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Cameroon tribune | Cameroun | 07/06/2006 | Lire l'article original
Les débats houleux ont suscité de réactions vives et passionnées de la communauté scientifique réunie au palais de l’Assemblée nationale. Le Tenofovir, c’est ce projet de recherche sur la prévention de l’infection du VIH à partir d’une molécule qui porte ce nom. L’an dernier, l’essai sur des prostituées dont certaines se sont contaminées au cours du processus, a animé l’opinion publique pendant plusieurs semaines. Dans la plupart des cas, l’opinion exprimait sa désapprobation par rapport au non-respect des principes éthiques. Beaucoup d’encre et de salive ont coulé.
Le rassemblement à Yaoundé d’une flopée d’experts en matière d’éthique et de bioéthique a permis de ramener le sujet à l’ordre du jour pour tirer les choses au clair. La conduite de ce projet de recherche, telle qu’elle s’est passée à Douala, a été condamnée de manière unanime. " C’était un scandale ", ont soutenu les experts. Les manquements étaient notés à plusieurs niveaux, certes, mais la communauté scientifique réunie a désigné le principal responsable de cette faute : " le Comité éthique national ". Son péché ? Il avait donné son aval au gouvernement pour autoriser le test sans que les conditions élémentaires soient rassemblées par les chercheurs concernés pour protéger les participants qui se livraient à eux comme cobayes. Selon le Dr Abiogo Dieudonné, enseignant à la faculté de Médecine et des Sciences biomédicales de Yaoundé, " le Comité éthique national a donné son aval sans que le protocole d’expérimentation ne soit complet. Par la suite, l’analyse de ce protocole a montré des insuffisances grossières ". Autres défaillances, ajoute-t-il, " le consentement éclairé qui veut qu’on explique aux participants tout ce qu’ils risquent ou peuvent gagner, en des termes que chacun peut comprendre a été bafoué ".
Pour le Dr Koung Bellet, membre du Comité éthique national, il y avait une erreur fondamentale au départ. " Tenofovir, explique-t-elle, est un médicament destiné à soigner les malades du sida. Il ne pouvait guère être utilisé à des fins préventives parce qu’il n’avait pas obtenu de brevet pour être utilisé à ce titre ".
Qu’y a-t-il donc à faire pour "réparer" le tort ? " Dédommager les victimes " lance Dr Abiogo. " Sanctionner les fautifs ", propose l’Ordre des médecins du Cameroun. A ce jour, personne n’ose dire avec précision où on en est avec l’affaire. A-t-elle été classée, que sont devenues les participantes aux tests ? Les fautifs ont-ils justifié leur légèreté ? Pas de réponses claires. Dr. Abiogo fait remarquer simplement qu’il y a eu beaucoup de débats à ce sujet et on a pu constater que " le Comité éthique national fonctionnait sans réglementation, sans contrôle, aucun organe de régulation au-dessus de lui. Il était juge et partie ". Le Dr Abiogo ajoute, " A ma connaissance, il n’y a eu aucune interpellation, aucune justification. Les textes camerounais permettent-ils de sanctionner les membres du comité éthique ? ", s’interroge-t-elle.
Certains pensent même que ce ne sont pas des personnes omniscientes et proposent qu’à l’avenir, le Comité soit d’abord indépendant, affranchi de toute influence. Que pour certaines questions, qu’il sollicite l’expertise scientifique de haut niveau. Pour que cela n’arrive plus jamais.
Jeanine FANKAM
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