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Revue de presse de Santé tropicale

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Prévention des maladies vectorielles - Pr Kadjo K. Alphonse, Directeur du centre : “Le CEMV est un outil de souveraineté”

Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 08/06/2006 | Lire l'article original

L’entomologie, qu’est-ce que c’est ?
L’entomologie, c’est l’étude des insectes. L’entomologie médicale, c’est l’étude des insectes nuisibles à l’homme, des insectes qui transmettent la maladie d’un sujet malade à un sujet sain. Cette étude consiste à voir quelles sont leurs caractéristiques au niveau anatomique et physiologique et comment ils transportent la maladie.

Quand vous avez réussi à cerner ce processus, qu’est-ce que cela apporte à l’humanité ?
Lorsque nous avons réussi à cerner ce processus, dès lors, nous savons comment nous pouvons faire pour éviter la transmission de la maladie. Donc au niveau de la chaîne épidémiologique des maladies, nous nous situons tout à fait en amont. Nous agissons non pas sur les parasites et microbes qui sont responsables de la maladie, mais plutôt sur les vecteurs qui sont les insectes.

On constate, malgré tout, que certaines maladies comme le paludisme sévissent parfois à l’état endémique. On peut se demander à quoi sert le CEMV finalement…
Vous avez tout à fait raison… Mais, vous savez, la recherche a un prix. Malheureusement, les ressources au niveau de la médecine humaine ne sont pas à la mesure de nos ambitions. Vous vous rendrez compte en observant Abidjan que tout notre environnement est favorable à la pullulation des larves de moustiques qui vont grandir et, à l’âge adulte, transmettre le paludisme. En clair, nos méthodes de lutte devraient peut-être changer et porter un peu plus sur le côté préventif qui coûte moins cher que le curatif. Or nos méthodes de lutte actuelles consistent à enrichir les riches laboratoires des pays riches.

La Côte d’Ivoire disposerait-elle d’un outil dont elle ne réalise pas toute l’importance ?
Tout à fait. Et, je le confesse, nous en sommes un peu responsables. Nous avons intérêt à mieux faire connaître le Centre, à mieux expliquer ce que nous faisons, l’importance et l’intérêt de ce que nous faisons et la place réelle de ce que nous faisons dans les différents programmes de lutte contre les maladies.

Le CEMV est-il associé aux différents programmes de développement sanitaire que la Côte d’Ivoire initie ?
La médecine comporte trois grands domaines : le préventif, le curatif et les urgences. Ce qui coûte moins cher, c’est le côté préventif. C’est sûr qu’on ne peut pas tout prévoir. En pleine activité, vous pouvez avoir quelqu’un qui est en détresse. Il faut réagir tout de suite. C’est pourquoi on demande de prévoir ce qui est imprévisible en matière d’urgence. La médecine d’hôpital est une médecine qui est également importante, mais elle coûte cher. Le paludisme a existé en Europe. C’est la médecine de l’environnement, l’assainissement de l’environnement, qui ont fait que le paludisme a disparu. Donc, véritablement, c’est l’action sur le vecteur qui devrait être l’étape essentielle en vue dans le programme d’éradication du paludisme plus que les autres méthodes.

De 1981, date de sa création, à ce jour, quels sont les acquis du CEMV ?
Le Centre a formé 76 entomologistes originaires de tous les pays d’Afrique francophone, lusophone et arabophone. 6 sont actuellement en année de mémoire ; nous allons, la semaine prochaine, recruter 10 autres étudiants. Du côté de la recherche, le Centre a participé à de nombreux programmes en partenariat avec divers organismes, notamment l’IPR, l’IRD, l’ORSTOM, l’ADRAO, le CNRA et également avec des organismes comme le Centre suisse de recherches scientifiques et aussi avec l’Organisation mondiale de la santé.
En ce qui concerne la prévention des maladies à transmission vectorielle, nos chercheurs sont des gens qui vont sur le terrain, qui sont proches des populations rurales. Nous allons sur le terrain, dans les villages, dans les hameaux, dans les campements… C’est là-bas que nous faisons la prévention, que nous expliquons aux populations comment faire pour éviter d’être en contact avec les vecteurs, notamment comment éviter de se faire piquer par les moustiques, comment faire pour éviter d’être en contact avec les mollusques qui transmettent la bilharziose et toutes les autres endémies à transmission vectorielle.

Comment fonctionne le CEMV ?
Le point de départ, c’était en 1981. A l’époque, c’était le ministre d’Etat Jean-Baptiste Mockey qui, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, avait fait une constatation : les grandes endémies qui minent l’Afrique sévissent sur le continent alors que les experts se trouvaient de l’autre côté (des Européens). Et donc, l’OMS a suggéré au ministre d’Etat, Jean-Baptiste Mockey, de rapprocher les chercheurs des pays endémiques. C’est ainsi qu’il a été décidé de créer des centres dans le monde entier.

Qu’est-ce qui a justifié le choix de la Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire a été choisie du fait de ses infrastructures et Bouaké à cause de son faciès écologique, qui est à la frontière entre la forêt et la savane. Toutes les maladies que nous étudions se retrouvent autour de Bouaké. Le Centre, à sa création, a été essentiellement financé par l’OMS. Les fonds alloués servaient à indemniser les étudiants qui venaient de tous les pays d’Afrique francophone, lusophone et arabophone, à payer les enseignants vacataires et assurer le fonctionnement propre du Centre.
Avec la guerre qui a éclaté depuis le 19 septembre 2002, le Centre se trouve complètement démuni parce que le bailleur de fonds extérieur s’est retiré estimant que la Côte d’Ivoire n’était plus une destination sûre.
Dès lors, nous nous trouvons confrontés à des difficultés énormes comme toutes les structures inter-état.

