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Le soleil | Sénégal | 11/04/2017 | Lire l'article original
Le transfert de technologies dans le domaine de la santé pour les pays les moins avancés est une urgence pour les pays d’Afrique où 28 millions de personnes vont mourir d’une maladie chronique au cours des dix prochaines années. C’est ce qui est ressorti d’un atelier présidé, hier, par le ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye.
L’atelier sous-régional sur le transfert de technologies au profit du secteur de la santé s’est ouvert, hier, à Dakar, sur fond de plaidoyer. La secrétaire exécutive de Yolse santé, Safiétou Diaz, a demandé aux pays subsahariens de tirer profit d’une des dispositions de la Déclaration de Doha leur permettant d’exploiter des brevets sans autorisation des firmes propriétaires pour la production des médicaments. « Il faut une certaine volonté politique, aller au-delà des déclarations politiques et agir concrètement. Raison pour laquelle chaque pays doit créer une commission interministérielle dédiée à l’accès aux médicaments et à l’innovation technologique », a recommandé Mme Diaz, regrettant que de nombreux pays au sud du Sahara n’aient pas encore saisi les opportunités des flexibilités prévues par ladite déclaration.
Certains intervenants ont souhaité que l’utilisation des brevets se fasse en tenant compte des intérêts des firmes et des laboratoires propriétaires. C’est ce que le ministre de l’Industrie et des Mines a appelé « l’équilibre ». « Notre orientation est de promouvoir un système juridique équilibré qui évite d’abaisser les standards classiques de la protection ; abaissement qui a pour conséquence de protéger, à titre privé, des objets qui, jusqu’ici, étaient exclus du domaine protégeable comme les découvertes, le vivant, les méthodes de diagnostic ou d’enseignement, les méthodes de commerce, les molécules génériques », a fait savoir Aly Ngouille Ndiaye. La faible exploitation de cette disposition pour optimiser la production des médicaments est un paradoxe vu les nombreux défis sanitaires qui interpellent le continent noir.
Selon l’OMS et la Banque mondiale, 400 millions de personnes n’ont pas accès aux services de santé en Afrique, alors que 28 millions d’autres vont mourir d’une maladie chronique au cours des dix prochaines années. Plus grave, une femme enceinte en Afrique subsaharienne a 100 fois plus de risque de mourir en couche qu’en Europe.
28 millions de morts en Afrique
« Le transfert de technologies en matière de santé publique peut renforcer les capacités des pays bénéficiaires pour fabriquer et produire localement des médicaments accessibles et améliorer l’approvisionnement de leur marché local », a souligné le directeur de l’Agence sénégalaise pour la propriété industrielle et l’innovation technologique (Aspit), Makhtar Dia. Pour lui, la mise en place de l’Aspit traduit cette volonté des autorités de promouvoir l’innovation et le respect de la création industrielle.
Le Sénégal s’est doté, depuis 2010, d’un Plan national de développement de la propriété intellectuelle (Pndpi). Sa mission principale, c’est la valorisation des titres de propriété intellectuelle des facteurs de croissance et de développement.
Le représentant du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Aboubakrine Sarr, a rappelé que le Sénégal continue d’importer 85 à 90 % de ses besoins en médicaments. Ceci, malgré l’implantation de 5 unités de production depuis une dizaine d’années. 0 son avis, l’instauration d’une commission interministérielle, proposée par l’atelier, va donner un coup de fouet à la fabrication des médicaments dans les pays les moins avancés. « Son installation facilitera également les projets de promotion de l’industrie pharmaceutique locale surtout l’utilisation des autres flexibilités de l’Apic, telles que l’utilisation des licences obligatoires et volontaires », a avancé M. Sarr.
Idrissa SANE
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