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Sidwaya | Burkina Faso | 26/09/2008 | Lire l'article original
2007, plus de 2,9 millions de cas de paludisme (palu) sont notifiés par les formations sanitaires du Burkina Faso pour l'année. Depuis longtemps, le paludisme cumule le triste record de première cause des consultations, premier motif d’hospitalisation et première cause de mortalité au pays des hommes intègres. Au nombre des stratégies déployées par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), la lutte antivectorielle par la promotion des Moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII). Entreprise depuis les années 1990, avec l’aide des partenaires (OMS, UNICEF, Agence japonaise de coopération), cette stratégie a produit des résultats probants dans certains pays africains comme la Tanzanie. Selon le PNLP, les 55 districts sanitaires fonctionnels du Burkina Faso disposent chacun d’au moins 10 sites d’imprégnation sans compter les initiatives des associations et ONG. Cette année, une campagne d’imprégnation gratuite de moustiquaires et rideaux par le Centre National de Recherche et de Formation sur le Paludisme couvre toute la saison pluvieuse (dépôt mardi et vendredi de 7h à 9h, retrait le soir). 600 mille moustiquaires imprégnées à l’usine ont été mises à la disposition des femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans. 1,4 million de MII sont attendues d’ici à la fin de l’année.
Pour la distribution, le coordonnateur du PNLP, Dr Jean Eric Ouédraogo, explique que les moustiquaires imprégnées (600 000 pour 2008) sont mises à la disposition des districts sanitaires avec des directives claires. L’équipe-cadre de district répercute l’information à l’ensemble des formations sanitaires qui appliquent la décision signée du secrétaire général du ministère de la Santé. Ensuite des activités de suivi sont mises en œuvre pour voir si effectivement, les MII vont aux destinataires, c'est-à-dire les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans.
La distribution en masse de MII peut réduire la densité vectorielle (nombre de moustiques) et infléchir la courbe. C’est pourquoi l’Etat burkinabè envisage avec l’appui de ses partenaires d'«inonder» le pays de MII dans les années à venir. En plus des groupes vulnérables (femmes enceintes et enfants de moins de cinq ans), des moustiquaires imprégnées devront être mises à la disposition de toute la population et en quantité suffisante.
La variété dans le désordre
En attendant, les six cent mille MII ne couvrent pas les besoins des populations
ciblées et ceux qui ont les moyens acquièrent leurs moustiquaires imprégnées
ou non sur les marchés, en pharmacie ou au bord de la route. Et c’est alors
que le choix doit être éclairé car, même en minimisant le risque de ne trouver
à long terme plus d’insecticide pour l’imprégnation sur place, certaines moustiquaires
dites imprégnées ne sont pas homologuées. Même celles homologuées par l’OMS
ont des précautions d’utilisation et d’entretien peu connues du grand public.
L’effet de l’insecticide est détruit par les rayons du soleil selon le docteur
Athanase Badolo du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme.
Les MII ne devraient donc pas être exposées au soleil comme il nous est donné
à voir sur certains grands axes de la capitale.
Les consommateurs devront donc ouvrir l’oeil et le bon et n’acheter que les MII homologuées par l’OMS et entreposées dans des locaux ou sous des hangars. Les grossistes Aimé Ouédraogo et Idrissa Compaoré que nous avons visités au "10 yaar" (marché du secteur n°10) stockent les moustiquaires imprégnées et non imprégnées dans des hangars avec d’autres articles comme les draps, les tapis, les couvertures, serviettes et pagnes tissés. A partir du secteur n°10 et de certains magasins des abords du marché central Rood Woko, une quantité importante de moustiquaires imprégnées ou non est acheminée vers l’intérieur de la ville de Ouagadougou et les provinces.
Ces moustiquaires de fabrication européenne et asiatique notamment (Italie, Espagne, Chine, Thaïlande, Japon, Inde, Hong Kong, Vietnam, Suisse,…) sont livrées aux grossistes directement au secteur n°10 ou à partir des gares routières. « Parfois mon frère les fait venir de Chine, de Hong Kong ou de Thaïlande», précise Idrissa Compaoré. Mais dans quelles conditions, ces marchandises pas comme les autres sont transportées jusqu’aux grossistes ? Avant leur utilisation, que leur arrive t-il sur les routes des villes et les sentiers des villages à l’intérieur du pays ? Nous avons constaté à Ouagadougou que des vendeurs ambulants se promènent avec des moustiquaires imprégnées homologuées par l’OMS dans les bras ou empilées sur leur vélo sans protection aucune. D’autres vendeurs occasionnels les exposent au soleil, suspendues à des bois ou déposées à même le sol.
Les villages sont les principaux demandeurs de moustiquaires non imprégnées. Des boutiques ont choisi de ne vendre que des moustiquaires non imprégnées et Daniel Kantagba explique le fait par leurs prix abordables : de 1000 à 1250 F CFA pour une place et de 1500 à 2500 F pour les deux places. Mais il se trouve des utilisateurs qui achètent des moustiquaires non imprégnées plus chères que les imprégnées. C’est le cas de Ali Bara qui a pris deux moustiquaires non imprégnées à 4000 F, l’unité contre 2500 CFA pour une marque homologuée de MII chez le même vendeur. Il explique que la moustiquaire qu’il a choisie est plus résistante que les MII utilisées par son père et son frère. Les spécialistes précisent qu’en plus de la barrière physique, la MII éloigne ou tue les moustiques. Ceux qui font le choix des moustiquaires non imprégnées doivent savoir aussi qu’avec le projet «d’inondation» du pays par les MII, il serait difficile de trouver à long terme des insecticides pour l’imprégnation sur place.
De l’efficacité des moustiquaires imprégnées
C’est au Centre national de recherche et de formation contre le paludisme (CNRFP) que revient la responsabilité de valider les outils utilisés dans la lutte contre le paludisme. Dans le volet lutte antivectorielle, le CNRFP fait un monitoring pour vérifier l’efficacité des moustiquaires imprégnées (même homologuées par l’OMS) sur le terrain. A la demande du PNLP, le CNRFP envisage des sorties dans des zones de distribution telles que Pô, Gourcy et Diébougou où des résistances avaient été remarquées dans certaines localités. Des poches de résistance sont aussi signalées dans les zones de Boromo, Tenkodogo et du Sud-Ouest.
Cela s’explique par l’absence il y a une trentaine d’années d’une réglementation en matière d’importation des insecticides et de contrôle de leur dosage dans la culture du coton.
Pour les zones de résistance, l’idéal serait d’avoir des insecticides de substitution (de nouvelles molécules) explique Dr N’falé Sagnon du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP). Etablir une carte des résistances de l’ensemble du territoire permettrait une mise en œuvre efficace de la stratégie de lutte antivectorielle par les moustiquaires imprégnées. Mais auparavant, l’Etat doit ouvrir l’œil et le bon sur l’importation des moustiquaires dites imprégnées : si les moustiquaires homologuées par l’OMS font l’objet de tests d’efficacité, l’importation des moustiquaires imprégnées devrait requérir l’aval d’un centre de référence en la matière. Au niveau des moustiquaires distribuées par l’Etat, les tests portent sur la sensibilité des moustiques aux insecticides utilisés sur les moustiquaires ainsi que leur réceptivité et leur irritabilité au niveau des populations bénéficiaires. Les moustiquaires imprégnées achetées par les particuliers et les structures de bienfaisance devraient subir aussi les mêmes tests.
Quant aux moustiquaires non imprégnées, on imagine aisément qu’elles se retrouvent entre les mains des moins nantis, des moins informés, qui sont aussi les plus exposés au paludisme.
Aminata Kaboré
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