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Sud Quotidien | Sénégal | 08/05/2014 | Lire l'article original
A coté des erreurs médicales qui ne sont pas livrées au public, les infections liées aux soins médicaux contactées par les malades ou leurs accompagnants sont tout aussi passées sous silence alors que l’imputabilité relève des centres de soins et hôpitaux. En célébrant hier à l’hôpital le Dantec la journée mondiale des lavages des mains, cette question sensible a été soulevée au cours des débats lors de la rencontre qui a réuni directeurs d’hôpitaux, partenaires de développements et autorités sanitaires.
En effet, si la prévalence des infections liées aux soins touche 5 à 10 % des malades dans les pays développés, le pourcentage est plus dramatique dans les pays en voie de développement dont la tendance passe à plus de 25 fois. Ce qui signifie, selon les professionnels de santé, que les infections liées aux soins constituent un véritable fardeau dans nos pays. Pourtant le geste simple de lavage des mains par le savon permet de réduire drastiquement ce mal. Cependant, sous nos cieux, il n’existe pas encore de chiffres officiels pour cerner le mal. Mais rien que les quelques données tirées de l’hôpital Aristide Le Dantec au service de réanimation suffisent largement pour mesurer l’ampleur du problème et l’urgence de prendre des mesures idoines.
Le constat reste tout de même que les malades hospitalisés et victimes des infections sont par ailleurs obligés de prolonger leurs séjours et payer plus. C’est pour cela qu’à l’issue de la rencontre, Mody Bousso président de l’association des droits des malades au Sénégal, a vivement dénoncé le fait que les malades paient les dépenses liées aux infections contactées dans les structures sanitaires. De quoi permettre à ce défenseur des droits de l’homme d’interpeller les hôpitaux pour leur souscription à une assurance obligatoire pour prendre en charge le malade touché par ces infections intramuros.
Dans cette lancée, il préconise même une loi pour la protection des droits des malades et par delà doter les malades d’une couverture juridique actuellement inexistante dans notre pays. Et Mody Bousso d’ajouter que « nous n’avons que la charte du malade au Sénégal et elle est méconnue des populations et de certaines personnes médicales. » D’où la nécessité d’une meilleure vulgarisation de cette charge en attendant que le Sénégal légifère contre les erreurs médicales et les infections liées aux soins. Dans le débat déontologique, la question d’informer le malade par le médecin traitant est apparu pour certains comme un devoir de conscience professionnelle alors que d’autres se réfugient dans la couverture du secret professionnel.
Mais pour le défenseur des malades, il faut s’inspirer de l’exemple de la France où la sécurisation des patients a été réglée par l’ancien ministre Bernard Kouchner qui avait soulevé ce débat en 2002. Au bout du compte une loi a été votée et la mise en place d’un fond de solidarité nationale pour le patient en cas d’infection nosocomiale. Alors pour le cas d’une faute médicale identifiée, toujours dans ce pays, la loi a exige à l’assureur de payer dés lors que l’hôpital est souscrit à une assurance.
Le Dr Thiam, responsable du Programme national de lutte contre les maladies nosocomiales (PRONALIN), soutient pour sa part que la solution, c’est d’insister sur le lavage des mains et d’améliorer l’hygiène dans les structures de soins. Le responsable du Pronalin a également profité de cette occasion pour lancer un cri du cœur sur son service qui ne dispose que d’un seul véhicule depuis plus de 10 ans pour faire les 14 régions du Sénégal sur cette question.
Quant au ministre de la Santé et de l’action sociale qui a présidé l’ouverture de la rencontre, elle a mis l’accent sur la région africaine où l’insuffisance des données ne permet pas de connaitre l’ampleur des problèmes liés aux soins. La représentante de l’Oms a salué pour sa part les progrès du Sénégal dans la lutte contre les infections liées aux soins.
Cheikh Tidiane MBENGUE
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