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Fistules obstétricales : Une campagne nationale pour vaincre le mal

Sidwaya | Burkina Faso | 21/01/2006 | Lire l'article original

La direction nationale de la Santé de la famille a lancé une campagne nationale de cure de fistules obstétricales, le 19 janvier 2006 à Fada N’Gourma.
Conséquence d’un accouchement bloqué, difficile, non ou mal pris en charge, la fistule obstétricale est une communication entre la cavité vaginale et la cavité rectale ou la vessie ou les deux à la fois.

Il en résulte une incontinence des urines et des selles. De ce fait, «chez la femme qui en est victime, en lieu et place de la joie que procure la naissance d’un bébé, s’installe un calvaire qui durera parfois toute la vie en l’absence de soins chirurgicaux adéquats», a souligné le ministre de la Santé, Alain Bédouma Yoda. D’après lui, l’Organisation mondiale de la santé estime à cent mille (100 000), le nombre de nouveaux cas qui surviennent dans le monde chaque année.
Quant au niveau national, au Burkina Faso et selon les estimations, sur mille (1000) femmes qui consultent, 6 à 7 le font pour cause de fistule. Et pour dix mille (10 000) accouchements, le nombre de fistules obstétricales est estimé à six (06).
Pour venir à bout de ces complications, des médecins spécialisés en la matière apportent leur aide à des victimes dans les hôpitaux de Bobo, Dori, Ouagadougou et Fada.
A Fada, sur 17 patientes de 18 à 30 ans, 12 ont déjà été opérées et les 5 autres attendent leur tour.

Parmi les victimes du Centre hospitalier régional de Fada, une femme de 18 ans, n’a eu la vie sauve que suite à l’ablation de l’utérus, alors qu’elle venait d’accoucher d’un mort-né.
C’était à l’issue de sa première grossesse. La campagne marque le départ de la sensibilisation de toutes les couches sociales pour qu’elles contribuent à la réduction de facteurs favorisant la survenue des fistules obstétricales.
En clair, il s’agit d’informer le public de la maladie et des possibilités nationales de prise en charge, de faire un plaidoyer pour une mobilisation de ressources aux différents niveaux, de créer et de renforcer le partenariat entre le secteur public, le secteur privé et le monde associatif. A long terme, cette campagne vise la reconnaissance et le renforcement des droits de la femme dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive.

Un témoignage pathétique
La représentante des femmes victimes de fistules obstétricales, Mme Kala Lamoudi, une dame de 43 ans, n’a pas hésité à raconter le calvaire qu’elle a vécu pendant 16 ans, de suite de fistules obstétricales. «C’est à ma quatrième grossesse que j’ai souffert de ce mal. Tout a commencé par des maux de ventre terribles. Des douleurs qui m’ont valu quatre interventions chirurgicales consécutives. Les trois premières opérations n’ont rien changé à mon état. Il m’était difficile de vivre au milieu de mes semblables à cause des pertes d’urines, de selles et l’odeur nauséabonde que je dégageais.
Mais en juillet 2005, j’ai subi la quatrième intervention que m’a totalement guérie.
Aujourd’hui je suis redevenue une femme normale et j’ai retrouvé la joie de vivre».
Le ministre Alain B Yoda a profité de la circonstance pour expliquer aux populations que les grossesses précoces constituent l’un des facteurs importants de la survenue des fistules l’obstétricales. «Les cas sont en effet observés chez des femmes jeunes, parfois dès leur premières grossesse», a-t-il dit. Le ministre reconnaît cependant que les fistules obstétricales sont restées durant une longue période, une pathologie ignorée du grand public et des responsables politiques, même si l’exclusion sociale, l’isolement, le divorce et la honte en sont le prix.

Des mesures de prévention
Unanimement le ministre et le personnel de l’hôpital, notamment le chirurgien Moussa Guira et la gynécologue Josiane Diallo ont soutenu que la prévention des fistules obstétricales est possible. Cela passe par la lutte contre les mariages précoces, les grossesses précoces, les pratiques traditionnelles néfastes. En outre, les femmes enceintes doivent bénéficier de soins prénatals de qualité et de soins obstétricaux d’urgence de qualité.
A cet effet, le Burkina Faso a adopté un programme national de lutte contre les fistules obstétricales pour la période 2004-2008. Ce programme a été officiellement lancé le 7 mars 2005 grâce à l’appui des partenaires financiers et techniques, notamment l’Union européenne et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA); de nombreuses activités ont été réalisées. A cela, s’ajoute la construction du Centre d’accueil et de reinsertion sociale des femmes victimes de fistules obstétricales, dans les prochains jours à Fada N’Gourma.

Aimée Florentine KABORE

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