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Mutations | Cameroun | 15/06/2011 | Lire l'article original
J’ai davantage de raisons pour combattre de toutes mes forces l’ulcère de Buruli. Car, il m’a empêché d’aller plus loin dans mes études», explique M. Ze Bekolo qui précise que la maladie a fait des ravages dans sa famille. Elle a en effet frappé sans invalider un seul, six de ses enfants.
Anciennement connue sous la dénomination de Atom (diminutif de atomlana –anéantir-), l’ulcère de Buruli est alors considéré comme un mauvais sort. La résultante d’un maléfice. C’est en ces années là que Daniel Ze Bekolo en est frappé.
En cette année 1966, la maladie l’empêche de terminer sa scolarité. Il est tour à tour soigné à Ayos et à Mbalmayo chez des tradipraticiens. Parallèlement, le jeune Ze Bekolo suit de temps à autre un traitement dans les centres hospitaliers. C’est dans ce contexte que survient sa guérison de la fin d’année 1966. A peine sa santé recouvrée, Daniel Ze Bekolo, qui rêve de la pratique depuis longtemps de soins infirmiers, entre à l’école des infirmiers. «Je tenais à en savoir plus sur cette maladie qui, à l’époque, faisait déjà rage. Je m’étais d’ailleurs jurer de la combattre», explique M. Ze sur sa détermination à lutter contre l’ulcère de Buruli. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il va aider sans véritable maîtrise de la science à guérir quelques camarades de l’Ecole des infirmiers d’Ayos.
Une fois sorti de l’école, il a, entre autres responsables et médecin, le Pr Titus Edzoa qui, à l’époque, l’initie à la chirurgie de ces boutons et bosses. «Le Pr Edzoa qui m’a beaucoup encouragé et encadré n’a eu de cesse de me répéter qu’il faut, au moment de l’incision, couper le plus loin possible de la bosse. Du moins jusqu’à atteindre la peau simple. De cette manière, nous avons énormément sauvé des vies», se rappelle Papa Bekolo qui reste quasiment seul face au combat, au lendemain du départ de Titus Edzoa de l’hôpital d’Ayos en 1982.
Devenu le principal intervenant face aux cas d’ulcère de Buruli, le désormais major du bloc opératoire va poursuivre (de 1978 à 1986), à son corpos défendant, des incisions et greffes. Affecté à l’hôpital du district d’Akonolinga, non loin d’Ayos en 1978, il y exerce jusqu’en 1999.
La maladie qui n’est toujours pas scientifiquement connue est appelée ulcère à mycobactérie. Son propre fils Olivier est atteint au niveau du pied en 1989. Papa Ze décide de l’opération du pied de l’enfant comme celles d’autres patients d’ailleurs. Son médecin, qui ne s’y connait pas, s’oppose fermement. Daniel Ze Bekolo dont la réputation fait courir les malades d’Ayos et des autres contrées pour Akonolinga, sait qu’il n’a d’autre chance s’il veut sauver son fils que de l’opérer du pied. Ce qu’il fit au péril de se voir sanctionner par son médecin qui finira par savoir qu’il a passé outre ses instructions. Devenu le superviseur départemental des questions de lèpre et de tuberculose, il multiplie des rapports et alertes pour attirer l’attention des autorités sur la multiplication des cas de cette affection qui se propage sans qu’on ne sache son origine.
C’est alors que pour la première fois, le superviseur provincial à l’époque de la lèpre et de la tuberculose, Jacques Kenne, lui parle pour la première fois de l’ulcère de Buruli en lui demandant de trouver des cas. Il trouvera 327 à Akonolinga et 207 à Ayos. Avec le Pr Koabang, la lutte va prendre une tournure plus importante avec le concours de l’Oms, de Médecins sans frontière et de l’Etat du Cameroun. Sur la même lancée, les premiers véritables traitements aux antibiotiques sont administrés aux malades.
Grâce aux résultats probants obtenus, Aide aux lépreux (Actuel Fed Maid Cameroun) s’invite à la lutte. M. Ze y est convié par l’Ong d’origine suisse en 2001, année de son premier départ à la retraite. De retour dans les hôpitaux à la demande du ministère de la Santé publique, il prend définitivement sa retraite en 2007 pour se mettre au service de Fed Maid. Père de 18 enfants, passionné des questions sanitaires, il allie expérience et savoir sur cette maladie dont Fed Maid expérimente actuellement la thermothérapie au Cameroun.
Léger Ntiga
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