Les scientifiques et leaders africains sont déterminés à se repositionner pour faire face à toutes sortes d’épidémies qui minent le continent sans attendre l’expertise de la communauté internationale. Cet engagement de donner de la voix à l’Afrique dans le domaine de la recherche médicale sera matérialisé par un forum qui regroupera à Dakar, les 19 et 20 janvier, le leadership africain afin d’accélérer l’évaluation des traitements et des vaccins potentiels contre le virus Ebola. Un groupe pharmaceutique américain est d’ailleurs en phase de mettre sur le marché 2 millions de doses, d’ici 18 mois.

L’Afrique se réveille et entend faire valoir sa propre expertise pour lutter contre les maladies qui essaiment dans le continent. Tel est le message fort lancé hier, vendredi, lors d’un point de presse en prélude au forum scientifique sur l’épidémie Abola que Dakar s’apprête à abriter les 19 et 20 janvier prochains. Encadré par le directeur général de la Santé Papa Amadou Diack, le Dr Samba Cor Sarr, directeur de la recherche au ministère de la santé et de l’action sociale, et le Pr Ndèye Coumba Kane organisatrice de la rencontre, le Pr Souleymane Mboup a introduit ce point de presse en évoquant d’abord le parcours mortel du virus depuis son apparition en 1976 en République démocratique du Congo (Zaïre), avec 318 cas et au Soudan (284 cas).

Coordonnateur de ce forum, le Pr Mboup a rappelé son introduction pour la première fois en 1994 en Afrique de l’Ouest par la Côte d’Ivoire avant de prendre une ampleur sans commune mesure en Guinée, Sierra Léone et Libéria infectant 21 364 dont 8459 décès, selon le dernier décompte de l’Oms le 15 janvier dernier. « Depuis lors, et à un rythme très rapide, un certain nombre de groupes et de consortium s’emploient à mettre au point un vaccin ou des essais cliniques de médicaments dans des conditions très difficiles et sans précédent… » a poursuivi le Pr Mboup qui a fait remarquer qu’il n’existe pas encore de forum scientifique contre l’épidémie. Il reviendra au directeur de la santé Papa Amadou Diack de dégager l’opportunité que représente le forum de Dakar qui attend déjà 5 autres ministres de la Santé sans compter les autres demandes de participation. Le directeur de la santé a insisté sur le rôle du Sénégal et surtout des résultats attendus à travers la déclaration de Dakar qui fera référence, quant à l’avenir de la mobilisation des scientifiques.

Johnson Johnson, à l’origine du vaccin

Selon le Dr Samba Cor Sarr, directeur de la recherche qui lui a emboité le pas, les Africains sont aujourd’hui déterminés à être au devant de la scène. Et cette réunion, selon toujours le directeur de la recherche, sera l’occasion de repositionner des leaders scientifiques et des décideurs africains face aux épidémies qui frappent le continent. Il ajoute en résumant la thématique de cette rencontre en disant que la voix et le leadership africain vont permettre l’accélération et l’évaluation des traitements et vaccins contre Ebola.

A sa suite, le ¨Pr Ndeye Coumba Kane a fait remarquer que « Ce qu’on a appliqué sur le VIH en terme de mobilisation internationale et en créant des réseaux, on peut bien l’appliquer sur Ebola. Si les gens unissent leurs efforts, on peut faire face non seulement à l’Ebola mais à d’autres pathologies ». Et le Pr Kane de profiter également de l’occasion pour révéler que, dans le domaine de la recherche vaccinale, il y a déjà un vaccin très avancé contre Ebola qui a fini sa phase d’essai et que 2 millions de doses sont attendus pour être expérimentées au Libéria et en Sierra Léone. Pour accélérer la mise en place du vaccin sur le marché, les scientifiques comptent d’ailleurs combiner les phases 2 et 3 afin que dans 18 mois, les résultats puissent conduire à leur utilisation à grande échelle. Le Dr Kane a soutenu que le groupe américain Johnson Johnson est à l’origine de ce vaccin. D’autres vaccins de type canadien et de JSK sont également en pôle position sur le marché.

Cheikh Tidiane MBENGUE

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