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Walfadjri | Sénégal | 09/07/2011 | Lire l'article original
Menée par des scientifiques du Sénégal et de l’Université d’État du Colorado, cette étude publiée, hier, dans l’édition de l’American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, a ‘observé’ que la transmission des parasites du paludisme par les moustiques avait nettement chuté parmi les habitants de plusieurs villages sénégalais de Bandafiassi. Ceci, pendant les deux semaines suivant l’administration d’ivermectine au cours d’une campagne de lutte contre la cécité des rivières, d’après un communiqué de presse. ‘Ce médicament semblait tuer les moustiques porteurs de paludisme qui se nourrissaient du sang des villageois ayant pris leur prophylaxie à l’ivermectine’, affirme le communiqué. La distribution et l’administration en masse de l’ivermectine, dans le Sud du Sénégal, a été saisie pour vérifier et évaluer l’effet toxique de la molécule d’ivermectine sur les anophèles qui se sont gorgés sur les individus ayant reçu leur prophylaxie à l’ivermectine. Et d’après cette étude, les tests ont montré que là où la molécule a été utilisée, deux semaines après la prise du médicament, il y a eu une baisse de 79 % du nombre de moustiques porteurs du Plasmodium falciparum, le parasite du paludisme le plus mortel. Par contre dans les villages où la molécule n’a pas été administrée, le nombre de moustiques porteurs du paludisme a augmenté de 246 % au cours de la même période.
Cependant, des essais cliniques sont nécessaires pour apprécier la façon dont la transmission du paludisme a été momentanément interrompue ou diminuée dans la communauté, poursuit le communiqué. En plus, la source précise que des études plus approfondies seront nécessaires pour déterminer si des prises d’ivermectine plus fréquentes pendant la saison de la forte transmission du paludisme dans différentes régions de l’Afrique ont un impact significatif sur la maladie. Les chercheurs notent, néanmoins, que leur étude suggère qu’il devrait être possible d’utiliser le médicament pour réduire la transmission du paludisme pendant les épidémies ou les saisons de transmission. ‘Il n’y a pas d’arme absolue dans la lutte contre le paludisme. Mais ceci peut être un outil important, qui contribuerait en plus à combattre d’autres maladies négligées. Il s’agit clairement d’un médicament à usages multiples’, explique Brian D. Foy, docteur en biologie des vecteurs à l’Université du Colorado. Selon l’Oms, le paludisme tue 781 000 personnes chaque année, pour la plupart de très jeunes enfants africains. Et les méthodes actuelles de réduction de la transmission reposent principalement sur l’utilisation de moustiquaires traitées à l’insecticide. Cette méthode est efficace certes, mais il y a le risque de voir les moustiques développer une résistance aux insecticides les plus couramment utilisés, soutient le communiqué. ‘Quand un médicament est intensivement utilisé, il y a toujours un risque de créer des parasites pharmaco-résistants, mais tel ne serait pas le cas de l’ivermectine. Si l’ivermectine arrive à réduire la transmission, elle pourra circuler dans le sang des gens et tuer les moustiques n’importe où et à n’importe quelle heure de la journée’, fait remarquer Brian Foy. Selon le Dr Massamba Sylla, co-auteur de l’étude, le paludisme représente la première cause de consultation dans les structures de santé en milieu rural au Sénégal.
L’IVERMECTINE : Une molécule à tout faire !
Selon l’étude, l’ivermectine est également efficace contre toute une série de vers parasites, y compris celui de l’éléphantiasis, une maladie provoquée par un vers colonisant le système lymphatique, souvent transmis par les mêmes moustiques que ceux responsables du paludisme. ‘Beaucoup d’enfants et de propriétaires d’animaux domestiques en ont bénéficié. Des centaines de millions de doses ont été administrées pour prévenir le vers du cœur et les vers intestinaux chez les chiens, les chevaux et le bétail. Le médicament est aussi utilisé pour tuer les insectes qui s’en prennent habituellement aux enfants, comme les puces, les poux ou encore les mites de la gale’, rapporte le communiqué.
D’ailleurs, toujours selon cette source, depuis 1987, l’entreprise pharmaceutique Merck a fait don de millions de doses d’ivermectine sous la marque Mectizan pour traiter la cécité des rivières, une maladie qui touche environ 18 millions de personnes. Elle est propagée par les mouches noires qui transmettent un ver s’immisçant dans la peau et les yeux. Quelque 270 000 personnes touchées par la maladie sont devenues aveugles. ‘Pour la cécité des rivières, ce médicament a transformé des vies’, dit Peter Hotez. Dans de nombreuses régions de l’Afrique, le médicament est actuellement donné une ou deux fois par an gratuitement pour lutter contre la cécité des rivières. L’ivermectine est aussi administrée une fois par an en Afrique subsaharienne, dans le cadre de vastes programmes de santé publique visant à éliminer l’éléphantiasis.
L’ivermectine présente peu d’effets secondaires importants. D’après le communiqué, lorsqu’elle tue un vers parasite présent dans le corps, elle peut déclencher de sévères réactions allergiques chez un petit pourcentage des patients infectés par le loa-loa. ‘Aucun cas grave n’a été répertorié chez les patients recevant des doses fréquentes du médicament, comme ceux traités pour de sévères infections par la gale’, assure le communiqué.
Charles Gaïky DIENE
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