La Journée internationale des femmes sera célébrée dimanche. En prélude à l’événement, l’Association de Recherche de Communication et d’Accompagnement à Domicile des personnes vivant avec le VIH/Sida (ARCAD-Sida Mali) a organisé mercredi au Centre international de conférences de Bamako, une conférence de presse sur le thème « Femmes et VIH ». La conférence était animée par la directrice exécutive d’ARCAD-Sida Mali, le Dr Dembélé Bintou Kéïta. C’était en présence du coordinateur adjoint de la Cellule sectorielle de lutte contre le sida au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, le Dr Ouman Dembélé, la directrice du Programme National de Lutte contre l’Excision (PNLE), Mme Kéïta Josephine Traoré, et la directrice Pays ONU-Sida, Mme Thérèse Poirier.

Principale conférencière, Mme Dembéle Bintou Kéïta a rappelé que le virus du sida se transmettait de la mère à l’enfant de trois façons : quand la maman porte l’enfant dans son ventre, pendant l’accouchement et au cours de l’allaitement. Aujourd’hui il est possible de prévenir cette contamination. C’est dire qu’une mère séropositive peut mettre au monde un enfant séronégatif, car il existe désormais la Prévention de la Transmission Mère-Enfant (PTME), a-t-elle expliqué.

Le programme de PTME a démarré dans notre pays en 2001 avec uniquement un site au CHU « Gabriel Touré » qui offrait ce service. L’élimination de la transmission mère-enfant (TME), a noté le Dr Dembélé Bintou Keïta, constitue une des interventions prioritaires de la stratégie internationale et des pays pour une riposte efficace contre l’épidémie.
Elle contribue à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Aujourd’hui, on note des avancées significatives dans ce domaine, car en 2011 l’on dénombrait 338 sites de PTME contre seulement 1 en 2001. La multiplicité des sites de la PTME a incontestablement permis d’accroitre le nombre de femmes enceintes dépistées lors des consultations prénatales (CPN) et le nombre de femmes enceintes recevant les anti-rétro-viraux (ARV), s’est-elle félicitée.
Selon le rapport 2013 de la Cellule sectorielle de lutte contre le sida (CSLS) du ministère de la Santé sur 217 495 femmes enceintes conseillées, seulement 51,2% ont été testées et sur 1134 PCR effectuées en 2013, 120 enfants étaient infectés soit environ 10,58%, a souligné le Dr Dembélé Bintou Keïta.

Selon les estimations du Haut Conseil National de Lutte Contre le Sida (HCNLS) fournies par le logiciel Spectrum, 4915 femmes étaient en besoin de PTME dans notre pays. Seulement 1857 (environ 40%) en ont reçu. Cela signifie que 60% de femmes enceintes ayant besoin d’une PTME en sont privées, a précisé la directrice exécutive d’ARCAD-sida.
Si les données du logiciel Spectrum prévoient que 1182 enfants seront infectés par la transmission mère-enfant, la file active d’ARCAD-sida Mali indique que sur 316 enfants testés, 29 étaient positifs soit 9,2%.

L’offre des services en PTME demeure très insuffisante en dépit d’une couverture géographique en augmentation croissante depuis 2001, reconnaît-le Dr Dembélé Bintou Kéïta qui constate que le groupe le plus exposé par l’épidémie du VIH et du sida dans notre pays est constitué par les travailleuses de sexe (TS).

Les TS, explique-t-elle, sont les couches les plus vulnérables au VIH et du sida du fait principalement des pratiques de multi partenariat non protégé. La transmission dont elles font l’objet les empêche d’avoir un bon accès à la prévention, au dépistage et aux soins, indique Mme Dembélé Bintou Keïta. Les clients des travailleuses de sexe, analyse-t-elle, sont des « Monsieur tout le monde » et font partie de toutes les couches de la population générale. Ils constituent de ce fait une population « passerelle » entre les TS et la population générale.

Pour lutter contre la propagation du VIH et du Sida, il faut donc agir auprès des travailleuses de sexe car ce groupe constitue, à lui seul, le plus grand moteur de l’épidémie, a démontré la directrice d’ARCAD-sida.

Le département en charge de la Femme, de l’Enfant et de la Famille soutient et accompagne l’initiative et le combat d’ARCAD-sida Mali », assure la directrice du PNLE, Mme Kéïta Joséphine Traoré.

La directrice pays ONU-sida a demandé à toutes les femmes et jeunes filles de se faire dépister. La connaissance de son statut sérologique, dira le coordinateur adjoint de la CSLS au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, le Dr Ouman Dembélé, est un droit et un devoir pour tout être humain et citoyen malien. Et les autorités compétentes ont le devoir d’assister leurs citoyens malades en leur fournissant des médicaments.

S. Y. WAGUE

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