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Le soleil | Sénégal | 10/09/2016 | Lire l'article original
En 1916, a été créée l’Ecole africaine de médecine et de pharmacie de Dakar. La Faculté de Médecine, de pharmacie et d’odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en est l’héritière. Elle célèbre, cette année, son centenaire avec plusieurs activités prévues entre 2016-2017. Celui qui en est le doyen, le Pr Amadou Diouf, y revient dans cet entretien. Il pose également un regard sur l’évolution de cet établissement de grande renommée et affiche son optimisme sur l’organisation du concours d’agrégation du Cames confiée au Sénégal.
Vous célébrez, cette année, le centenaire de la Faculté de Médecine, de pharmacie et d’odontologie. Quelles sont les activités prévues à cette occasion ?
Nous célébrons les 100 ans de l’enseignement de la médecine au Sénégal. Nous allons dérouler plusieurs activités jusqu’au courant de l’année 2017. Les étudiants, en anticipant un peu, ont offert un prélude. La Faculté de Médecine, de pharmacie et d’odontologie, par la multitude des nationalités qu’elle accueille, a formé plusieurs personnes éparpillées dans le monde. L’idée est de les retrouver et de leur rendre hommage, en même que d’anciens professeurs et le personnel administratif et technique, afin qu’ils soient immortalisés. Cette Faculté est un lieu de souvenirs, un pan de la mémoire collective. A titre posthume, nous avons décidé de faire du président Félix Houphouët-Boigny le parrain de ce centenaire. Il fait partie de ceux qui ont étudié ici, été formés comme médecins africains, première vocation de cette Faculté. Il faut mettre en lumière les personnalités de cette envergure que nous voulons inviter à la cérémonie d’ouverture. Nous nous employons à recenser tous les « alumni », pour qu’ils soient mis au courant de cette commémoration et s’impliquent davantage dans la marche de cet établissement.
D’autres activités scientifiques sont en train d’être concoctées. Il faut rappeler que cette école n’a pas formé que des médecins et des pharmaciens. Des sages-femmes et des infirmiers y ont « fourbi leurs armes ». La Faculté n’en forme plus, mais il y a des réformes, aujourd’hui, dans l’espace Cedeao, avec l’organisation ouest africaine pour la médecine qui prévoient le changement du dispositif. Les infirmiers, les sages-femmes et les préparateurs doivent être titulaires de Licence, de Master. J’ai rencontré le comité scientifique qui s’est réuni pour très vite nous proposer un programme d’activités devant intégrer les journées médicales prévues en avril 2017. Nous voulons que la cérémonie inaugurale du centenaire et des journées médicales soient organisées concomitamment. Il y a bien évidemment d’autres évènements prévus. Tout n’est pas encore ficelé.
Après un siècle d’existence, la Faculté de Médecine semble toujours exercer un attrait sur les communautés estudiantines d’ici et d’ailleurs. Quels sont les efforts déployés pour entretenir cette image ?
La Faculté de Médecine est toujours attractive parce qu’elle répond à certaines normes. Elle est, aujourd’hui, autant prisée qu’hier. J’en veux pour preuve les nombreuses nationalités dont elle est constituée et les résultats qu’elle obtient chaque année. Mais le plus important est que nous ne dormions pas sur nos lauriers. Cette Faculté a quand même de l’âge. Et le défi est qu’elle continue à porter cet héritage. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’adapter nos bâtiments, afin qu’ils répondent aux exigences de qualité. Il faut moderniser davantage la Faculté de Médecine. Là aussi, nous comptons sur les « alumni ». Il faut des bâtiments qui répondent aux normes de sécurité et de confort. C’est de cette façon qu’elle continuera à être digne de sa renommée.
Et sur le plan pédagogique...
Du point de vue pédagogique, les choses ont changé aujourd’hui. Le diplôme de Doctorat que nous délivrons est un diplôme national que nous ne sommes pas les seuls à donner. Il y a d’autres Facultés et Unités de formation et de recherche (Ufr) qui en décernent avec les normes de l’Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur (Anaq-sup). Nous pouvions nous prévaloir de notre expérience et de notre réputation pour nous dispenser de cette évaluation. Mais nous nous sommes pliés à cette norme pour continuer de cultiver l’excellence. Nous sommes déjà en évaluation, cette année, par l’Anaq-sup pour valider le diplôme que nous délivrons. Nous n’avons pas de crainte à ce niveau, parce que nous en faisons déjà objet par le bais de la Conférence des doyens des Facultés de Médecine et de pharmacie. Nous avons déjà fait la pré-évaluation. Les documents produits leur seront envoyés avant leur venue, au mois de novembre prochain, pour faire l’évaluation de la Faculté.
Aussi, les résultats que nous obtenons chaque année attestent de la pertinence de nos options pédagogiques qui sont bien évidemment perfectibles. Nous avons plus de 80 % de réussite en première année. Aujourd’hui, on enseigne sur le même référentiel dans la zone Cedeao. Il y a une harmonisation de la façon d’enseigner. Cela exige un nouveau comportement. Le système Licence-Master-Doctorat (Lmd) que nous sommes en train de mettre en œuvre contribue à la mise en place d’un système et des conditions d’enseignement qui répondent aux exigences de l’heure. Nous devons d’ailleurs aller vers le Lmd intégral qui implique que les rattrapages se fassent au semestre au cours duquel les enseignements ont été dispensés. Avec ce modèle, les résultats pourraient être meilleurs.
