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Walfadjri | Sénégal | 07/12/2010 | Lire l'article original
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays africains, les fistules obstétricales ne sont pas intégrées dans les programmes nationaux de santé. Ce qui ne manque pas de porter un coup à la prévention et à la prise en charge. C’est le constat fait par les chirurgiens en fistule qui se réunissent à Dakar à l’occasion de la Conférence internationale sur les fistules obstétricales qui s’ouvre ce mardi.
En donnant un point de presse hier en prélude à cette conférence internationale, le président de la Société internationale des chirurgiens de fistules (Isofs), le Pr Serigne Maguèye Guèye, a déploré qu’il n’y ait pas de pérennité dans la prise en charge des fistules obstétricales. En effet, ce sont des missions de réparation convoyées périodiquement dans les zones les plus touchées qui viennent soulager les femmes de cette ‘souffrance muette et honteuse’.
Pour pallier cette situation, le chef de service Urologie de l’Hôpital général de Grand Yoff préconise la mise sur pied d’un centre pour la prise en charge des fistuleuses, avec en appoint des services liés à la santé de la reproduction. Ce centre, qui accueillera les fistuleuses, sera une référence en la matière et travaillera en étroite collaboration avec les autres structures sanitaires. En plus de cela, le président d’Isofs préconise la formation de chirurgiens, de gynécologues accoucheurs et d’urologues pour qu’ils puissent réparer au moins des fistules simples, surtout dans les zones reculées. En effet, Kolda, Tambacounda, Sédhiou et les localités du Nord vers Ourossogui, Matam constituent les régions les plus touchées par les fistules obstétricales.
En plus d’identifier et d’orienter les femmes fistuleuses, les spécialistes demandent une implication des chirurgiens sur place pour ne pas créer de frustration. ‘L’arrivée en masse des équipes universitaires lors des missions de réparation des fistules peut être perçue comme étant une invasion’, dira le Pr Serigne Maguèye Guèye. Cependant, fait remarquer le spécialiste, la réparation à elle seule ne suffit pas. Il faut, selon lui, développer des initiatives d’accompagnement des fistuleuses. D’habitude, la stigmatisation les confine dans leur souffrance. Une fois réparées, ces dernières devraient bénéficier d’une réintégration dans leur société.
Les fistules obstétricales sont directement liées au travail difficile (dystocie) lors de l’accouchement sans assistance médicale rapide. On peut considérer cette affection comme étant l’une des principales causes de mortalité maternelle et infantile. Elle est à l’origine de la perte involontaire d’urinaire et/ou fécale chronique entraînant une stigmatisation de la femme. D’ailleurs, la victime est très souvent délaissée par son entourage.
Revenant sur l’intérêt de cette rencontre, l’urologue estime qu’il s’agira de faire de la fistule obstétricale une maladie sociale face à laquelle il faudra une grande mobilisation en vue de son élimination. Cela passe par une stratégie de prévention à travers une maternité sans risque. ‘Même si la femme est âgée de moins de 15 ans, il faudra l’accompagner dans ses consultations prénatales et bien la suivre. Au moment de l’accouchement, l’assister convenablement. C’est juste un problème d’organisation système de santé’, note l’urologue.
Depuis 2003, le Fonds mondial des Nations Unies pour la population (Unfpa) a entrepris une campagne mondiale pour l’élimination des fistules obstétricales. Le Sénégal a rejoint cette campagne en 2004. L’engagement du pays dans la lutte contre les fistules s’inscrit dans le cadre du Programme national de développement sanitaire et la feuille de route multisectorielle pour l’accélération de la réduction de la mortalité et de morbidité maternelle et néonatale.
Issa NIANG
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