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Sidwaya | Burkina Faso | 03/11/2007 | Lire l'article original
D’autres ont simplement perdu la vie. Comme le témoigne le tradipraticien Kassoum Zoungrana : «L’année passée, nous avons perdu un taximan habitant ce quartier (NDLR, secteur n°30) . Après avoir pris un médicament traditionnel de la rue contre des maux de ventre, sa maladie s’est aggravée et malheureusement, il en est décédé. Nos enquêtes ne nous ont pas permis de retrouver le vendeur». Et, le chef de service appui à la valorisation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle, Kadidja Djierro, d’ajouter qu’un autre patient souffrant d’une insuffisance rénale après avoir consommé un médicament traditionnel de la rue, un sirop contre les maux de ventre n’a eu son salut qu’à l’hôpital. Les exemples dans le cas d’espèce sont légion. Pour Benjamin Compaoré de l’ONG Phytosalus, ces vendeurs ne peuvent pas être identifiés au moment voulu. «Certains n’ont même pas d’adresse. En cas de problème, le patient est laissé à son propre sort», a-t-il déploré. Aussi, certaines plantes médicinales sont trop toxiques, ce qui nécessite une bonne connaissance du milieu, a affirmé M. Zoungrana. Les tradipraticiens de santé connaissent mieux les plantes dangereuses et les associent à d’autres plantes afin d’atténuer leur toxicité.
Pharmacopée traditionnelle importée...
Beaucoup de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle importée sont, de l’avis de la Direction de la promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle, (DPMT), des médicaments de la rue. En effet, des tradipraticiens, «avides d’argent» proposent par exemple, des produits prétendus contenir de «l’Aloes Vera,» du «Ginseng» (...) prisés par la population. «Si ça contient de l’Aloes Vera, c’est très bon», entend-on souvent dire. Mais qu’est-ce qui montre que ça ne contient pas de la drogue ? S’interroge le chef de service appui à la valorisation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle de la DMPT, Kadidja Djierro. Depuis 2004, le domaine de la pharmacopée traditionnelle est bien réglementé. Les produits de cette médecine sont classés par catégorie de : 1 à 4.
Les médicaments de la catégorie 1 relèvent du domaine populaire. Ils sont préparés suivant des méthodes traditionnelles de fabrication par le tradipraticien pour un patient. Les catégories 2, 3 et 4 sont des médicaments préparés à l’avance et devraient en principe suivre des méthodes de bonnes conditions de fabrication, de conditionnement avec un numéro de lot. Ces médicaments ne doivent pas faire l’objet de vente sans, une Autorisation de mise sur le marché (AMM). Ils doivent être authentifiés par les structures compétentes. Pourtant, ces structures sont contournées. En plus, des médicaments de la rue de nos tradipraticiens ou charlatans s’ajoutent ainsi à ceux venant de la sous-région et des pays asiatiques. La plupart de ces produits bien emballés, conditionnés sont des médicaments traditionnels de la rue pouvant être dangereux pour la santé.
«Ce sont des médicaments non homologués, sans autorisation de mise sur le marché et nous ne pouvons pas certifier leur qualité et leur toxicité. Les médicaments traditionnels de la rue sont dangereux pour la population parce que les effets secondaires, la toxicité aiguë et à long terme, par exemple sont ignorés». Mais comme solution, il faut, selon Benjamin Compaoré de l’ONG Phytosalus, que les services de soins traditionnels travaillent à couvrir les besoins de la population. Quant à la réglementation, elle est récente et la DMPT intensifie la sensibilisation des tradipraticiens et des autorités douanières afin de contrer l’importation des médicaments douteux. A l’échelle nationale, des officines de médicaments traditionnels existent et reconnus par le ministère de la Santé.
Par exemple, Phytosalus, l’un des pionniers dans la phytothérapie, a des remèdes homologués par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Aussi, Phytosalus propose des médicaments variés et a une politique de promotion des essences médicinales locales. Les acteurs de la promotion de la pharmacopée traditionnelle invitent les vendeurs de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle à se soucier de la santé de la population. Ils en appellent aussi la population à éviter de se soigner avec des médicaments de la pharmacopée traditionnelle de la rue dont l’efficacité et l’innocuité ne sont pas prouvées.
Boureima SANGA
bsanga2003@yahoo.fr
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