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Le soleil | Sénégal | 31/10/2011 | Lire l'article original
Quel rôle la biologie peut-elle jouer dans un système de santé comme celui du Sénégal ?
La médecine est multidisciplinaire. La biologie est une branche importante de la médecine. Malheureusement, la biologie coûte chère parce qu’il faut des équipements de qualité. Elle demande également une formation particulièrement. Pour faire de la biologie, il faut avoir des diplômes d’un médecin et se spécialiser. Ce sont des spécialisations qui peuvent durer plusieurs années. C’est pour cette raison qu’il n’existe presque pas de biologistes dans les pays africains ou en voie de développement. Par contre, dans les pays développés, beaucoup de choses qui se font sur la médecine sont basées sur la biologie et l’existence de bons laboratoires. Mais dans nos pays, du fait de l’investissement et de l’expertise que cela demande, il y a très peu de biologistes. Certes, il y a de plus en plus de formations pour avoir des biologistes, mais il faudrait que ces derniers puissent travailler dans des lieux où ils peuvent exercer ce qu’ils ont appris. Ce qui n’est pas souvent le cas parce qu’en dehors de certains centres, il y a peu de structures ou de laboratoires pour faire de la biologie. Les équipements de la biologie demandent également de la maintenance. Et cela coûte très cher. Les réactifs que nous utilisons coûtent aussi chers. Mais il faut des préalables. Il faut avoir de l’électricité en permanence et des appareils. En somme, il y a tout l’environnement à bâtir. La biologie coûte chère. Raison pour laquelle, elle n’est pas une priorité pour nos systèmes de santé. Je crois que pour arriver à faire une médecine de qualité, nous sommes obligés de disposer de laboratoires performants et de biologistes qualifiés.
Que doit faire le biologiste dans le système de santé du Sénégal ?
Il doit d’abord se faire reconnaître et sensibiliser les autorités étatiques sur l’importance de la biologie. Nous ne pouvons pas avoir un système de santé performant sans la biologie. Malheureusement, les biologistes au Sénégal ne sont pas nombreux pour participer à l’amélioration du système de santé. Mais, nous participons tout de même à la lutte contre des maladies telles que le VIH/Sida. Si le Sénégal a un taux de prévalence faible en matière de Sida, c’est parce qu’on n’a mis la biologie en avance. Je rappelle que c’est la biologie qui a permis la découverte du Vih2 et favorisé certaines avancées dans la lutte contre le Sida. Nous avons eu la chance d’avoir été écoutés par les responsables du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls) qui ont compris l’importance de la biologie, car nous avons déjà travaillé avec certains des responsables dans le cadre de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles. Dans ce programme, il y avait deux volets importants. Il s’agit de la biologie et de la santé publique. C’est en travaillant ensemble que nous avons obtenu ces résultats. Donc, il faut former le maximum de biologistes et constituer un réseau pour un meilleur plaidoyer. Nous continuons de former des biologistes en réseau. Nous avons vu beaucoup de pays avancer grâce aux gens que nous avons formés. Ils ont beaucoup apporté à leur système de santé.
Vous voulez dire que les biologistes sont à l’origine de la réussite de la lutte contre le Sida au Sénégal ?
Tout le monde est à l’origine de cette réussite mais les biologistes ont contribué à la découverte du Vih2 et ont accompagné des programmes de lutte contre le Sida qui tournent autour de la biologie. Nous faisons recours à cette discipline pour la surveillance et la connaissance des résultats. Pour le traitement, c’est parce que nous avons aussi de bons laboratoires qui permettent de faire le suivi que nous n’avons pas eu beaucoup de conséquences sur le plan social. Si nous n’avions pas ce laboratoire, nous ne serions pas à ce niveau mais parce que quelque part, on nous avait bien écoutés et nous étions un des acteurs dans la lutte.
Combien de biologistes compte le Sénégal ?
Je ne connais pas le nombre exact. Je sais qu’il y a un nombre assez important de biologistes. Mais nous n’avons pas de biologistes de haut niveau dans tous les domaines alors qu’ils doivent être partout dans le système de santé, pas seulement à Dakar dans les laboratoires de recherche mais dans toutes les structures de santé.
Il n’y a pas de laboratoires de recherche de qualité. Que faut-il faire dans ce domaine ?
Il faut plaider auprès des autorités pour que la création des laboratoires fasse partie de l’investissement des structures de santé. Il y a un département du réseau de laboratoires, mais il faut qu’il soit fort et qu’il intègre tout le système de santé. En Europe, tous les examens sont contrôlés par les biologistes, ce qui aide le patient. Cela devrait être le cas dans les pays comme le Sénégal. Malheureusement, cela n’est pas le cas.
Est-ce que le centre que vous dirigez a un matériel adéquat permettant de former de bons biologistes ?
Absolument ! C’est un des centres mondialement connu et un des rares à avoir autant d’équipements et de matériels en Afrique et à pouvoir faire ce que nous faisons actuellement. Nous avons ici toutes les technologies nécessaires alors que dans certains laboratoires vous ne trouvez une ou trois technologies. Il y a peu de laboratoires équipés de toutes les technologies capables de former une trentaine de biologistes chaque année.
Les chercheurs se plaignent souvent du manque de moyens. Qu’est-ce qu’il faut faire pour mobiliser plus de ressources financières ?
Je ne vais pas rêver, un pays comme le Sénégal n’aura jamais les moyens de sa recherche. Par contre, il peut contribuer en facilitant la création des centres et aider à la mobilisation des ressources. Les chercheurs sénégalais n’attendent pas d’avoir tout. Nous avons maintenant des capacités de mobiliser des financements, des équipements. Nous avons tout juste besoin d’être soutenus. Je crois qu’il faut sensibiliser les autorités de manière à ce qu’elles acceptent de soutenir la recherche qui est un aspect stratégique pour la santé publique et les autres domaines de développement.
Propos recueillis par Eugène KALY
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