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Revue de presse de Santé tropicale

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Lecture dans un livre choc sur les anti-dépresseurs

L'Opinion | Maroc | 03/06/2006 | Lire l'article original

La dépression, maladie psychiatrique, entre le dogme scientifique et le forcing de l’industrie pharmaceutique
Une efficacité incertaine, des effets secondaires alarmants... le Prozac, le Deroxat et autres Zoloft, médicaments antidépresseurs sont dénoncés dans un livre à charge, « La grande intoxication ». Ce livre étant non disponible pour le lecteur marocain, nous en exposons les principales problématiques, tout en insistant sur le fait que la dépression est une véritable maladie et qu’il faut bien la prendre en charge, sans tomber dans l’excès informationnel voir publicitaire de l’industrie pharmaceutique.

Par ailleurs, les spécialistes marocains, présents sur le front de la maladie dépressive, surtout psychiatres et pharmacologues sont dans l’obligation de participer à ce débat, surtout que cette pathologie est devenue de plus en plus fréquente et souvent très mal soignée.

Un marché juteux

C’est l’histoire d’un conte commercial, d’un enchantement boursier. Celle d’un marché multiplié par vingt-cinq en moins de vingt ans. Les antidépresseurs rapportaient 640 millions de dollars de recettes mondiales chaque année. Ils atteignent aujourd’hui 15 milliards de chiffre d’affaires annuel.
Entre-temps, la fée Prozac est passée par là. Ce médicament, produit par la firme Lilly, a été le premier de la génération des inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine (ISRS). Un produit présenté comme miracle.
Par petites touches, la belle histoire avait déjà été écornée à plusieurs reprises lors de procès, aux Etats-Unis notamment. Cette fois, c’est un livre, « La grande intoxication » (Le Cherche-Midi), qui instruit à charge le dossier du Prozac et de ses petits frères qui, comme le Deroxat et le Zoloft, se sont fait un nom en haut de l’affiche des fameux « blockbusters » ;
Son auteur, le journaliste Guy Hugnet, ancien cadre dans l’industrie pharmaceutique, a réussi à se procurer des documents inédits et édifiants : les études qui ont permis, aux Etats-Unis puis en Europe, la mise sur le marché du Prozac à la fin des années 80.

Pour que la Food and Drug Administration (FDA) donne son autorisation de mise sur le marché, il suffit qu’une molécule se montre plus efficace qu’un placebo (substance inactive). Lilly a présenté quatre études à la FDA.
Deux d’entre elles ne révèlent aucune supériorité du Prozac sur un placebo. Une autre montre un effet sur un nombre limité de personnes, grâce à la réintégration de celles qui prennent, en plus du Prozac, des tranquillisants et des somnifères. La dernière, enfin, montre la supériorité de cette molécule sur un échantillon de... 11 patients. « Si l’on fait le total des patients ayant été au bout des essais cliniques, on aboutit au nombre incroyablement faible de 286 patients, écrit Guy Hugnet. Voilà le socle scientifique à partir duquel la “pilule du bonheur” a pu rayonner sur le monde entier. »
Les biais, astuces et omissions mis en œuvre par les laboratoires sont légion.
Jamais, d’abord, les tests ne sont effectués sur des malades hospitalisés, autrement dit sur les cas les plus graves, ceux sur lesquels le verdict ne laisse pas place au doute. Pour les dépressions légères et modérées, « les deux indications dans lesquelles le Prozac est le plus souvent prescrit, aujourd’hui, en médecine générale », constate Guy Hugnet, les résultats s’échelonnent entre nuls et peu convaincants.

Les dérives de l’effet placebo

« Et pourtant, ça marche » : voilà ce que répondent, en chœur, médecins généralistes, psychiatres et patients dépressifs. Alors ? « Il est vrai que la seule consultation, en psychiatrie, a un effet énergisant ».
Guy Hugnet va beaucoup plus loin pour décrire les dérives d’interprétation de l’effet placebo auxquelles a cédé la psychiatrie depuis ses débuts : « A la fin du XIXe siècle, le professeur Raymond, de la Pitié-Salpêtrière, assurait améliorer 70 % de ses malades souffrant de troubles mentaux variés en les pendant par les pieds, provoquant ainsi l’afflux du sang dans le cerveau. Un peu avant, en 1852, le professeur Pinel obtenait 125 guérisons sur 157 grâce à des “bains prolongés et des arrosements continus d’eau fraîche sur la tête” ! »
Encore les études - déjà peu convaincantes - retrouvées dans les archives de la FDA ne sont-elles que les plus favorables au Prozac. Car les fabricants ne rendent publics que les résultats qui flattent leurs produits. Dans un numéro hors série (1) consacré aux « pilules du bonheur », La Recherche (hors série n° 16, août 2004) reproduit la synthèse d’une enquête menée sur cinq ISRS. Les études montrent une efficacité supérieure au placebo dans 18 à 25 % des cas. Mais, si l’on se réfère à l’ensemble des essais effectués, et pas seulement à ceux qui ont donné lieu à publications, la supériorité n’est plus que de 5 à 20 % selon le médicament.

