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GUINEE MADAGASCAR MALI R.D. CONGO SENEGAL TOGO
Sud Quotidien | Sénégal | 23/02/2016 | Lire l'article original
L’arrêté du ministre de la Santé et de l’Action sociale, interdisant le docteur El Hadi Hachem Diab d’exercer comme anesthésiste-réanimateur et l’autorisant à officier comme urgentiste, sème la zizanie dans les camps des deux protagonistes. Selon les avocats des deux parties, des recours vont être introduits à cet effet. Les robes noires (des deux parties) ont essayé, lors du procès tenu jeudi dernier, de défendre leur client en se rejetant la paternité des documents. Alors que le camp du docteur Youssoupha Diallo a avancé que ses recherches ont abouti à démontrer que le docteur Hachem Diab n’avait pas les diplômes « qu’il s’est attribués », l’autre partie a révélé que ces documents ont été fomentés de toutes pièces dans le but de nuire à leur client.
Jusqu’où s’arrêtent les prérogatives d’un réanimateur dans l’exercice de son métier et où commencent celles d’un urgentiste ? La confusion semble s’installer dans l’arrêté du ministre de la Santé et de l’Action sociale interdisant ainsi le docteur Hachem Diab d’exercer comme anesthésiste-réanimateur, mais l’autorisant à travailler comme urgentiste.
Pour les avocats des deux camps, cet arrêté sera attaqué du fait que le ministère de la Santé n’a pas été explicite sur ce point.
Pour Maître Boubacar Cissé, avocat de la partie civile, certes son client a été sanctionné sur un point, mais il reste toujours médecin du fait qu’il est confirmé comme urgentiste. « C’est quoi ces manières : interdire au docteur Hachem d’exercer comme anesthésiste-réanimateur à titre privé et le confirmer comme urgentiste? Ce qui est manifestement un paradoxe car un médecin urgentiste peut accomplir tout acte médical, y compris la réanimation. C’est pour vous dire toute l’aberration de cette décision », a souligné Me Cissé.
Toujours sur l’arrêté du ministère de la Santé et de l’Action sociale, l’avocat de docteur Hachem Diab, Me Cissé s’est dit surpris de cette décision. « Le ministre de la Santé avait adressé un courrier à mon client, le docteur El Hadi Hachem Diab, lui impartissant un délai d’un mois pour produire l’original de son diplôme d’anesthésiste-réanimateur. Ce dernier n’a reçu le courrier que le 8 février. Le lendemain, le 9 février, il reçoit un arrêté l’interdisant d’exercer à titre privé comme anesthésiste-réanimateur », a-t-il dénoncé. Et de poursuivre: « nous avons nos diplômes et nous allons prouver que docteur Hachem Diab est un vrai médecin anesthésiste-réanimateur ».
Pour le camp de docteur Youssoupha Diallo, même si ses avocats avancent que le ministère lui a donné raison du fait qu’il y avait des suspicions sur la détention des deux diplômes, ces derniers soutiennent, que le point précis de l’interdiction du docteur Hachem Diab d’exercer comme anesthésiste-réanimateur et de sa confirmation comme urgentiste fera l’objet d’un recours. « Nous ne sommes pas satisfaits. Je me demande qu’il faille avoir d’abord un diplôme d’anesthésiste-réanimateur et après être un urgentiste. Si vous ne pouvez pas réanimer un patient, comment voulez-vous être urgentiste ? C’est pourquoi, nous pensons que le ministre de la Santé ne devait pas le laisser exercer. Mais, pour le reste, la tutelle a confirmé nos soupçons. Mieux encore, elle a demandé à Hachem de lui apporter les preuves qu’il détient effectivement les diplômes d’anesthésiste-réanimateur » a déclaré Me Yérim Thiam.
Stagiaire et non diplômé ?
Sur le doute qui plane sur les deux diplômes présentés par le docteur Hachem, l’un obtenu en 1992 et l’autre en 1993 pour la même spécialité, Me Yérim Thiam, l’un des avocats de docteur Diallo a dit avoir envoyé des sommations interpellatrives à plusieurs des camarades de docteur Hachem Diab supposés être de la même promotion. La réponse, selon lui, reste négative car ces derniers ont déclaré n’avoir jamais passé les examens de réussite de cette spécialisation avec lui.
Cependant, il est à noter que Dr Hachem Diab a suivi des stages en anesthésie-réanimation au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Cocody. Le docteur Tetchi Yavo, qui est présumé être de la même promotion que le docteur Diab, a déclaré n’avoir pas connu ce dernier. Madame Vilasco Brigitte, médecin aux grands brûlés, de révéler : « oui, je l’ai connu à titre de stagiaire, mais n’avait pas de diplôme d’anesthésie-réanimation qu’il préparait ».
