaître la qualité et la riche variété du savoir médical de nos ancêtres. Entre autres, la DPMT, logée dans la Direction générale de la pharmacie, du médicament et des laboratoires (DGPML), facilite la collaboration entre médecine traditionnelle et médecine moderne. Selon le Dr Zoungrana, la coopération entre les deux médecines a toujours existé de façon informelle.

Pourtant, force est de constater que la collaboration autrefois informelle, se formalise de plus en plus. "Nous nous battons pour qu'il y ait une collaboration parfaite entre les deux médecines. Ainsi, nous œuvrons pour que les tradipraticiens exercent en toute légalité", a affirmé Dr Evans Zoungrana. Aussi, il a ajouté, qu'au niveau des Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), des districts et des hôpitaux régionaux, se font des concertations permanentes entre les agents de santé et les tradipraticiens. Pour renforcer la collaboration entre les deux médecines, la direction en charge de la promotion du savoir médical traditionnel sensibilise les tradipraticiens au respect de l'hygiène tant au niveau du traitement qu'au niveau de la production des recettes. L'une des tâches les plus importantes de cette direction est de prouver l'efficacité, l'évidence ethnomédicale et la non toxicité des recettes des tradipraticiens de santé.

"La preuve de l'évidence éthno-médicale permet aux tradipratciens d'être une référence et d'améliorer la qualité de leurs recettes", précise Dr Zoungrana. Le Salon international des remèdes naturels, la Journée africaine de la médecine traditionnelle sont aussi des opportunités de collaboration entre les deux médecines. Pour le président de l'Association des tradipraticiens du Kadiogo, Samuel Sawadogo, la collaboration n'est pas totalement parfaite dans le sens de référer des malades chez les tradipraticiens. Par contre, lui, il a évacué beaucoup de malades à l'hôpital avec ses propres moyens de transport. Il s'agit de malades atteints de tuberculose, d'anémie, etc. dont il sait qu'il ne peut pas tout soigner. Du reste, avec l'encadrement du ministère de la Santé à travers la direction de la promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle, il a amélioré la qualité de la production de ses médicaments et de ses traitements.

"Avant, les tradipraticiens emballaient leurs produits avec des vieux morceaux de tissu sale. Avec les conseils du ministère de la Santé, nous utilisons des sachets, des flacons, de boîtes très propres pour distribuer nos produits. Nous savons que le manque d'hygiène est aussi source de maladies. Certains tradipraticiens ont transformé leurs recettes en sirops, en comprimés et en gélules". Les tradipraticiens qui travaillent avec les agents de santé, indique M. Sawadogo, maîtrisent le dosage de leur produit. Il invite les tradipraticiens de santé, les "vrais", à coopérer avec le ministère de la Santé, car c'est à ce prix qu'il pourrait y avoir une complémentarité, une collaboration parfaite pour lutter contre la maladie au Burkina. "Il faut qu'on puisse mettre fin aux tradipraticiens cloitrés chez eux, refusant de collaborer avec les agents de santé moderne à tel point qu'on ne sait pas s'ils sont des multiplicateurs de billets de banque, de vendeurs de drogue ou des avorteurs de grossesses. Aussi, il faut davantage sensibiliser les tradipraticiens afin qu'ils fassent confiance aux médecins et qu'ils sachent qu'on ne va pas les déposséder de leurs recettes...", souhaite-t-il.

Spécialiser les tradipraticiens

Toutefois, la loi precise que "l'exercice illégal de la profession de tradipraticien de santé est puni d'une amende de vingt cinq mille (25 000) à deux cent mille (200 000) F CFA. En cas de récidive, il est prononcé la confiscation du matériel ayant permis l'exercice illégal, une amende de deux cent mille (200 000) à cinq cent mille (500 000) F CFA."

Le Burkina Faso a opté pour que la médecine traditionnelle, soit une médecine communautaire. Et la législation permet, selon le Dr Evans Zoungrana, au tradipraticien de santé de s'exprimer et de mieux coopérer avec la médecine moderne."Le tradipraticien de santé peut, dans le cadre d'un contrat, collaborer avec un autre tradipraticien de santé, un agent de santé, une structure de recherche ou une formation sanitaire publique ou privée", stipule l'article n°13 du décret portant condition d'exercice de la médecine traditionnelle au Burkina Faso.

Afin de mieux encadrer les tradipraticiens et favoriser une bonne collaboration entre les deux médecines, le ministère de la Santé exige que les tradipraticiens soient spécialisés dans le traitement d'une ou deux pathologies. Ainsi, les agents de santé peuvent leur réferer des malades. La collaboration, confie Dr Zoungrana, vise à rendre efficace, à protéger et à conserver le savoir médical traditionnel. "Beaucoup de ce savoir est en perdition. Il y avait un vieux ou une vieille dans ce village, s'il était là, ton problème était réglé, malheureusement, il est décédé", entend-on souvent.

La collaboration avec le ministère de la Santé se fait avec leur consentement. Toutefois, précise M. Zoungrana, il s'agit des tradipraticiens de santé et non des charlatants ou magiciens. Pour les premiers, la science a permis de démontrer qu'il y a du rationnel, du médical, du scientifique, du pharmaceutique dans leur traitement. Par exemple, certaines de leurs recettes sont prélevées la nuit. La science a expliqué qu'il y a des plantes qui produisent des substances à des degrés différents selon qu'il s'agit de la nuit ou du jour.

