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Le quotidien | Sénégal | 06/05/2015 | Lire l'article original
La population de sages-femmes au Sénégal est très en deçà des normes de l’OMS. Elle est estimée à 1 716. Le gap à combler est chiffré à 4 000 sages-femmes. Ce, malgré les 500 recrutées récemment. L’Association des sages-femmes du Sénégal qui célébrait hier la journée dédiée est revenue sur les difficultés et les contraintes dont elles se heurtent dans leur quotidien.
Le Sénégal compte 1 716 sages-femmes pour une population de femmes en âge de reproduction de 3 millions 107 mille 004. Le ratio n’est que de 2 sages-femmes pour 1 000 naissances alors que selon les normes de l’OMS, il faudrait 6 sages-femmes pour 1 000 naissances. Malgré le recrutement cette année de 500 sages-femmes, notre pays traîne toujours un gap de 4 000 sages-femmes, selon la présidente de l’Association nationale des sages-femmes du Sénégal, Marième Fall.
En plus du nombre insuffisant de sages-femmes, l’on note également que le nombre est très mal réparti à travers le territoire. 37% des sages-femmes sont en milieu urbain. Et la capitale à elle seule concentre les 33% des sages-femmes même si elle représente 25% de la population générale et vu sous cet angle, elle n’est pas correctement couverte, note Marième Fall. Les régions de Matam, Sédhiou, Tambacounda, et Kédougou sont les moins pourvues en sages-femmes. Et c’est dans ces régions que le taux de mortalité maternelle et néonatale est le plus élevé avec 1 412 décès pour 100 mille naissances vivantes à Kédougou et 1 047 décès pour 100 mille naissances vivantes à Tambacounda, contre 68 décès pour 100 mille naissances vivantes à Dakar, selon l’enquête Sonu révélée par Andréa Wojnar Diagne, représentante résidente de l’Unfpa/Sénégal.
La qualité et l’offre de services fournies par les sages-femmes restent également un grand défi. Le manque de formation, d’équipements des structures de santé sont aussi des contraintes dans la prise en charge effective des questions liées à la santé sexuelle, reproductive, maternelle et néonatale. Un manque de formation exacerbé par la nature des écoles de formation qui très souvent n’ont pas le niveau requis pour former les futures sages-femmes. « Nous avons des problèmes. Toute personne peut se lever un jour et ouvrir son école de formation des sages-femmes. Or, on n’a pas assez d’enseignants qui ont le profil clinique pédagogique et managérial pour assurer une bonne formation ; c’est ce qui fait que la formation dans ces écoles laisse à désirer. Sur 9 000 sages-femmes qui sortent il n’y a que 250 qui sont certifiées », renseigne la présidente des sages femmes qui demande à l’Etat de réguler ce secteur.
Les sages-femmes qui rechignent à aller hors de Dakar se verront retiré leur diplôme
La célébration de la journée des sages-femmes cette année a coïncidé avec le recrutement de 1 000 agents de santé dont 500 sages-femmes. Elle a été l’occasion pour la présidente, Marième Fall, de faire un plaidoyer à l’endroit de ses collègues qui rechignent à aller servir dans les zones reculées du pays. « On ne peut avoir une médecine à double vitesse. Toutes les femmes sont les mêmes. Où elles se trouvent, elles ont le droit d’avoir les mêmes soins durant la période de grossesse que les femmes résidentes dans le milieu urbain », tonne-t-elle. Laissant planer des menaces, elle souligne dans la foulée que leur Ordre est passé à la Primature et à la Présidence et que les personnes qui ne voudront pas servir dans les régions reculées se verront retiré tout simplement leur diplôme. A cet effet, elle a invité le ministère de la Santé et de l’Action sociale à jouer sa partition. « Le ministère de la santé et de l’Action sociale doit avoir un plan de mobilité des sages-femmes. Cela veut dire que toute sage-femme en poste dans une zone reculée de la capitale peut prétendre quitter au bout de 5 ans et que quelqu’une d’autre viennent la remplacer », propose Mme Fall.
Marième Fall invite ses collègues à plus de professionnalisme
En marge de la cérémonie, la présidente des sages-femmes a déploré les nombreuses plaintes dont sont victimes ses collègues dans l’exercice de leur fonction. Beaucoup de plaintes sont en cours actuellement dont une au centre de santé Mame Abdoul Aziz aux Parcelles Assainies. « C’était une femme jeune qui portait sa première grossesse. Une gémellaire. On leur recommande souvent quand c’est une grossesse gémellaire grosse de référer. Alors pourquoi garder la patiente jusqu’à ce que la femme perde son enfant ? La deuxième plainte, c’est à Kolda pour non assistance à une personne en danger. Ils ont pensé que la patiente avait la maladie d’Ebola. Le médecin avait dit que la femme n’était pas enceinte alors qu’elle était en train d’accoucher. Ce sont là des fautes graves et fort heureusement, la population actuellement connaît ses droits et elle porte plainte à chaque fois qu’elle estime que ses droits sont bafoués », soutient Mme Fall. Elle indique également que d’autres plaintes sont encore là, mais que les sages-femmes cette fois-ci ne sont pas responsables, mais plutôt l’Etat, qui doit assurer un plateau technique acceptable.
Ngoundji DIENG
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