Dr Jean-Louis Abena Foé, secrétaire permanent de la lutte contre la tuberculose.

Quel est l’état des lieux de la tuberculose au Cameroun ?

Le Cameroun est parmi les pays les plus touchés en Afrique subsaharienne en ce qui concerne la tuberculose. L’Organisation mondiale de la Santé estime à environ 50 000, le nombre de cas existants au Cameroun. Le système de santé pour l’heure déclare 26 000 cas sur les 50 000 estimés. La co-infection TB-VIH concerne 36% des malades.

En ce qui concerne la prise en charge de ces cas, tous bénéficient de la gratuité des antituberculeux depuis 2004. Le taux de décès reste très élevé spécialement pour les patients co-infectés. En résumé, le défi de la lutte contre la tuberculose est double. A savoir : dépister tous les cas existants et les guérir en réduisant la forte mortalité.

Malgré les efforts, la tuberculose continue à être un problème majeur de santé publique. Qu’est-ce qui explique cette situation ?

Les facteurs de persistance de la tuberculose sont la pauvreté, les limites à l’accès aux soins de base (financières, sociologiques, géographiques) la persistance de l’épidémie de VIH/Sida. La maîtrise de tous les déterminants cités précédemment contribuera à réduire le fardeau de la tuberculose au Cameroun.

Quels sont les difficultés que vous rencontrez dans la prise en charge et la prévention de cette maladie ?

La consultation tardive des potentiels patients aggrave les dégâts causés par la tuberculose sur l’organisme et contribue aux multiples décès que nous cherchons à éviter. La stigmatisation reste forte dans le pays et peu de personnes osent prononcer le mot « Tuberculose » lui préférant l’expression plus élégante « infection pulmonaire »…

Comment peut-on prévenir la tuberculose ?

La prévention de la tuberculose passe par l’identification rapide de tous les cas contagieux et leur mise immédiate sous traitement. Celui-ci est très efficace dans la limitation de la propagation de l’infection. La prise régulière des ARV pour les personnes atteinte de VIH /Sida diminue le risque de développer une tuberculose. La prise de médicaments préventifs chez les enfants de moins de 5 ans vivant au contact des personnes diagnostiquées comme contagieuses prévient le développement de la maladie dans cette classe d’âge difficile à diagnostiquer lorsque la maladie se déclare chez elle.

Quels conseils pour les familles ?

Continuez de donner de l’affection à vos proches malades. La prise en charge de la tuberculose est subventionnée dans le système de santé du Cameroun. Le test coûte 1000 F et les médicaments sont gratuits. Dès que votre toux excède 10 jours et que vous perdez du poids, que vous avez des sueurs nocturnes, pensez à vous faire dépister. La tuberculose est curable.

Elizabeth MOSIMA

Lire l'article original