Cette année, nous intégrerons la lecture optique pour la correction. Celle-ci ne se fera plus par le professeur, mais par le lecteur optique pour ce qui est des Qcm. La lecture optique, qui sera installée dans trois mois, nous permettra de gagner du temps. C’est une importante innovation. Quand nous avons soumis le projet au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, il avait quelques doutes. Mais, il a quand même accepté de nous acheter cet outil.
Où en êtes-vous avec le projet de centre de simulation ?
Nous sommes en avance sur ce projet de centre de simulation grâce au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. L’appel d’offres va être bientôt lancé pour la construction de ce bâtiment. La Fondation Sonatel a promis de participer à l’équipement. Le centre nous permettra, avec nos effectifs en hausse, de continuer à nous inscrire dans une dynamique de qualité et de modernisation. Nous avons, à Dakar, quatre Ufr qui font de la médecine. Nous allons tous vers les mêmes hôpitaux pour les stages de nos étudiants. Le centre de simulation n’est pas un palliatif. C’est une option de plus. Il contribuera à leur formation pratique, sans toutefois les dispenser d’aller dans les hôpitaux quand il sera nécessaire. Les résultats prouvent que nous réalisons des performances, mais nous nous employons quotidiennement à introduire des innovations utiles à la marche de la Faculté. Pour demeurer une référence, il faut avoir cette faculté de s’adapter et de déclencher des initiatives.
Qu’en est-il du nouveau « vieux » bâtiment qui tarde à être réceptionné ?
Nous sommes en train de l’équiper. On ne l’a pas encore réceptionné, mais nous dispensons des enseignements et faisons des évaluations dans le grand amphithéâtre. Le bâtiment va d’ailleurs être utilisé pendant l’agrégation. Cela a beaucoup évolué.
Il est souvent fait cas de déficit de certaines spécialités. Quelle en est la raison ?
La réalité est que ces formations sont dures et longues. Certains affichaient une réelle volonté de s’y frayer un chemin, mais ne disposaient pas de suffisamment de moyens. L’Etat doit rendre ces spécialités attractives. C’est pourquoi il faut saluer les actions entreprises par le ministère de la Santé et de l’Action sociale et la Fondation Sonatel qui ont identifié les spécialités qui font défaut dans les régions. Ils ont octroyé des bourses d’excellence dans ces domaines. A la fin de cette spécialisation, tous ces médecins spécialistes serviront à l’intérieur du pays. Mais, il ne s’agira pas seulement de les y déployer. Il faut doter les établissements régionaux d’équipements, pour que les médecins puissent exercer leur art.
Le Sénégal abrite, cette année, le concours d’agrégation du Cames. Etes-vous prêts à relever les défis de l’organisation et de la participation ?
Nous sommes tenus de relever les défis. C’est l’Etat du Sénégal qui a accepté d’abriter le concours. La Faculté de Médecine ainsi que les hôpitaux (le concours se déroule également dans les hôpitaux) ne seront que des réceptacles. Mais, nous ne sommes pas restés les bras croisés en attendant que l’Etat fasse tout. Nous avons sollicité quelques partenaires pour réussir l’organisation. Des travaux ont même été entamés. Il y a eu aussi des rencontres avec certaines autorités étatiques. Nous espérons nous entretenir avec le président de la République pour lui toucher un mot sur nos attentes. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale est également impliqué dans l’organisation du concours. Le défi sera relevé.
En ce qui a trait à la participation, nous n’avons pas de crainte majeure. Nous avons l’habitude de préparer nos candidats, parce qu’ils sont sélectionnés. Celui qui ne remplit pas les conditions ne peut pas se présenter au concours. C’est comme les Jeux olympiques. Il faut que l’athlète réalise les minima pour y prendre part. C’est pour cela que nous avons d’excellents résultats lors des concours d’agrégation.
Le centre international y contribue certainement...
Absolument. Le centre est destiné à former les Sénégalais. Mais, avec les résultats que nous obtenons dans les concours d’agrégation, les candidats d’autres pays viennent s’y préparer. D’ailleurs, nous-mêmes avons des problèmes de place pour nos candidats sénégalais. Il faudrait aussi qu’ils puissent avoir accès à la salle pour s’entraîner. C’est un passage obligé, même si les participants ont leur propre programme de préparation.
Qu’est-ce qui, aujourd’hui, constitue le principal écueil dans la marche de la Faculté de Médecine ?
Le plus grand obstacle auquel nous faisons face est lié aux ressources financières très limitées. Même si l’Etat fait de gros efforts dans la mise en œuvre des projets, la subvention est non seulement en deçà de nos besoins, mais il arrive qu’on ne la reçoive pas, comme cela a été le cas l’année dernière. Et avant de la percevoir, elle passe par le rectorat. Parfois, nous ne sommes pas au courant quand ça arrive. Cette année, la subvention a été diminuée de moitié. On nous a promis de nous donner l’autre partie, mais jusqu’à présent, nous attendons. C’est un peu compliqué. Nous avons des ressources propres qui nous permettent de fonctionner, même si le rectorat a une quote-part sur les frais d’inscription pour pouvoir faire face à certaines charges.
Propos recueillis par Alassane Aliou MBAYE
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