Les grandes marques d’antidépresseurs comme le Prozac ou le Deroxat insistent sur la commodité d’emploi de leur produit, qui ne provoquerait que très peu d’effets secondaires et pratiquement pas de dépendance. Guy Hugnet s’est notamment intéressé au pire de ces effets : le suicide. Est-il lié à la maladie elle-même ou au médicament ?

Remplacement d’idées suicidaires par overdose

Les fabricants ont tenté l’impossible pour incriminer la maladie et disculper du même coup leurs molécules. Mais, dans un message envoyé à sa maison mère, le 13 novembre 1990, le responsable de Lilly Allemagne explique qu’il lui a été demandé de remplacer « tentative de suicide » par « overdose » et « idées suicidaires » par « dépression » dans les observations réalisées lors des essais cliniques sur le Prozac. « Je ne pense pas, écrit-il, que je puisse expliquer au BGA [l’agence du médicament allemande], à un juge, à un journaliste ou même à ma famille pourquoi nous devrions faire cela, particulièrement quand il s’agit d’un sujet aussi sensible que le suicide et les pensées suicidaires. » Cette réflexion laisse aussi planer plus qu’un soupçon sur la bonne volonté de Lilly quant à la transparence de ses données.
Le Prozac n’est d’ailleurs pas seul en cause. En 1989, le laboratoire Beecham (depuis racheté par Glaxo) réalise une étude sur les « effets pervers survenus durant le traitement qui peuvent être possiblement, probablement, assurément attribués au Deroxat ».

Plusieurs cas de tentative de suicide sont considérés comme « assurément » provoqués par le médicament. Mais les experts chargés d’évaluer cet essai et d’en tirer des conclusions n’en liront que la synthèse. Grâce à la loi des grands nombres, les tentatives de suicide sont noyées dans la masse et ne font donc l’objet d’aucune mention spécifique. Contactés, Lilly et GlaxoSmithKline n’ont pas donné suite à notre demande d’entretien.
De son côté, le très reconnu expert britannique David Healy a montré que les trois principaux fabricants d’ISRS, Lilly pour le Prozac, Pfizer pour le Zoloft et GlaxoSmithKline pour le Deroxat, ont soumis aux différentes agences du médicament des chiffres erronés en matière de suicide. Ils affichent pour leurs produits un pourcentage d’actes suicidaires qui varie entre 0,44 et 1,52 %, ce qui semble exact. Mais ils surévalueraient le taux de ces mêmes actes commis sous placebo dans des proportions importantes, réduisant ainsi l’écart entre les deux pour le rendre non significatif. Les intentions et tentatives de suicide sont dues à la maladie, pas au médicament.

Quand la mécanique promotionnelle se grippe

Cette belle mécanique promotionnelle s’est pourtant grippée. Une étude publiée en 2001, appelée « étude 329 », compare le Deroxat à un placebo chez les enfants et les adolescents. Conclusion : une molécule « sûre, bien tolérée et efficace ». Mais les experts des agences réglementaires tiquent, cette fois, sur le risque de suicide.
Vérification faite : dans l’immense majorité des cas, sur les jeunes, les ISRS ne sont pas plus efficaces qu’un placebo ; en revanche, ils multiplient par trois le risque de tentative de suicide. La FDA a alors émis la recommandation de ne plus prescrire de Deroxat aux enfants et aux adolescents.

Pour la première fois depuis l’explosion du « marché de la dépression », les grands laboratoires se trouvent donc pris en tenaille entre la légèreté de leurs essais cliniques quant à l’efficacité de leurs produits et les problèmes qu’ils rencontrent face aux autorités - pourtant bienveillantes jusqu’alors - sur le risque d’actes suicidaires chez les plus jeunes. Car ces difficultés pourraient bien réveiller les curiosités : pourquoi le risque suicidaire serait-il plus important avant 18 ans qu’après ? Tout l’art du marketing des grands groupes pharmaceutiques.

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