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Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 05/07/2006 | Lire l'article original
Vous annoncez un médicament antipaludique au caractère assez spécial. De quoi s’agit-il ?
Je dois d’abord indiquer que nous sommes une compagnie biopharmaceutique, Millenia Hope, dont la mission principale est de trouver des médicaments à base de plantes. Nous avons ainsi découvert ce médicament à partir d’une plante qui se trouve au Brésil. C’est un médicament antipaludique qu’on appelle Malarex/MMH18. Ce médicament est déjà homologué dans 18 pays en Afrique (Gabon, Mali, Guinée, Togo, République centrafricaine, Cameroun...) et nous souhaitons venir installer une section de production dans la zone franche de la biotechnologie et des NTIC de la Côte d’Ivoire avec l’aide de l’Institut Pasteur.
Quel intérêt nouveau présente ce médicament en matière de traitement du paludisme ?
Parmi les médicaments qui existent déjà, on a des produits à base d’artémisinine, de chloroquine. L’OMS, on le sait, et les responsables de la santé dans divers pays, ont déjà déclaré qu’il y a une chimiorésistance à la chloroquine. Nous avons découvert une nouvelle molécule qui est à base du colloïde et qui a démontré qu’elle a un effet antipaludique. Elle est issue des extraits naturels du Peschiera, plante brésilienne utilisée depuis des siècles par les indigènes et les missionnaires. Associée à l’artémisinine, on a vu qu’il y a une synergie entre les deux produits. La nouveauté, c’est que c’est une nouvelle molécule qui n’a pas encore une résistance créée, au contraire de l’artémisinine toute seule, en monothérapie, où on a déjà noté qu’il y avait une résistance.
Depuis quand ce produit existe-t-il ?
C’est après neuf ans de travail qu’on l’a découvert et ça fait quatre à cinq ans qu’on l’a mis sur le marché, après des tests, suivant le protocole de l’OMS et sous la vigilance des ministères en charge de la Santé des pays où il a été homologué. Nous allons faire la même chose ici en Côte d’Ivoire. Nous allons mettre en place ces spécificités sous la vigilance et la supervision de l’Institut Pasteur et du ministère de la Santé.
Millenia Hope envisage de créer, en partenariat avec le gouvernement de Côte d’Ivoire et des privés ivoiriens, une usine de fabrication et un laboratoire moderne de recherches détenus en co-propriété. Pourquoi avoir choisi la Côte d’Ivoire qui, apparemment, ne figurait pas initialement dans vos projets ?
A travers nos bureaux d’avocats, nous avons eu la chance de rencontrer Me Lucie Bourthoumieux du barreau de Paris, une Ivoirienne, qui nous a suggéré de venir en Côte d’Ivoire. Au départ, la Côte d’Ivoire, effectivement, n’était pas dans nos projets, mais comme nous avons vu que c’est un pays qui est très stable et très accueillant et où se crée une zone franche de dimension internationale, nous avons été très intéressés de prendre une participation dans cette zone.
Quand est-ce que ce projet va prendre forme ?
On espère pouvoir le faire le plus vite possible. Il y a certaines choses que nous devons mettre en place d’abord, des décisions qui doivent se prendre au niveau des actionnaires, mais ça devrait se faire assez vite.
Ce médicament antipaludique que vous avez trouvé est-il vendu en Côte d’Ivoire ?
Pour l’instant, non. Pour le faire, il nous faut nécessairement l’approbation préalable des autorités en charge de la Santé comme je l’ai dit tantôt.
Vous avez choisi de vous installer dans la zone franche de la biotechnologie et des NTIC. Y a-t-il une raison particulière à ce choix ?
L’une des raisons, c’est la possibilité d’aller dans la faune de la Côte d’Ivoire et trouver d’autres plantes qui ont des vertus médicinales. Dans le programme de Millenia Hope, il n’y a pas que le traitement antipaludéen. Nous avons aussi un programme de maladies infectieuses qui n’est pas seulement un programme antiparasitaire, mais aussi un programme antiviral et antimicrobiologique. Nous sommes en train de faire une étude avec l’Institut national de recherches omosapien qui est aussi un partenaire stratégique de l’Institut Pasteur pour trouver de nouveaux antibiotiques naturels. La raison pour laquelle nous nous basons sur les plantes médicinales, c’est que nous avons fait assez de permutations et de combinaisons dans la sphère technique et nous avons besoin d’aller chercher de nouvelles molécules et c’est dans la faune qu’on va les chercher. Et dans la faune de l’Afrique, il y a une diversité énorme. Alors si on peut aider l’humanité à partir de ce potentiel, ce sera très bien.
Les prix que vous pratiquez tiennent-ils compte des réalités africaines, continent le plus affecté par le paludisme ?
Oui. Notre prix est en-dessous de tous les produits efficaces non subventionnés qui existent. Le nôtre ne fait pas partie encore du système du Global Fund, et on souhaite le faire. Lorsqu’il sera subventionné, notre produit sera beaucoup moins cher encore. Pour l’instant, le prix auquel il est vendu est compétitif.
Qu’est-ce qui fonde votre démarche ?
Notre concept est basé sur la philosophie de partager la propriété intellectuelle avec la Côte d’Ivoire ou tout autre pays où on trouvera les plantes nécessaires. L’idée est de mettre en place des laboratoires, quelque chose qui fait la promotion des médicaments africains basés sur les plantes. C’est cela notre souci, parce que la faune africaine, c’est vraiment le jardin, c’est le paradis où on peut trouver les molécules nécessaires pour guérir.
Vos recherches explorent-elles des terrains comme celui du VIH/sida ?
Nous avons aussi des produits antisida. Une recherche que nous sommes en train de mener consiste à arrêter la progression du virus du sida dans le corps humain. Et nous avons trouvé une espèce de plante qui nous a démontré que c’est faisable. Le virus ne se multiplie pas. Ces recherches sont menées en collaboration avec l’Université de Pittsburg et d’autres experts pour mettre en place un médicament qui serait antiviral.
Elvis KODJO
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