Pour le camp de docteur Hachem Diab : « Docteur Hachem a bien dit qu’il a échoué en 1992, mais réussi en 1993. Présentement, dans ce procès, c’est une confusion entre les Attestations de ce diplôme. Peut-être même que les autres Attestations dont dispose l’autre partie peuvent relever d’une erreur. Parce que, sur l’Attestation qu’ils ont, on a mis novembre 1992 alors que sur la notre est écrit novembre 1993. En 1993, on a produit même notre carte d’étudiant, on était inscrit en 92-93 et Hachem a réussi à l’examen », a renseigné Me Cissé. Et de poursuivre que dans cette affaire, « c’est le docteur Youssoupha Diallo qui a produit ces documents pour les présenter comme des diplômes faux alors que nous, nous leur avons exhibé les originaux de nos diplômes qui ont été authentifiés par la Direction de la scolarité de la faculté de médecine de la Cote d’Ivoire. »
Assistant du professeur Bondurand
Une autre révélation faite à la barre par l’avocat du docteur Youssoupha Diallo, c’est que le docteur Hachem Diab se disait aussi assistant du professeur Bondurand. Or, selon toujours Me Yérim Thiam, il n’en est rien. Et de soutenir que sur la sommation interpellative au docteur Tetchi, supposé être de la même promotion, il est noté : « J’ignore sa personne dans le service comme assistant du professeur Bordurand ». Et, Mme Vilasco, médecin aux grands brûlés a soutenu : « M. Diab a fréquenté le service du professeur Bondurand au titre d’étudiant stagiaire de 3ème année du Certificat d’Etudes Spéciales d’Anesthésie et Réanimation. Par contre, je ne peux pas préciser s’il s’agit de 1992 ou 1993 ». Mme Vilasco est allée plus loin en affirmant, selon Me Yérim Thiam, que « sans préciser l’année, je peux affirmer que l’intéressé a effectivement composé et a été ajournée l’année suivante, il ne s’est pas présenté à l’examen ».
Des invraisemblables dans le dossier
Soulignons que sur les deux documents de docteur Hachem Diab présentés à docteur Youssoupha Diallo, plusieurs invraisemblances seraient apparues. Notre source a relevé, qu’il a été noté que le professeur Bondurand du département d’anesthésiste-réanimation aurait établi l’Attestation du 21 décembre 1993, alors que, par décret du 16 mars 1992, il avait été nommé directeur du Centre national de transfusion sanguine et avait quitté le Chu de Cocody. Le professeur Coffi Dick Sylvain aurait établi l’Attestation du 24 décembre 1994, en qualité de Chef du service du département d’anesthésie-réanimation du Chu de Yopougon, alors que, par décret précité, il avait été désigné directeur du Samu et avait donc quitté le Chu de Yopougon.
Selon une source universitaire, il n’appartient pas à un Chef de service hospitalier, de délivrer pareille Attestation qui résulte de la compétence des autorités de la Faculté de médecine.
Revenant sur la décision de madame le Doyen de la Faculté des Sciences Médicales d’Abidjan, Me Yérim Thiam a déclaré que cette dernière aurait informé qu’elle avait retrouvé dans le dossier d’inscription de Hachem Diab l’original d’un Certificat d’admission au Certificat d’Etudes Spéciales d’Anesthésiste-Réanimation sous le N°069296, signé le 28 avril 1988, qui n’a pas été retiré par ce dernier. Et de préciser que le second Certificat, indiquait que Hachem Diab a subi les épreuves terminales du Certificat d’Etudes Spéciales d’Anesthésiste-Réanimation en novembre 1992. Et que ce dernier aurait uniquement fait un stage de spécialité de 3ème année, ce qui lui a donné droit à la délivrance dudit Certificat.
En attendant le verdict du Tribunal correctionnel de Dakar sur cette affaire, la problématique reste entière même si, par ailleurs, on apprend qu’un membre de la famille des Diab serait dépêché en Cote d’Ivoire. « Je précise que nous avons été là-bas depuis l’année passée avec tous nos diplômes pour aller les authentifier. On nous a dit que nous avons un faux diplôme, mais nous, nous sommes allés à la source pour que la faculté dans laquelle nous avons été admises, authentifie ce que nous avons. Je suis moi-même parti exhiber les diplômes, les autorités de cette faculté m’ont dit que ce sont des vrais, elles ont même ajouté: on va vous faire une Attestation pour authentifier ces diplômes », a dit Me Clissé. L’affaire est mise en délibéré pour jugement devant être rendu le 21 avril prochain.
Erratum
Dans notre édition du vendredi concernant l’affaire des « Faux diplômes en anesthésie-réanimation » nous avions écrit, par mégarde, « …à la barre, Me Yérim Seck », avocat du docteur Youssoupha Diallo. Il fallait lire Me Yérim Thiam. Toutes nos excuses à l’intéressé et à nos lecteurs.
Denise ZAROUR MEDANG
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