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Le soleil | Sénégal | 29/06/2012 | Lire l'article original
Zéro excision en 2015 ! Tel est l’objectif majeur que vise le Programme conjoint Unfpa (Fonds des Nations Unies pour la population)/Unicef (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) sur les mutilations génitales féminines. Les acteurs engagés dans l’accélération du processus d’abandon de l’excision l’ont réaffirmé lors de la consultation annuelle tenue, du 11 au 13 juin 2012, à Saly (Mbour, environ 80 km de Dakar). D’ailleurs, au regard des avancées notées dans le mouvement d’abandon de l’excision, l’optimisme est permis, pour que d’ici à 2015, au moins, un des 15 pays couverts par le Programme conjoint Unfpa/Unicef déclare la fin de l’excision dans son territoire.
Le Sénégal pourrait bien être cet Etat qui va arriver à zéro excision en 2015. En effet, plus de 70 % des communautés qui y ont déclaré publiquement avoir abandonné cette pratique, lui ont réellement tourné le dos, a révélé Ndèye Soukèye Guèye, directrice de la Famille au ministère de la Femme, de l’Enfance et de l’Entreprenariat féminin. Se référant à l’Enquête démographique et de santé (Eds), Rose Gakuba, représentante-résidente de l’Unfpa au Sénégal, fait ainsi état des progrès enregistrés dans le processus d’abandon de l’excision avec, aujourd’hui, 5315 communautés sénégalaises qui ont rangé cette pratique aux oubliettes.
Tous ces arguments légitiment l’optimisme de Nafissatou Diop, la coordonnatrice du Programme conjoint Unfpa/Unicef sur les mutilations génitales féminines. « Nous sommes confiants que le Sénégal sera, en en 2015, l’un des pays qui devrait atteindre l’abandon total de l’excision », a-t-elle lancé. Selon Mme Diop, les acquis sont consécutifs à « un leadership et un partenariat forts ». Pendant ce temps, Ndèye Soukèye Guèye convoque le changement de paradigmes opéré à travers une stratégie qui ne choque plus les communautés où l’excision, en tant que norme sociale, est bien assimilée.
Toucher les poches de résistances
Quant à Molly Melching, directrice exécutive de l’Ong Tostan, elle fonde son optimisme sur la continuité constatée dans le mouvement d’abandon de l’excision au Sénégal. « Après 5 ans de sensibilisation, 400 villages avaient abandonné la pratique de l’excision. Aujourd’hui, nous en sommes à 5315 communautés. C’est un mouvement. Dans un premier temps, les gens hésitaient. Les parents avaient peur que leurs filles non excisées ne puissent pas trouver de maris. Maintenant que les communautés sont convaincues, elles sont motivées à abandonner la pratique de l’excision », a argumenté Mme Melching. Seulement, l’excision continue encore à être pratiquée dans certaines communautés, qui avaient, pourtant, déclaré publiquement avoir abandonné cette coutume ancestrale. Compte tenu des cas de refus enregistrés, la coordonnatrice du Programme conjoint Unfpa/Unicef sur les mutilations génitales féminines estime que, pour honorer le rendez-vous de 2015 avec zéro cas d’excision au Sénégal, « il faut, auparavant, toucher les poches de résistances ». Ainsi, pour vaincre les oppositions çà et là, « le Sénégal a bâti une stratégie pour ne pas choquer », a informé Ndèye Soukèye Guèye, qui salue la mise en œuvre de cette approche communautaire basée sur les droits humains. Laquelle a favorisé l’installation du réflexe d’abandon de l’excision au Sénégal.
Approche accélérée
« Aujourd’hui, les résultats sont tangibles », s’est plu à rappeler la directrice de la Famille, estimant qu’il ne « faut jamais dicter la leçon aux communautés ». Embouchant la même trompette, Nafissatou Diop, coordonnatrice du Programme conjoint Unfpa/Unicef, soutient qu’il n’est plus question de dire aux communautés que leurs pratiques sont mauvaises. « Avec les recherches, nous avons compris qu’il faut respecter leurs coutumes pour amener les communautés à dénoncer elles-mêmes cette pratique ». Selon elle, il y a un changement d’orientation, d’approche dans les stratégies, afin d’arriver à l’abandon total de l’excision. Sur les résistances observées dans certaines zones, la directrice de la Famille trouve que c’est « une excellente chose » que, dans certaines communautés, les gens reprennent la sensibilisation. Car, a-t-elle justifié, « la minorité risque d’être marginalisée dans les communautés qui refusent l’abandon de l’excision ». N’empêche, « le Sénégal est en train de réfléchir sur des stratégies pour les communautés qui ont récidivé », a informé la directrice de la Famille, manifestant la volonté de l’Etat du Sénégal d’impliquer les leaders religieux dans le processus d’abandon total de l’excision. Dans ce cadre, « des argumentaires religieux sont en train d’être traduits dans certaines langues nationales », a confié Mme Guèye.
Dans la même dynamique, Rose Gakuba, représentante-résidente de l’Unfpa au Sénégal, soutient que « le défi, c’est de s’adresser aux communautés, car ce sont des aspects culturels qu’il faut changer ». Selon elle, « il faut travailler au niveau des communautés, pour qu’elles soient convaincues que l’excision n’est pas bien ». En effet, « c’est quand elles vont s’approprier l’information qu’elles vont abandonner cette pratique », a expliqué Mme Gakuba, manifestant son souhait de « travailler, pour que les communautés soient conscientes de l’importance de l’abandon de l’excision ».
Pour Jovanna Barberis, représentante-résidente de l’Unicef au Sénégal, il est important de voir « comment renforcer les stratégies en place et accélérer le processus d’abandon de l’excision, parce que 2015 est là ». La préoccupation de Mme Barberis semble avoir trouvé une oreille attentive. En attestent les propos du directeur de Cabinet du ministre de la Famille, de l’Enfance et de l’Entreprenariat féminin : « Une approche accélérée sera mise en œuvre pour l’abandon total de l’excision en 2015 », a déclaré, en effet, Ibrahima Diouck lors de la clôture de la Consultation annuelle du Programme conjoint Unfpa/Unicef sur les mutilations génitales féminines.
Maïmouna GUEYE
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