La collaboration entre les deux médecines prend du terrain au pays des Hommes intègres. Dans certaines formations sanitaires, cela est de plus en plus visible.

Saint Camille, un exemple réussi de collaboration

Au Centre médical Saint Camille, le Dr Joseph Dabogo Sia, allie à la fois la médecine traditionnelle et la médecine moderne. Cela essentiellement dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Le centre expérimente sur le plan clinique, des recettes des tradipraticiens dont la qualité a été auparavant prouvée par des chercheurs en sciences de la santé de l'Université de Ouagadougou. Dans ce centre, environ 150 PVVIH sont sous phytothérapie, traitement par les plantes. Parmi ceux-ci, 50 patients prennent leur traitement au Centre médical Saint Camille, les 100 autres sont directement traités par les tradipraticiens sous le contrôle du centre. Les médicaments administrés au centre sont des médicaments traditionnels améliorés en gélules ou en poudre. Chez les tradipraticiens, les produits sont administrés sous forme de décoction mais aussi en gélules ou en poudre. A Saint Camille, les produits offerts gracieusement aux PVVIH ont pour noms : FMG341, SEGMA et la spiruline. Le FMG341 est un produit qui a des propriétés de récupération nutritionnelle et immunologique. La spiruline est un complément nutritionnel riche en protéines. Elle est utilisée chez les vieillards, les enfants malnutris et chez les PVVIH pour maintenir leur niveau de défense CD4.

Selon le Dr Sia, dans le domaine du VIH, sa formation sanitaire travaille avec 18 tradipraticiens. L'accès aux soins des deux médecines se fait sur la base d'un bilan pré thérapeutique et un examen immunologique. Pour le docteur Sia, si le taux de CD4 (Système immunitaire) du PVVIH est inférieur à une certaine valeur fixée par l'OMS (200 CD4/microlitre), il est soumis aux antirétroviraux (ARV). Par contre, il est soumis au traitement à base de plante si le taux de CD4 est supérieur à cette valeur. Les deux produits ne sont jamais proposés à la fois au malade. "Nous ne connaissons pas toutes les interactions entre les ARV et le traitement par la phytothérapie, donc nous ne mélangeons pas les deux traitements", précise Dr Sia. Depuis 2000, des malades sous phytothérapie évoluent, favorablement, sans difficulté, à en croire M. Sia. Par ailleurs, pour certaines maladies comme le zona, les hémorroïdes, le Dr Sia réfère ses patients chez les tradipraticiens. "En médecine moderne pour traiter les hémorroïdes, il faut une intervention chirurgicale alors qu'il y a des tradipraticiens qui les soignent efficacement", indique-t-il. Cependant, des difficultés minent la parfaite collaboration entre les deux systèmes de soins.

Des entraves à la collaboration

La majorité des tradipratiens n'exercent pas dans la légalité. Toute chose qui fait qu'il y a une réticence des agents de la médecine moderne, à référer des malades chez les tradipraticiens. Par ailleurs, certains agents de santé ne sont pas suffisamment sensibilisés à la nécessité de collaborer. Des tradipraticiens spoliés par des charlatans, des hommes sans scrupules, se méfient de travailler avec le ministère de la Santé. Un autre problème majeur se situe au niveau de la nosographie, la description des symptômes d'une maladie. Car, selon le Dr Zoungrana, pour collaborer, il faut pouvoir parler le même langage. Et pour pallier ce problème, le ministère de la Santé a conçu des modules de formation au profit des tradipraticiens et des agents de santé moderne. En 2006, ces acteurs de la lutte contre la maladie ont bénéficie d'une formation aux maladies opportunistes du VIH.
L'analphabétisme des tradipraticiens est aussi un frein à la collaboration. La réglementation exige des tradipraticiens de santé de tenir un registre, ce qui n'est pas toujours fait.

Aussi, sans moyens, il est difficile, selon Dr Zoungrana, de soutenir financièrement les tradipraticiens. Toutefois, la collaboration entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne a des beaux jours devant elle. Les textes sont favorables à la pratique de la médecine de nos ancêtres. Ces textes sont traduits dans cinq langues nationales. Aussi, la direction de la promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle a mis en place un fichier national de tradipraticien de santé. Un logiciel est en conception afin de donner des informations sur les pathologies efficacement traitées par les tradipraticiens à travers le Burkina. Le secteur de la pharmacopée traditionnelle est dynamique et pour l'instant, les agents de santé moderne peuvent prescrire des produits de la pharmacopée traditionnelle comme le saye, le sirop Duba, n'dribala, le faca...Ces produits sont disponibles en pharmacie. Dr Zoungrana appelle la population à croire et à promouvoir la médecine traditionnelle. "Chaque Africain a un papa, un grand-père ou un parent qui peut sauver des vies humaines et souvent, ces derniers ont des difficultés à léguer leur savoir", a-t-il conclu.

Boureima SANGA
bsanga2003@yahoo.fr

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