Sur le plan écologique, quelles sont les conséquences de cette délocalisation ?
Nous nous trouvions très bien à Bouaké. Toutes les conditions de travail étaient réunies, toutes les pathologies à transmission vectorielle se retrouvaient dans la région… Même à Abidjan, nous pouvons continuer nos activités sans aucun problème, puisque nous faisons des missions avec les moyens que nous avons. C’est vrai que nous ne sommes pas encore allés à Bouaké, mais nous sommes allés notamment à Daloa, à Taabo, à Kossou, à Bouaflé. Pratiquement toutes les pathologies que nous étudions se retrouvent dans ces lieux. Il y a une nouvelle endémie à transmission vectorielle telle que l’ulcère de Buruli qui sévit essentiellement dans des régions comme Taabo, Kossou, Daloa… Lorsque nous sommes allés en mission dans ces lieux, nous avons trouvé beaucoup de malades… Mais notre problème aujourd’hui, se situe essentiellement au niveau des moyens. Il nous faut des véhicules pour pouvoir nous déplacer partout, même en zone rebelle éventuellement, si le problème sécuritaire est réglé. Nous avons même le projet de nous rendre à Bouaké et dans toutes les autres zones : Korhogo, Odienné, Bouna... pour faire l’évaluation de toutes les grandes endémies, à transmission vectorielle ou pas, en tout cas, l’état sanitaire de ces lieux qui, depuis le déclenchement de la guerre, sont restés pratiquement sans couverture réelle.

C’est un appel que vous lancez à l’Etat ?
C’est un appel que nous lançons à tout le monde, l’Etat d’abord, parce qu’à la création du CEMV, ce sont sept ministères au moins qui ont cosigné dont le ministère d’Etat, ministère de la Santé et de la Population, le ministère de l’Agriculture, celui de l’Education nationale, le ministère de la Recherche scientifique, celui de l’Economie et des Finances, et celui de la Production animale. Nous estimons qu’aujourd’hui où nous avons des difficultés, ces ministères devraient réagir, prendre leurs responsabilités, pour aider au fonctionnement de ce véritable instrument de développement qu’est le CEMV. Nous lançons un appel à l’extérieur également, notamment à notre géniteur principal, l’Organisation mondiale de la santé. Nous avons rencontré le représentant résident à Abidjan et il est tout à fait disposé à aider le CEMV. Mais nous souhaitons que l’OMS passe à l’acte et qu’elle aide véritablement au fonctionnement du CEMV. Nous souhaitons que tous les bailleurs nous soutiennent pour que nous puissions accomplir notre mission et exécuter les projets que nous avons élaborés dans ce sens.

Qu’attendez-vous concrètement comme aide ?
En termes de moyens, il faut que le CEMV s’équipe. Nous avons eu un peu de moyens sur le budget de l’Etat et nous avons commencé à nous équiper en microscopes, loupes binoculaires, matériel de terrain… Bientôt, nous aurons certainement un véhicule qui va permettre de transporter les étudiants sur le terrain.
Mais il nous faut d’autres véhicules, surtout des véhicules de terrain pour permettre aux chercheurs d’aller vers les populations. Le Centre, depuis sa création, était logé dans des locaux que l’Etat louait. Ici également, c’est l’Université de Bouaké qui loue pour nous le local que nous occupons aux Deux-Plateaux. Il serait intéressant que le Centre ait ses locaux propres. Il faut également l’informatiser, l’équiper en matériel didactique pour la formation…

Selon des indiscrétions, certains pays de la sous-région, prenant prétexte de la situation qui prévaut, ont tenté de créer un centre analogue. Est-il vrai que la Côte d’Ivoire pourrait perdre le bénéfice de ce Centre ?
A l’éclatement de la guerre, des tentatives de création de centres analogues dans des pays voisins ont été effectivement initiées. Nous avons réagi avec les responsables de l’Université de Bouaké (le président et toute son administration) en délocalisant le Centre à Abidjan et en le faisant redémarrer. Cela, bien sûr, a découragé ces initiatives. Mais aujourd’hui, il y a un Master d’entomologie, pratiquement comme celui du CEMV, qui est créé dans un pays voisin. Nous estimons que ce n’est pas normal. Les pays africains francophones ont décidé unanimement que le CEMV s’installe en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas parce que nous avons des difficultés qu’il faut essayer de le déstabiliser. Bien au contraire, il faut l’aider. Malheureusement, ce sont nos amis de l’IRD qui sont en train de créer ce Master dans ce pays que je ne voudrais pas citer.

L’Etat peut-il être de quelque apport pour éviter que ne continue ce dépouillement ?
L’Etat de Côte d’Ivoire doit réagir à travers les différents ministères qui ont cosigné la création du CEMV et qui bénéficient des résultats de sa formation, de ses recherches. Ils doivent réagir et prendre leurs responsabilités afin que ce Centre continue son fonctionnement, qu’il continue de former des entomologistes, de faire la recherche, de contribuer à la prévention des maladies à transmission vectorielle. La Côte d’Ivoire ne doit pas perdre le bénéfice de ce Centre qui est un véritable outil de développement et, pratiquement, un outil de souveraineté. Enlever le CEMV à la Côte d’Ivoire, ce serait une très mauvaise chose en matière de développement sur le plan sanitaire.

Elvis KODJO

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