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Le soleil | Sénégal | 04/07/2012 | Lire l'article original
Mais il faudra ouvrir de nouvelles unités d’hémodialyse pour accueillir tous les malades.
Une nouvelle vie commence pour les personnes souffrant de l’insuffisance rénale chronique. La gratuité de l’hémodialyse, à partir du 1er juillet 2012, comme annoncé lors du Conseil des ministres du 28 juin 2012 tenu à Ziguinchor, est une épine ôtée des pieds des malades. Ils avaient tous poussé un ouf de soulagement en 2010, lorsque la séance était ramenée à 10.000 FCfa au lieu de 35.000 FCfa dans le public et 60.000 FCfa dans le privé. Cette fois-ci, c’est le grand espoir. La gratuité dissipera toutes les angoisses. L’insuffisance rénale chronique plongera moins de familles dans les abysses de la misère. La vente des maisons et des biens les plus précieux des familles sera, désormais, un vieux souvenir. « Je ne peux pas vous dire combien de personnes sont décédées, faute de moyens pour couvrir les séances d’hémodialyse. Je ne peux pas dire combien de familles ont bazardé leurs maisons, leurs parcelles pour se soigner. Cette gratuité est une vieille revendication qui va changer fondamentalement nos vies, mais il nous faut de nouvelles machines », confesse le président du Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal (Mirs), El Hadj Hamidou Diallo.
Un malade soumis à 2 séances de dialyse débourse 480.000 FCfa par mois. Celui de 3 séances par mois, 720.000 FCfa dans le privé. Auparavant, il fallait à un malade, au moins, 600.000 FCfa par mois. Un insuffisant rénal dépense, en moyenne, 6 millions de FCfa par an, si l’on se réfère aux chiffres du Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal.
La gratuité, une décision d’une grande portée
Aucune famille, aucun patient, fût-il un fonctionnaire de la hiérarchie A ou B, ne pouvait, à lui seul, supporter durablement un tel investissement à vie. La solidarité agissante n’est pas si durable en de pareilles circonstances. La prise en charge de ces dépenses onéreuses par l’Etat, disons ruineuses, est une vraie bouffée d’oxygène pour ces milliers de Sénégalais insuffisants rénaux.
Il n’y a pas photo entre la moyenne de 6 millions de FCfa par an et la gratuité. Cette décision d’une « haute portée » sociale s’attribue tous les qualificatifs des acteurs des organisations consuméristes, comme le Pr. El Hadj Niang. « La gratuité de l’hémodialyse que le gouvernement vient d’entamer est révolutionnaire, mais il faut l’accompagner avec le renforcement du parc des machines de l’hémodialyse », a fait remarquer le Pr. El Hadj Niang de la Ligue sénégalaise des consommateurs.
C’est vrai. La gratuité est une paire de manche. Mais, l’extension du parc de machines et la décentralisation restent aussi des défis de premier ordre. Sinon, une telle mesure aura des effets limités. Peu de patients auront accès aux traitements. Le temps d’attente pourrait être fatal pour des centaines de malades. La taille de l’actuel parc est de 75 lits pour tous les insuffisants rénaux du Sénégal qui sont environ 13.000.
Le gouvernement, par la voix du ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Pr. Awa Marie Coll Seck, a pris la pleine mesure des incidences de la gratuité. « Le président de la République, son excellence Macky Sall, a décidé qu’il y aura une gratuité de l’hémodialyse dans le secteur public. Nous sommes en train d’augmenter l’offre avec des centres qui seront ouverts à Tambacounda, à Touba, mais aussi dans d’autres régions, comme Kaolack et Ziguinchor, d’ici à la fin de l’année », a dit le Pr. Awa Marie Coll Seck lors d’une journée de partage et d’échanges entre le chef du gouvernement, Abdoul Mbaye, et les forces vives de la nation, le vendredi 29 juin 2012.
L’application de la gratuité, cette année, procède de la culture d’une gestion efficiente des deniers publics. La gratuité n’était pas prévue dans l’exercice budgétaire en cours. « En réalité, nous avons déjà un réaménagement budgétaire de notre département. Lorsqu’on parle de gratuité, il y a un coût qui est pris en charge par le ministère. Dans l’avenir, nous allons le prévoir », a assuré le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
Le Sénégal fait ainsi partie des 2 pays d’Afrique de l’Ouest, après la Gambie, qui dispensent ses patients de ces dépenses. Le nouveau chantier est certainement le vote de la loi qui devrait régir la pratique de la greffe rénale au Sénégal. Le projet de loi est à l’Assemblée nationale depuis 2 ans. Avec l’élection des nouveaux députés, ils examineront ce projet de loi en procédure d’urgence comme le souhaitent les néphrologues sénégalais, les professeurs Boucar Diouf, Abdoul Niang et leurs équipes de jeunes médecins. Ils sont tous prêts à réaliser la première greffe rénale que l’absence de cadre juridique bloque.
Idrissa SANE
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