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Le soleil | Sénégal | 22/02/2014 | Lire l'article original
Nous sommes à une année de l’échéance des Omd. Est-ce qu’il y a des pays de l’Afrique qui seront au rendez-vous des Omd pour le volet assainissement ?
L’Afrique est en retard par rapport aux Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Il n’y a que 5 pays qui peuvent atteindre les volets assainissement des Omd. Pour le reste, il faut attendre l’an 2048 pour être au rendez-vous. D’ailleurs, si des actions d’envergure ne sont pas entreprises, il faudra attendre 2098 pour que d’autres pays réalisent ces objectifs. L’augmentation de la population a été prise en compte dans cette dynamique. Il faut donc un changement d’approches et de paradigmes, car les grandes lignes sont déjà tracées. L’assainissement doit être une priorité nationale et une priorité individuelle dans les ménages. Pour mettre fin à la défécation à l’aire libre, briser les cycles de manque d’assainissement, il nous faudra adapter l’Assainissement total piloté par la communauté (Atpc). Nous pouvons répliquer ce modèle de l’Inde en Afrique. Nous avons le cas de Madagascar, l’un des pays les plus pauvres d’Afrique qui a obtenu des résultats encourageants. C’est un pays qui sera un leader en matière d’assainissement. Il faut faire en sorte que chaque ménage puisse avoir une toilette, aussi modeste qu’elle soit. Le plus important, c’est d’interrompre la chaîne de transmission des maladies liées aux problèmes d’hygiène et d’assainissement. Des efforts ont été faits dans le secteur de l’eau. Le Sénégal est cité en exemple. Mais, il nous faut de la durabilité dans tout ce que l’on fait. Le problème, c’est que les gouvernements retiennent les chiffres obtenus à un moment donné, mais ils oublient souvent de conserver les acquis. La société civile et les journalistes doivent rappeler aux gouvernements que les acquis sont à inscrire dans la durabilité.
Le changement de comportements est un défi en Afrique…
Il nous faut un déclenchement institutionnel. Les fonctionnaires des ministères pensent que si les problèmes d’assainissement seront résolus, ils seront au chômage. Il en est de même pour nous les développeurs. Mais il ne faut pas voir pour soi et regarder l’intérêt général. Il faut inciter les parlementaires à voter des budgets conséquents. Les fonctionnaires se focalisent sur le ratio, le nombre d’hôpitaux par rapport à une population donnée. Cela est dépassé. Il faut plutôt mettre l’accent sur la prévention des maladies, faire en sorte que les personnes n’aillent pas dans les hôpitaux. Nous n’allons pas mesurer le développement par le nombre d’hôpitaux construits. Le développement se mesurera par le nombre de population qui se porte bien.
Quels rôles les collectivités locales doivent-elles jouer ?
Le niveau le plus pertinent d’intervention, ce sont les collectivités locales. Il ne faudra pas qu’elles aillent chercher le retour sur investissement dans le secteur de l’eau où il y a beaucoup plus d’argent. La décentralisation s’appréciera lorsque les populations de l’intérieur ont un accès optimal à l’eau et aux infrastructures d’assainissement et d’hygiène. Les journalistes doivent nous aider à faire comprendre ces enjeux.
Propos recueillis par notre envoyé spécial au Bénin Idrissa SANE
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