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Le soleil | Sénégal | 29/11/2016 | Lire l'article original
Pour l’organisation des Journées scientifiques Sida du Sénégal de cette année, le Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS) a eu comme partenaire l’Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites de la France. Cette dernière a une coopération dynamique avec les pays du Sud dont le Sénégal. Grand moment privilégié d’échanges et de réflexion entre les différents acteurs de la lutte contre le VIH, ces journées permettent de situer les recherches en cours par rapport à l’état des connaissances mondiales sur l’épidémie, de valider la pertinence des recherches présentes ou en perspective au regard des spécificités de la réponse sénégalaise face au VIH. Pr Jean François Delfraissy, directeur de l’ANRS, revient sur les grands enjeux de la lutte contre le Sida dans le monde.
Professeur pourquoi l’organisation de ces journées scientifiques Sida du site Sénégal de l’ANRS ?
L’ANRS est une agence de recherche en France qui coordonne et finance la recherche sur le VIH et les hépatites. Nous consacrons 25% du budget de l’agence aux partenariats avec les pays du Sud, en particulier la grande région de l’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal est le premier site que nous avons il y a plus de 20 ans. Nous avons pu aider l’ensemble des chercheurs sénégalais à montrer l’importance du traitement des antirétroviraux chez les patients VIH. Le Sénégal est à la pointe pour montrer que cela marchait et que la gratuité des soins est un élément essentiel.
Où en est la recherche clinique sur le Sida au sein de votre structure et dans les autres sites rattachés ?
Il y a d’énormes progrès dans la prise en charge des patients VIH. C’est maintenant presque une maladie chronique à partir du moment où les gens prennent leur traitement tous les jours.
Ce qui n’est pas simple parce qu’il faut prendre des médicaments tous les jours. Ces médicaments ont, de temps en temps, quelques effets secondaires. Il faut être surtout adhérent au traitement. Les prochaines étapes, c’est est-ce que nous arriverons un jour à éradiquer le virus, à l’éliminer complètement de l’organisme ? Les antiviraux actuels ne permettent pas cela, mais de contrôler la maladie. Le deuxième grand enjeu, c’est la découverte d’un vaccin. Sur toutes les maladies infectieuses, nous avons pu régler cela avec un vaccin. Mais pour le VIH, pas encore. Le troisième grand enjeu, c’est la prévention pour éviter la contamination d’autres personnes. Pour cela, il faut une boîte à outils de la prévention avec la connaissance, pour que cette maladie ne soit pas considérée comme honteuse et que tout le monde rejette. C’est l’utilisation des messages, des préservatifs qui restent toujours d’actualité. Maintenant il y a l’utilisation des antiviraux à visée préventive.
L’Onusida s’est fixée comme objectif d’éliminer l’épidémie du Sida d’ici à 2030. Croyez-vous à la possibilité de réalisation de cet objectif ?
L’Onusida et son directeur exécutif, Michel Sidibé, ont une vision très politique et stratégique. Ce sont les chiffres magiques avec les trois 90 : 90% des gens dépistés, 90 % aussi traités et enfin 90% des gens bien traités et contrôlés. C’est une grande direction vers laquelle nous devons aller. Personnellement, j’y crois parce que quand Michel Sidibé avait annoncé 15 millions de personnes traitées en 2015, beaucoup avait des doutes sur ces chiffres. Finalement, nous y sommes arrivés. Il faut de temps à temps des directions qu’il faut savoir suivre, même si la première des 90 est un problème majeur. Car il y a 15 millions de personnes dans le monde qui sont contaminées par le VIH et ne le savent pas. Pratiquement 40% des séropositifs dans le monde ne sont pas au courant de leur statut.
On parle de rareté des ressources financières pour la lutte contre le Sida dans le monde. Cela ne va-t-elle pas remettre en cause les acquis obtenus dans cette lutte ?
Les financements sont un problème essentiel, ne serait que pour l’achat des antiviraux. Les années 2000 ont mis en avant de grands projets de financement internationaux avec le Fonds mondial, entre autres. Nous sommes probablement à la fin de quelque chose. Les pays du Nord qui ont même des problèmes de crise économique auront des problèmes pour poursuivre ce financement au niveau international. Que les pays du Sud consacrent, comme ils l’ont d’ailleurs promis, plus de financement à l’ensemble de leurs programmes médicaux et qu’on trouve de nouveaux mécanismes de financement pour le futur. C’est un enjeu majeur pour les quatre années à venir.
L’autre enjeu dans la lutte contre le Sida, c’est aussi la lutte contre les maladies associées comme les hépatites et autres. Comment faire pour gérer tout cela ?
Le problème des hépatites virales est essentiel. Peut-être l’hépatite C, mais surtout l’hépatite B au Sénégal. Là aussi, le problème du dépistage, de la prise en charge des médicaments qui se posent. Beaucoup de médicaments qui agissent sur le VIH/Sida le sont aussi sur l’hépatite B. Nous avons un vaccin sur cette hépatite et la campagne vaccinale va être relancée au Sénégal. Il faut aussi que ces programmes VIH/Sida, hépatites, maladies infectieuses cordonnent encore mieux et qu’on ait une coordination plus globale au tour de ces programmes.
Propos recueillis par Oumar NDIAYE
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