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Walfadjri | Sénégal | 19/01/2011 | Lire l'article original
Soixante pour cent des femmes qui résident dans les localités de Darou Salam et de Diambaly (communautés rurales situées dans la région de Sédhiou) meurent avant d’atteindre l’âge de 45 ans. Cette situation, selon les habitants de ces localités, est due à la persistance de la mortalité maternelle et infantile dans ce département. Avec une population estimée à plus de cinq mille habitants, ces localités ne bénéficient d’aucune structure sanitaire. Il s’y ajoute une situation d’enclavement qui finit de les isoler du reste du monde. Et les premiers à en subir les conséquences sont les femmes. En effet, la plupart d’entre elles qui sont en délivrance, meurent ou accouchent dans des conditions atroces en cours de route vers les établissements de santé. Chez les femmes en début de grossesse, les risques d’avortements sont fréquents. Car, en plus des travaux ménagers et champêtres infernaux auxquels elles doivent s’acquitter quotidiennement pour assurer les repas, elles sont victimes de la rareté des consultations prénatales.
Les veufs, s’ils ne sont pas polygames, ne tardent pas à se remarier en rejetant l’orphelin qui sera pris en charge par sa famille maternelle. Le cas d’Amy Camissokho qui a perdu sa fille il y a un mois, en est la parfaite illustration. Assise devant son domicile, le regard hagard, habillé d’une camisole en wax de couleur bleue dépeint, elle porte dans ses bras son petit-fils, un nouveau-né qui a perdu sa maman lors de l’accouchement. ‘Il vient d’avoir un mois, sa maman est morte en lui donnant la vie, et son père n’en a pas voulu’, explique-t-elle, désemparée. Grand-mère à moins de 50 ans, elle est obligée d’assurer la garde de l’enfant. ‘Nous sommes des Socés. Dans notre culture, c’est la grand-mère maternelle qui est chargée de s’occuper de ses petits-enfants, si sa mère meurt. Mais ce qui m’attriste, c’est la perte soudaine de ma fille qui avait à peine 18 ans. Elle n’a pas eu la chance de connaître son unique enfant’, renseigne Amy Camissokho entre deux sanglots. D’après son témoignage, c’est en cours de route vers la structure sanitaire que sa fille a accouché et est décédée une heure après. ‘C’est parce qu’elle n’a jamais eu d’enfant, qu’elle n’a pas compris très tôt qu’elle était en travail. Par faute de moyen de transport, nous étions obligés de la faire marcher pour aller au poste de santé qui se situe à plus de 6 km de notre village’, explique-t-elle.
Le cas d’Amy Camissokho est loin d’être isolé. En effet, elles sont nombreuses à perdre leur vie ou leurs nouveau-nés dans ces localités situées à 5 km de la route nationale menant vers Sédhiou. Ces localités souffrent d’un manque de moyens de transport. Seul un véhicule de livraison y fait la rotation deux fois par semaine. Et il est aussi difficile d’avoir accès à un charretier. Cet état de fait est dû à la dégradation des routes. ‘Les transporteurs craignent de voir les roues des véhicules crever dans cette zone tellement les routes sont impraticables. En plus, la zone ne dispose pas de garage de mécaniciens’, explique Ousmane Diougou, un jeune résidant dans la communauté rurale de Darou Salam pour qui, ‘ici, on se croirait au moyen âge tellement notre mode de vie tarde à se moderniser, alors que cette localité existe depuis plus quatre siècles et demi’.
A Diambaly, les populations se plaignent du mutisme de l’Etat face à leur situation. Selon le président de cette communauté rurale, Sampa Cissé, plusieurs correspondances ont été adressées aux autorités en vue de les pousser à apporter des solutions idoines à leurs problèmes. ‘Il est inconcevable que nous continuons à vivre dans le noir et à manquer d’eau. Il est aussi inconcevable de voir nos femmes mourir à cause du manque de structures sanitaires dans nos villages’, déclare Sampa Cissé. Aussi les habitants de ces communautés rurales ont-ils lancé un appel à l’Etat pour l’implantation d’une structure sanitaire, mais aussi pour la réhabilitation de la route afin de les sortir de l’enclavement pour qu’ils puissent augmenter leur espérance de vie.
Paule Kadja TRAORE
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