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Revue de presse de Santé tropicale

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Médicaments contrefaits : l’épidémie silencieuse

Destination Santé | France | 13/06/2006 | Lire l'article original

Près de 400 000 morts depuis 2001 en Chine, trente morts au Cambodge en 1999, 2 500 morts au Niger en 1995... Ce sont les rares chiffres connus, la partie visible de l’iceberg constitué par les victimes des médicaments contrefaits ! Chaque année dans le monde, des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants sont victimes de ce marché fondé sur la tromperie. Une industrie meurtrière qui touche particulièrement les pays en développement. Mais le monde riche n’est pas épargné. En 2004, près de 900 000 produits pharmaceutiques contrefaits auraient été saisis dans l'Union européenne !

Pour l’OMS, un médicament contrefait est un « produit dont la composition et les principes actifs ne répondent pas aux normes scientifiques. Il est par conséquent inefficace et souvent dangereux pour le patient ». Or la contrefaçon prend des formes très diverses. Et elle peut concerner aussi bien des produits de marque que des produits génériques.
On peut résumer les principales formes de contrefaçons de la sorte : il peut s’agir de médicaments contenant les principes actifs authentiques du produit initial, mais avec un emballage imité ou sans emballage du tout. Le stockage en vrac de ces médicaments est une pratique répandue mais dangereuse.  Un conditionnement de qualité est en effet essentiel à la protection du médicament contre la chaleur, l’humidité, le soleil…
Il arrive parfois aussi que la copie renferme bien les principes actifs requis, mais en quantité insuffisante par rapport à la version originale. Ou qu’elle renferme d’autres principes actifs que ceux présents du vrai médicament. Une porte ouverte à tous les abus. Il arrive enfin que le produit contrefait ne renferme aucun principe actif. Une sorte de placebo qui se pare du nom d’un vrai médicament.  Cela peut entraîner des ravages, s’il est employé pour traiter des maladies potentiellement mortelles comme le paludisme, la tuberculose ou l’infection à VIH-SIDA.

Une industrie assassine en plein essor !

Un médicament sur dix vendu dans le monde serait un faux. D'après une étude de la Food and Drug Administration (la FDA) américaine, les médicaments contrefaits représenteraient plus de 10% du marché mondial. Soit 32 milliards de dollars de bénéfices par an ! Et ce n’est pas près de s’arrêter.  Selon la Fédération internationale des industries du médicament, le trafic de médicaments serait 25 fois plus rentable que le commerce de l’héroïne et 5 fois plus que celui des cigarettes !.
Pommades, collyres, sirop, comprimés, tout y passe. Une étude récemment publiée par The Lancet révèle que dans le monde, jusqu’à 40 % des produits supposés contenir de l’artésunate ne contenaient pas de principe actif et n’avaient donc aucun effet thérapeutique ! Or l’artésunate, c’est le meilleur médicament disponible aujourd’hui contre le paludisme chimiorésistant. Un médicament vraiment essentiel.

La contrefaçon est une entreprise très lucrative, qui ne demande pas de logistique importante. Pas besoin de grands établissements. On peut produire de faux médicaments à des coûts peu élevés. Souvent, il suffit d’un simple entrepôt désaffecté ou même d’une arrière-boutique pour se lancer dans la fabrication artisanale de ces copies. Et d’après l’OMS, des contrefacteurs ont même été découverts en plein travail, à l’ombre d’un arbre en Afrique ! La vente, elle, se fait dans les marchés et à la sauvette au bord des routes.

Avec la mondialisation, ce marché très juteux est en pleine expansion. Même dans les pays riches où Internet a permis aux contrebandiers de reprendre du poil de la bête. Les corticoïdes, anti-inflammatoires et autres Viagra se vendent le plus souvent sur la Toile, sans aucun contrôle médical. Idem pour de nombreux produits de phytothérapie importés d’Asie. L’OMS estime d’ailleurs que 40% des médicaments contrefaits sont écoulés dans les pays développés.
Quarante pour cent, cela signifie que les 60% restants concernent les pays pauvres ! Lesquels ne disposent pas de contrôles fiables aux frontières, capables d’endiguer ce trafic. Les spécialistes estiment que jusqu’à 50% - voire plus... - des médicaments consommés dans certains pays en développement sont contrefaits. Surtout en Asie et en Afrique. Au Nigeria par exemple, sur 10 médicaments vendus, 6 ne seraient pas homologués. Idem en Guinée, où plus de 60% des médicaments commercialisés seraient issus de la contrefaçon.
C’est dire toute l’ampleur du problème dans des pays où les réglementations pharmaceutiques ne sont pas assez strictes et l’approvisionnement en médicaments de base, insuffisant. Et surtout hors de prix pour une grande partie de la population. Le fait que les médicaments soient payants même à l’hôpital encourage les marchés parallèles. 

L’Afrique noire est sérieusement touchée par ce phénomène. Pourquoi ? Parce que l’Afrique a été frappée de plein fouet par une série de cataclysmes sociaux et économiques. La pandémie de VIH-SIDA a décimé les forces vives du continent. Des guerres civiles ou transfrontalières ont dévasté plusieurs pays. La dévaluation du franc CFA a renchéri tous les produits d’importation. Sur ce terrain fragilisé, la fraude a prospéré. Aujourd’hui, le continent africain est en quelque sorte la terre d’élection de faussaires venus du monde entier. Du Sud-Est asiatique, d’Amérique latine, d’Inde, et de certaines républiques de l’Est européen.

