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Sud Quotidien | Sénégal | 17/10/2014 | Lire l'article original
L’institut Joliot Curie de l’hôpital Aristide le Dantec, seul centre anti cancéreux au Sénégal, croule sous le poids de son étroitesse et de la vétusté de ses locaux. C’est l’avis de son directeur, Mamadou Diop, Chirurgien Cancérologue, qui a par ailleurs estimé qu’il faut une politique «beaucoup plus hardie» pour la construction d’un nouveau centre anti cancéreux digne de ce nom.
Dans tout le Sénégal, il n’existe qu’un seul centre anti cancéreux, centralisé à Dakar, qui accueille tous les malades de cancers du pays, notamment l’Institut Joliot Curie de l’hôpital Aristide le Dantec. Dans ce centre, trois services sont disponibles, notamment la partie chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie, qui sont les parties essentielles des modalités thérapeutiques autour du cancer. Pour autant, Mamadou Diop, directeur de l’institut a estimé, qu’il en manque d’autres structures pour qu’elle soit vraiment un centre anti cancéreux. Il s’agit, selon lui, des services de diagnostique, de l’anapat, ce qu’on appelle l’anatomie pathologie, ainsi que des moyens d’investigations, qui permettent d’évaluer l’extension de la maladie, que ce soit l’imagerie médicale ou la médecine nucléaire.
Pire, a-t-il informé, «il n’y a pas suffisamment de lits, de blocs opératoires, de bureaux de médecins, de salles de consultation, de salles d’attente et la salle de chimiothérapie est bondée».
Assez, pour lui de déclarer «qu’on n’est pas encore un vrai centre anti cancéreux parce qu’un centre anti cancéreux c’est pratiquement un hôpital à lui tout seul, alors que là, nous dépendons encore de l’hôpital Le Dantec». Autant de choses qui lui ont fait dire que «l’institut aujourd’hui souffre de son étroitesse et de la vétusté de ses locaux».
Manque de médecins en soin palliatif
Dans la même dynamique le professeur d’université, a fait état d’un manque criant de ressources humaines au Sénégal. A l’en croire, il n’existe au Sénégal que deux radiothérapeutes, aucun en formation actuellement.
Pire, a-t-il indiqué, il n’y a qu’un seul chimiothérapeute, pour plus de 1000 malades traités par l’institut, une seule psycho-oncologue, ainsi que sept qui font le diagnostic du cancer et que trois qui pratiquent la médecine nucléaire. Le comble, toujours selon lui, «les infirmiers spécialistes en chimiothérapie, les techniciens en radiothérapie, le personnel paramédical, il n’y en a plus sur le marché». Un déficit alarmant dans la mesure où l’institut Joliot Curie est surpeuplé de malades du cancer.
Aucune subvention de l’Etat
A côté de ce besoin criant en personnel, s’y ajoute la lancinante question de la prise en charge thérapeutique des patients. Sur ce point, Mamadou Diop a indiqué «qu’il y a de sérieux problèmes de prises en charge thérapeutique des cancers».
A l’en croire, à un stade beaucoup plus avancé, la chirurgie est plus chère.
L’hospitalisation dure plus longtemps, tout comme les investigations nécessaires pour évaluer la maladie, qui deviennent beaucoup plus couteuses. De surcroit, a-t-il indiqué, un traitement complémentaire, qu’on appelle «traitement adjuvent» y est associé, notamment la chimiothérapie. «Cette chimiothérapie, malheureusement au Sénégal, est encore à la charge des patients» a-t-il déploré. Un traitement très coûteux, qui pousse, selon lui, certains malades à arrêter les traitements ou à aller voir les tradi-praticiens.
Une situation qu’il a déplorée, d’autant plus que certains pays limitrophes, à l’image du Mali, de la Mauritanie, ou encore de la Côte d’Ivoire, accordent une subvention substantielle pour que la chimiothérapie soit accessible.
Par ailleurs, et tirant toujours la sonnette d’alarme, le directeur de l’institut Joliot Curie est revenu sur les problèmes récurrents de rupture de stock de médicaments contre les douleurs, notamment la morphine. Selon lui, il y a aussi les problèmes des soins palliatifs à domiciles et tous les problèmes de soutien psychologique à développer.
Pour ce faire, il a estimé qu’il faut que le ministère de la Santé, qui vient d’accorder deux bourses d’étude au Maroc, donne beaucoup plus de bourses, entre cinq à 10 par ans. Mieux, il a estimé qu’il faut «une politique beaucoup plus hardie, beaucoup plus forte». Plus, il a jugé nécessaire de mettre sur pied un programme national, conforté d’un budget conséquent, pour non seulement, la prévention primaire, mais aussi celle secondaire pour un dépistage précoce de la maladie. A cela, doit s’ajouter, selon lui, un programme d’information, de sensibilisation des populations sur les premiers symptômes des cancers les plus fréquents.
Pour couronner le tout, Mamadou Diop a trouvé obligatoire de construire un nouveau centre anti cancéreux, avec des infrastructures modernes, un plateau technique de qualité et surtout des mesures d’accompagnement et les ressources humaines qu’il faut. Cela, avec une autonomie budgétaire et des infrastructures d’accueil, notamment la maison du patient, tel que structuré dans le projet inclus dans le Plan Sénégal Emergent (PSE).
Jean Michel DIATTA
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