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Traitement précoce du VIH/sida : le risque de transmission peut être réduit de 96%

Le soleil | Sénégal | 26/07/2011 | Lire l'article original

La communauté scientifique a enregistré de nouveaux acquis dans la lutte contre le Vih/Sida. Une étude réalisée chez 1.763 couples sérodiscordants (couples composés d’une personne malade et l’autre bien portant) révèle que le traitement précoce réduit de 96% le risque de transmission de la maladie.

De nouvelles étapes décisives sont franchies dans la lutte contre le Vih/Sida. Des résultats présentés à la Conférence de Rome du 17 au 20 juillet 2011, au 6e Congrès de la Société internationale sur le Sida, suscitent beaucoup d’espoir au sein de la communauté scientifique. Une étude réalisée auprès de 1.763 couples sérodiscordants, dans des pays comme le Botswana, le Brésil, l’Inde, le Kenya, le Malawi, l’Afrique du Sud, la Thaïlande, le Zimbabwe et aux Etats-Unis, révèle que le traitement précoce réduit de 96 % la transmission du Vih.

Les chercheurs, rapporte le Pr. Souleymane Mboup, chef du Laboratoire de Bactériologie-Virologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec, avaient examiné les 28 cas où les tests génétiques avaient confirmé la transmission du VIH entre les deux couples partenaires d’un couple sérodiscordant. «Sur ces 28 cas de transmission, 27 concernaient des couples où le partenaire séropositif avait retardé le traitement ; un seul cas de transmission s’était produit lorsque le partenaire séropositif avait commencé immédiatement le traitement. Ainsi, l’étude a-t-elle montré que le fait de commencer plus tôt le traitement réduisait le risque de transmission du Vih de 96%», avance le Pr. Souleymane Mboup. Cet essai dénommé Hptn 052 a permis d’étudier l’effet du traitement comme outil de prévention chez 1.763 couples sérodiscordants.

Réduction de 78% du risque d’infection

Outre les Arv (antirétroviraux), l’utilisation de la pilule anti Vih, le «Truvada», et l’autre moitié du «pacebo» minimise les risques de transmission de la maladie. Cette étude a été menée au Botswana et a concerné plus de 1.200 hommes et femmes. «La semaine dernière, deux études menées en Afrique avaient montré que la prophylaxie pré-exposition (Pr Ep) pouvait réduire les risques d’infection du VIH de 78%», avance le Pr. Souleymane Mboup, lors de l’ouverture de la réunion annuelle du Réseau ouest-africain de lutte contre le Sida, la tuberculose et le Paludisme (Wanetam). Financée par la Fondation Bill et Melinda Gates et dirigée par l’Université de Washington, cette étude qui a touché 4.700 couples répartis entre le Kenya et l’Ouganda, a donné une diminution du risque d’infection de 62 à 73%. «La seconde étude a testé plus de 4.700 couples hétérosexuels sérodiscordants. Les participants non infectés avaient reçu un placebo quotidien soit deux pilules anti-VIH. Le risque d’infection saurait été réduit de 62 à 73%», indique le Pr. Souleymane Mboup.

Progrès réels

Ces nouvelles découvertes scientifiques suscitent tous les espoirs. Les chercheurs commencent à intégrer dans leur discours, les possibilités d’éradication du Vih/Sida. «L’enthousiasme sur ces derniers progrès scientifiques, que ce soit au sujet de l’étude CAPRISA 004 sur le gel vaginal ou de l’étude Hptn 052 sur le traitement comme méthode de prévention, la voie vers une cure, la prophylaxie avant exposition, la circoncision ont fait avancer les débats et les discussions sur les possibilités d’éradication du Sida», laisse entendre le coordonnateur du Wanetam, le Pr. Mboup.

Le Docteur Karim Diop de la Division de lutte contre le Sida salue le partage des expériences et surtout la mise à niveau des acteurs à travers le réseau Wanetam. «En décidant de relever le défi, les chercheurs de l’Afrique de l’Ouest unissent leur force et idées afin de participer activement à la recherche contre les pathologies infectieuses. Ce qui constitue l’avant-garde d’une lutte efficace», avance le Dr Karim Diop.

Le représentant du ministre de la Santé et de la Prévention, Moussa Mbaye, a salué l’engagement du Pr. Souleymane Mboup dans la recherche. «Cette rencontre prépare nos institutions de recherche à conduire des recherches de qualité. Elle renforce la collaboration entre les pays dans la sous-région», souligne le Secrétaire général du ministère de la Santé et de la Prévention, Moussa Mbaye.

La représentante de l’Oms, le Dr Ndella Diakhaté, insiste sur la culture d’une évaluation des programmes et des méthodes de lutte contre ces maladies infectieuses. «La recherche et les essais cliniques sont au cœur de l’accès aux soins et à la prévention. L’Oms a appuyé l’élaboration des recommandations pour des schémas thérapeutiques simplifiés, standardisés. Toutefois, ces recommandations doivent être régulièrement réexaminées et renouvelées pour permettre une prescription simplifiée des traitements», recommande le Dr Ndella Diakhaté.

Pr. Souleymane MBOUP : «Un Berlinois est déjà guéri du Sida»

Les chercheurs entrevoient les possibilités de guérir du Vih/Sida. L’humanité compte, déjà, une personne soignée de la maladie. Elle réside à Berlin. «Il y avait des progrès importants. Il y a, aujourd’hui, la possibilité de guérir définitivement du Sida. Un cas a été constaté, avec une thérapie génique qui a guéri le patient berlinois», révèle le Pr. Souleymane Mboup. Selon lui, les chercheurs ont, désormais, dans leurs mains, des «armes» de prévention et de lutte contre cette maladie qui a confiné les chercheurs dans leur laboratoire, depuis une trentaine d’années.

Idrissa SANE

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