Mais d’autres régions du monde sont également concernées par ce fléau. Au Liban par exemple, il n’est pas rare de saisir des produits pharmaceutiques contrefaits en provenance d’Egypte, d’Irak ou du Pakistan. Notamment de l’insuline et des pilules contraceptives qui parfois, ne contiennent que du talc. Ou encore des conteneurs entiers remplis de faux Viagra affichant au mieux 10% du dosage normal en sildenafil (le principe actif), mais le plus souvent zéro pour cent.

Le faux Viagra justement, on le retrouve également au Maghreb. En Algérie et au Maroc, il inonde les fameux « souk al fellah », littéralement les « marchés du paysan ». Des souks « fourre-tout », où l’on vend aussi bien des ailes de voitures, du carburant, des produits électroménagers que des médicaments contrefaits ou de contrebande.
Selon Faouzi Mohamed, président du corps syndical des pharmaciens d’Oujda, au nord-est du Maroc, à la frontière avec l’Algérie, « on trouve un mélange de produits qui provient soit d’Espagne, soit des pays de l’Est, de la Libye, d’Egypte. Je vous donne à titre d’exemple le Viagra qui est connu à l’échelle mondiale. Ici on trouve le Vegra et non pas le Viagra. Ils jouent sur le nom. Et si on prend en compte tous les produits, on trouve une cinquantaine de spécialités. Comme par exemple quelques médicaments neuroleptiques comme le Klonopin, des produits antiseptiques, quelques produits anti-inflammatoires. »

Le faux tue !

D’après l’OMS, le développement de la contrefaçon de médicaments trouve son origine dans l’immense pauvreté d’une grande frange de la population mondiale. Laquelle n’hésite pas à s’approvisionner en dehors du système officiel de distribution.

Le Dr Yves Juillet est conseiller du président du Leem (les Entreprises du Médicament) en France. Il y préside également le groupe de travail anti-contrefaçon. Il explique que « les études qui ont été faites ont montré que dans plus de la moitié des cas les produits contrefaits ne contenaient pas de principe actif. Et dans les autres cas, ils contenaient soit moins, soit d’autres produits, soit des impuretés. Le risque, c’est d’abord de ne pas avoir de traitement quand on en a besoin. Et dans une maladie infectieuse cela peut être très grave. On pense également que les résistances aux antiparasitaires, et particulièrement aux antipaludéens sont en grande partie liées au fait que les gens prennent des produits sous-dosés ou mal préparés. »
Se soigner avec un médicament contrefait ou de qualité inférieure entraîne, dans le meilleur des cas un échec thérapeutique ou pire, l’apparition de résistances. Et trop souvent, c’est la mort qui est au rendez-vous.  L’OMS estime que chaque année, 200 000 malades atteints de paludisme meurent à cause de médicaments de mauvaise qualité. Soit le dixième des morts attribués au paludisme ! Car de nombreux faux antipaludéens circulent en effet sur le marché mondial.

Une étude effectuée en Asie du Sud-Est en 2001 a révélé que 38 % des antipaludéens vendus en pharmacie ne contenaient aucun principe actif et provoquaient donc de nombreux décès. Comme en 1999 au Cambodge. Plus de 30 personnes y sont mortes après avoir absorbé des antipaludéens contrefaits contenant de la sulfadoxine-pyriméthamine (un ancien paludéen moins efficace) et vendus sous le nom d’artésunate.

Autre cas connu, la consommation de sirop contre la toux contenant du paracétamol, et  préparé avec du diéthylène glycol (un produit chimique toxique utilisé comme antigel). Il a tué 89 personnes en Haïti en 1995 et 30 nourrissons en Inde en 1998.
De pâles copies d’antirétroviraux ont également été découvertes en Afrique centrale, une région déjà durement touchée par la pandémie de VIH-SIDA. D’autres produits, tels que des pilules contraceptives frelatées et des préservatifs non étanches ont également été saisis. Ce qui fait craindre un retard important dans la lutte contre la maladie dans cette région où les difficultés d’accès aux médicaments représentent déjà un obstacle majeur dans le combat contre la propagation du virus.

Pour lutter contre ces contrefaçons, industriels, distributeurs et autorités publiques ont intérêt à faire front commun. Et comme le précise Yves Juillet, le rôle du pharmacien est fondamental sur le terrain. « Le pharmacien a un rôle très important parce que c’est un des maillons essentiels de la chaîne pharmaceutique. Et c’est par la garantie de la chaîne pharmaceutique depuis le producteur jusqu’au pharmacien, en passant par le distributeur, que l’on peut essayer de lutter contre ce fléau. Le pharmacien doit donc faire très très attention à son circuit d’approvisionnement pour n’acheter ses produits que dans des circuits qu’il connaît très bien et dont il a la garantie de la qualité. »

Bien évidemment, la vigilance du pharmacien ne suffit pas. Elle doit impérativement être soutenue et accompagnée par des campagnes de sensibilisation et d’information sur le danger du commerce illicite des médicaments. Sans prévention, les populations iront toujours se servir dans des marchés parallèles, parce qu’elles croient hélas que le médicament est moins cher dans la rue. Ce qui est complètement faux. Les calculs économiques montrent que le médicament vendu à la sauvette est plus cher. Mais comme il est vendu à l’unité, au comprimé, c’est évidemment plus facile pour le malade... mais extrêmement dangereux ! Alors, faites attention. Un médicament n’est pas un bonbon. Il s’achète en pharmacie et nulle part ailleurs. Surtout pas sur Internet ! Il en va de votre vie.

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